En effet, les rassemblements œcuméniques et interreligieux ont fleuri un peu partout dans le pays. Mais les fêtes ont eu lieu sous haute surveillance de la police.
Célébrations dans la communion
Ainsi, Noël 2012 a été célébré dans la pleine communion des quatre principales communautés chrétiennes, une unité qui se voulait « visible, y compris au plan médiatique », selon le P. Andrew Nisari, vicaire général de l’archidiocèse catholique de Lahore.
Cette unité a consisté en différentes initiatives communes entre l’Eglise catholique et les trois principaux courants des Eglises protestantes : la Church of Pakistan – rassemblement des Eglises anglicane, méthodiste, luthérienne et presbytérienne – l’Eglise presbytérienne et l’Armée du Salut.
Dans les diocèses catholiques de Lahore et d’Islamabad-Rawalpindi, les Eglises ont partagé une neuvaine de Noël en commun, des rencontres en faveur du dialogue interconfessionnel, ainsi qu’une célébration œcuménique de Noël.
Rencontres interreligieuses
A Lahore encore, s’est tenue le 20 décembre, au centre dominicain Peace Center dédié au dialogue interreligieux, une célébration de Noël réunissant 150 personnes – chrétiens, musulmans, hindous et bahaïs – afin de prier pour la paix et la réconciliation.
Une autre rencontre interreligieuse a également été organisée à Islamabad avec le soutien actif de la Pakistan Muslim League-Q (PML-QA), parti politique membre de l’actuelle coalition au pouvoir. La célébration réunissait divers responsables musulmans et chrétiens, ainsi que des membres du gouvernement, dont Akram Masih Gill, ministre fédéral pour l’Harmonie nationale.
Par ailleurs, le ghetto chrétien de Karachi, Essa Nagri, qui avait été le théâtre ces derniers mois d’assauts meurtriers des islamistes, a accueilli le 15 décembre dernier plus de 2 000 personnes sous l’égide du Muttahida Qaumi Movement (MQD). Dans ce ghetto où vivent plus de 50 000 chrétiens dans des conditions très précaires, les responsables et fidèles musulmans ont invité les familles chrétiennes locales afin de leur exprimer leur soutien et de prier pour la paix.
Sous surveillance policière
Alors que les mois précédents ont été marqués par de nombreuses attaques meurtrières, faute de protection de la police, les autorités avaient mis en place, pour les 24 et 25 décembre de cette année, un dispositif de sécurité renforcé : à Lahore par exemple, 5 600 policiers avaient été déployés devant les églises de la ville, des patrouilles surveillaient les places et autres lieux susceptibles de se prêter à un rassemblement et, aux abords de la ville, des check-points permettaient de contrôler les véhicules
« Les célébrations de Noël 2012 se sont déroulées sans incident notable », indique EDA, même si de nombreuses communautés se sont vues signifier de fêter Noël dans la plus grande discrétion, comme à Peshawar où les chrétiens ont célébré la Nativité « sans manifestation publique » ni aucune « décoration lumineuse extérieure ».
EDA précise que ces consignes, données par les différentes Eglises de la région, avaient été dictées autant par les menaces dont elles avaient été l’objet que par le deuil du ministre de la province de Khyber-Pakhtunkhwa, Ahmad Bilour – proche des chrétiens – assassiné avec huit autres personnes le 22 décembre dans un attentat suicide revendiqué par le Tehrik-e-Taliban Pakistan.
Malgré ce Noël relativement calme, l'agence rappelle que « 2012 aura été l’une des pires années pour les chrétiens du Pakistan » : un nombre considérable d’entre eux a été accusé de blasphème, beaucoup ont été tués, plusieurs de leurs églises ont été brûlées et leurs maisons pillées.
Parmi les cas qui ont particulièrement marqué cette année, celui de Rimsha Masih – une adolescente chrétienne, faussement accusée de blasphème par un responsable musulman et qui n’a été relâchée que sous la pression des ONG et des pays occidentaux (cf. Zenit du 7 septembre 2012). Quant à Asia Bibi, dont l’affaire a pourtant été largement médiatisée, elle a passé son quatrième Noël en prison.
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