Reporters sans frontières plaide auprès de la justice nigérienne pour qu’elle entérine le non-lieu ordonné en faveur de Moussa Kaka par le doyen des juges d’instruction en juillet 2008, après que la chambre d’accusation de la cour d’appel a, le 16 septembre 2008, mis en délibéré sa décision sur les objections présentées par le ministère public.
“Nous plaçons désormais notre confiance dans les magistrats de la cour d’appel, qui font manifestement preuve de prudence. Tout ce qui tend à maintenir Moussa Kaka en prison semble de l’ordre de l’artifice, car le doyen des juges d’instruction a clos son enquête en estimant que le journaliste ne pouvait être poursuivi. Pour nous, cette décision est souveraine et ne devrait pas être contestée, sauf à vouloir maintenir Moussa Kaka en prison par tous les moyens”, a déclaré l’organisation.
Le 16 septembre 2008, la chambre d’accusation de la cour d’appel de Niamey a mis en délibéré au 7 octobre sa décision concernant le non-lieu en faveur de Moussa Kaka, ordonné par un juge d’instruction le 23 juillet et contre lequel le ministère public a fait appel.
Lors de l’audience, le procureur général a demandé la requalification des charges retenues contre le journaliste en “actes de nature à nuire à la défense nationale” – un délit passible d’un à cinq ans de prison et une lourde amende – et son renvoi devant un tribunal correctionnel. La défense de Moussa Kaka a, pour sa part, demandé la confirmation du non-lieu ordonné par le doyen des juges d’instruction et le rejet de la requalification, en signalant que l’article de loi retenu par le ministère public n’était valable qu’en “temps de guerre”. Or, officiellement, le Niger n’est pas en temps de guerre, le gouvernement qualifiant les “événements” du Nord d’incidents avec des “bandits armées”.
Moussa Kaka, directeur de la station privée Radio Saraounia, correspondant de Radio France Internationale (RFI) et de Reporters sans frontières au Niger, a été arrêté le 20 septembre 2007. Il a été inculpé de "complicité de complot contre l’autorité de l’Etat". Il lui est reproché d’avoir fait preuve, au cours de contacts téléphoniques avec un chef de la rébellion touarègue du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), dans le cadre de sa mission de journaliste, d’une prétendue “connivence” avec ce groupe armé basé dans le nord du pays. Il risque la prison à vie.
RSF 16.09.2008