Reporters sans frontières réitère sa demande de libération d’Aboubacar Gourouza, directeur de publication du bimensuel indépendant L’Eveil Plus, qui était jugé à Niamey le 3 mars 2008.
Le ministère public a requis trois mois de prison ferme et 50 000 francs CFA d’amende (environ 76 euros) à son encontre. Le délibéré est prévu pour le 6 mars.
Arrêté le 26 février et présenté devant la cour le 28, il a été inculpé pour "diffamation" et "outrage à la justice", après le dépôt de deux plaintes contre lui. A l’ouverture de l’audience, Moussa Keita, homme politique et ancien militant du Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara), a retiré sa plainte pour diffamation à la demande de plusieurs journalistes. Cependant, le journaliste est toujours poursuivi pour avoir rédigé un article où il établissait une comparaison entre deux décisions de justice : l’une accordant la liberté provisoire au maire de Maradi, poursuivi pour détournements de fonds, et l’autre maintenant en détention préventive le maire de la capitale pour les mêmes délits.
28.02.08 – Un directeur de publication inculpé et écroué pour "diffamation" et "outrage à la justice"
Reporters sans frontières proteste contre l’arrestation, le 26 février 2008, d’Aboubacar Gourouza, directeur de publication du bimensuel indépendant L’Eveil Plus, par la police judiciaire à Niamey. Présenté devant la cour le 28 février, il a été inculpé de "diffamation" et d’"outrage à la justice", puis écroué à la prison civile de Niamey, après que deux plaintes avaient été déposées contre lui.
"Aboubacar Gourouza est le cinquième journaliste incarcéré depuis l’arrestation de Moussa Kaka, le correspondant de Radio France Internationale (RFI) et de Reporters sans frontières, en septembre 2007, sans parler des nombreuses autres atteintes à la liberté de la presse qui ont été perpétrées. La direction dangereuse qu’a empruntée le Niger nous préoccupe fortement. Nous appelons les autorités nigériennes à libérer notre confrère et Moussa Kaka sans délai", a déclaré l’organisation.
Le 26 février 2008, Aboubacar Gourouza a été interpellé, placé en garde à vue à la police judicidaire de Niamey, puis placé sous mandat de dépôt le 27 février à la prison civile de la ville, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) son avocat, Me Moussa Zakaria. Cette incarcération survient après la parution, le 29 janvier 2008, de deux articles dans le bimensuel.
Le premier, intitulé "Le complot et les comploteurs démasqués", accusait Moussa Keita, homme politique et ancien militant du Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara), d’avoir "orchestré" une vaste "machination" pour obtenir l’inculpation de Hama Amadou, ancien Premier ministre. Moussa Keita avait accusé Hama Amadou de complicité dans l’incendie de son véhicule. L’homme politique a porté plainte pour diffamation.
Le deuxième article, intitulé "Affaire Communauté urbaine de Niamey (CUN) : un autre complot contre le MNSD", dénonçait le maintien en détention du président de la CUN, Aboubacar Seydou Ganda, "sans qu’on ne lui prouve la véracité des charges qui [pesaient] sur lui". Le journaliste ajoutait que lui et "tous ceux qui [étaient] impliqués dans cette affaire et qui [croupissaient] encore en prison [devaient] être mis en liberté provisoire en attendant leur procès". Il concluait qu’il y avait tout lieu de croire que "cette affaire [n’était] pas judiciaire mais politique". Le procureur de la République a porté plainte pour "outrage à la justice".
Le 28 février, Aboubacar Gourouza a été présenté au parquet du tribunal de grande instance de Niamey. Son procès a été renvoyé au 3 mars 2008. Moussa Kaka est toujours incarcéré à la prison civile de Niamey pour "complicité d’atteinte contre l’autorité de l’Etat". Il risque la prison à vie.
Reporters sans frontieres- 4/3/2008