Les Nigérians veulent la paix
Revenant sur son voyage, le cardinal fait part de sa « surprise » au micro de Radio Vatican : « Je ne m’attendais pas à trouver une Eglise aussi vivante. ». Il confie qu’en lisant la presse occidentale, il s’attendait à une société avec « des heurts à tous les niveaux ». Mais malgré les attentats de la secte Boko Haram, le cardinal témoigne qu’il a vu « des relations d’amitié profonde et très sincère entre les chefs religieux catholiques et les chefs religieux musulmans ».
Bien que « conscientes des dangers », les diverses communautés sont « sereines », affirme-t-il. S’il y a, regrette-t-il, des musulmans ou chrétiens qui ne « partagent pas ce point de vue » de dialogue, néanmoins le cardinal se dit « frappé » de constater que « tous les nigérians veulent vivre ensemble ».
Ce qui est important, souligne-t-il à ce propos, c’est la « volonté » des Nigérians de « ne pas accepter que la violence prenne le pas sur tout le positif vécu dans la vie quotidienne ».
Des visites significatives
Au cours de son séjour, le cardinal a participé à la clôture d’une rencontre organisée par les directeurs diocésains en charge du dialogue interreligieux en Afrique de l’Ouest, le 23 mars dernier à Lagos. Il a également participé à une session de dialogue entre chrétiens et musulmans à Jos – ville du nord du pays, où ont eu lieu récemment de nombreux affrontements.
Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux s’est aussi rendu à la ville de Sokoto (nord-Ouest), le 26 mars. Il a été reçu par le Sultan de Sokoto, Alhaji Abubakar Saad III, chef des musulmans nigérians. Le Sultan, qui avait préparé cette visite avec l'évêque de Sokoto, Mgr Matthew Hassah Kukah, a accueilli le cardinal « avec grande joie », affirme Mgr John Olorunfemi Onaiyekan, archevêque d'Abuja, capitale fédérale du pays, à l’agence Fides.
En outre, le cardinal Tauran a rencontré le vice-président nigérian Alhaji Namadi Sambo, le 27 mars et il a été reçu par les responsables de la mosquée nationale, le 28 mars, à Abuja.
Pour le cardinal, c’est sa visite à l'église Sainte-Thérèse à Maddalla, lieu de l'attentat de Noël dernier qui a été le moment le plus « émouvant », durant lequel il a rencontré des victimes de l’explosion meurtrière.
Il ne suffit pas de condamner la violence
Mais, ajoute-t-il, il faut aussi « penser à l’avenir » : c’est ce que propose de faire un centre de formation professionnelle en ébénisterie, à Jos, en accueillant des jeunes des deux confessions.
Le cardinal Tauran se dit « très positivement impressionné » par cette initiative, estimant qu’elle représente « le Nigeria de demain ». Mgr Ignatius Kaigama, archevêque de Jos, a fondé ce centre en partant du constat qu' « il ne suffit pas de condamner la violence », explique le cardinal.
Il est donc nécessaire, poursuit-il, de « créer des espaces de paix et de dialogue » pour les jeunes qui sont « l’avenir du pays ». Pour Mgr Onaiyekan, sur Fides, « cette expérience devrait être proposée et étendue à tout le pays ».
zenit