Pour pouvoir accomplir sa mission, le Synode des Évêques travaille selon une méthodologie fondée sur la notion de collégialité, laquelle caractérise le processus synodal dans toutes ses phases: de la préparation aux conclusions atteintes dans chaque assemblée synodale.
Générale du Synode des Évêques. Ensuite, le Conseil présente au Saint-Père les résultats de cette réunion, avec les recommandations pertinentes, et c’est ce dernier qui prend la décision finale sur le thème à traiter à l’assemblée synodale. Lors de la réunion suivante, le Conseil prépare un premier projet du document, connu sous le nom de Lineamenta, afin d’approfondir et de présenter le thème du Synode. La rédaction de ce document est un travail collectif auquel prennent part non seulement les membres du Conseil, mais aussi des théologiens appelés à collaborer en tant qu’experts en la matière à traiter par l’assemblée synodale et les membres de la Secrétairerie Générale qui coordonne les divers apports. Après avoir travaillé le texte et y avoir apporté les révisions nécessaires, le Conseil rédige une dernière version qui est soumise au Saint-Père afin d’obtenir son approbation. Le document est alors traduit dans les principales langues en usage dans le monde et envoyé à tous les épiscopats, dans l'intention de susciter, au niveau local, étude, la discussion et la prière en rapport avec le thème du Synode. Les Lineamenta, – d’un mot latin qui signifie “grandes lignes” – représentent un document qui, de par sa nature, a une portée très étendue et voudrait susciter un grand nombre d’observations et de réactions. Bien que les premiers destinataires de ce document, ceux qui doivent le recevoir en priorité, soient évidemment les évêques et les Conférences épiscopales, ceux-ci ont toute liberté d'élargir leur base de consultation. Après avoir recueilli et résumé les suggestions, réactions et réponses aux différents aspects des Lineamenta, les évêques rédigent un rapport ou une réponse officielle aux questions proposées dans le document qu’ils envoient ensuite à la Secrétairerie Générale à une date donnée. Après avoir recueilli ce matériel, le Conseil de la Secrétairerie Générale du Synode, toujours avec l’aide d’experts en la matière, procède à l’élaboration d’un second document appelé Instrumentum laboris qui servira de base et de point de référence durant le débat synodal. Bien que public, ce “document de travail” a seulement le caractère d’un texte provisoire qui fera l’objet de discussions durant le Synode. Ce document n’est pas une version provisoire des conclusions finales, mais seulement un texte destiné à aider à centrer la discussion sur le thème du Synode. Après avoir été soumis à l’approbation du Saint-Père, le document est traduit dans les principales langues et envoyé aux évêques ainsi qu’à ceux qui participeront à l’Assemblée générale. Depuis 1983, l’Instrumentum laboris de certaines Assemblées synodales a été rendu public de façon à bénéficier d’une large diffusion. Les évêques délégués et les autres membres lisent le document pour se familiariser avec les matières qui seront ensuite discutées au cours de l’assemblée synodale. Grâce au travail de préparation au niveau des Églises locales, sur la base des documents déjà cités – Lineamenta et Instrumentum laboris – les Pères synodaux peuvent présenter à l’assemblée synodale les expériences et les points de vue de chaque communauté ainsi que les fruits des débats préliminaires des Conférences épiscopales. Trois phases caractérisent les sessions de travail du Synode: a. Durant la première phase, chacun des membres présente aux autres la situation de son Église particulière. Ceci encourage un échange d’expériences de foi et de culture sur le thème du Synode et contribue à donner une première image de la situation de l’Église, qui nécessite toutefois d’être approfondie et affinée. b. À la lumière de ces présentations, le Rapporteur Général du Synode rédige une série de questions qui devront être débattues durant la deuxième phase, quand tous les membres du Synode se
répartissent par groupes – appelés Carrefours (circuli minores) – selon les différentes langues parlées. Les rapports de chacun de ces groupes sont lus en assemblée plénière. À cette occasion, les Pères synodaux peuvent demander des éclaircissements sur les thèmes exposés et faire des commentaires. c. Lors d’une troisième phase, le travail procède en petits groupes afin de formuler des suggestions et des observations sous une forme plus précise et définie de sorte que, dans les derniers jours, l’assemblée puisse procéder au vote de propositions concrètes. Le travail initial des Pères synodaux, réunis en Carrefours, débouche sur la formulation de différentes propositions sur la base de la discussion dans la Salle du Synode et sur les Rapports des Carrefours. Dans les Carrefours, les Pères synodaux peuvent voter sur une proposition avec un “placet” (oui, accepté) ou un “non placet” (non, refusé). Les Propositions des Carrefours sont ensuite soumises au Rapporteur Général ainsi qu’au Secrétaire Spécial et réunies dans une Liste unifiée des propositions qui est présentée par le Rapporteur Général en session plénière. Ensuite, les Carrefours se rencontrent à nouveau pour discuter des propositions. C’est à ce moment-là que les Pères synodaux peuvent soumettre leurs amendements individuels à l’attention du Carrefour, dont le but sera de réunir l’ensemble des votes concernant les amendements aux propositions, attendues de chaque carrefour. Le Rapporteur Général et le Secrétaire Spécial donnent leur avis sur ces amendements collectifs et décident si les incorporer ou non dans la Liste finale des propositions, ce qui dépend de leur décision, et en cas de refus, ils doivent en donner la motivation dans un document appelé Étude des amendements. La Liste finale des propositions est ensuite présentée en session plénière, puis soumise au vote de chaque Père synodal qui peut décider en faveur ou contre la proposition. Au terme d’une Assemblée générale du Synode, le Secrétaire Général classe tout le matériel dans les archives de la Secrétairerie Générale et rédige le Rapport final sur les travaux synodaux accomplis pour le remettre au Saint-Père. En ce qui concerne le document final de l’assemblée synodale, il n’existe pas de norme pré-établie. À la fin des trois premières Assemblées synodales (les Assemblées Générales Ordinaires de 1967 et de 1971 et l’Assemblée Générale Extraordinaire de 1969) leurs conclusions, accompagnées de recommandations relatives aux problèmes soulevés, furent remises à l’attention du Saint-Père. En revanche, après la Troisième Assemblée Générale Ordinaire de 1974, ce fut le Saint-Père lui-même qui, prenant en considération les propositions synodales et les relations finales, rédigea l’Exhortation Apostolique “Evangelii nuntiandi”. Le même processus se répéta pour les autres Assemblées Générales Ordinaires. (1977, 1980, 1983, 1987, 1990, 1994, 2001, 2005) auxquelles sont associées les Exhortations Apostoliques suivantes, Catechesi tradendæ, Familiaris consortio, Reconciliatio et pænitentia, Christifideles laici, Pastores dabo vobis, Vita consecrata, Pastores gregis et Sacramentum caritatis. À la conclusion de l’Assemblée Spéciale pour l’Afrique (1994), le Saint-Père a promulgué l’Exhortation Apostolique Post-synodale Ecclesia in Africa qui apporta de nombreux résultats positifs en encourageant des initiatives pastorales sur ce continent. Après la publication d’un document sur l’impact et la mise en oeuvre de l’Exhortation Apostolique Post-synodale au niveau de l’Église locale, l’attention s’est focalisée sur la faisabilité d’une Seconde Assemblée Spéciale. Le 13 novembre 2004, le Pape Jean Paul II annonçait la convocation d’une Seconde Assemblée Spéciale pour l’Afrique qui fut ensuite confirmée par le Saint-Père Benoît XVI lors de l’Audience Générale Hebdomadaire du 22 juin 2005.
En mai 1997, l’Exhortation Apostolique Post-synodale de l’Assemblée Spéciale pour le Liban (1995) fut publiée lors d’une visite papale au Liban comme faisant partie de la période de célébration de l’Assemblée Spéciale. Le 23 janvier 1999, l’Exhortation Apostolique Post-synodale Ecclesia in America a été promulguée par le Saint-Père au sanctuaire de Notre-Dame de Guadeloupe, au Mexique. Le 6 novembre 1999, l’Exhortation Apostolique Post-synodale Ecclesia in Asia était signée par le Saint-Père à Delhi, en Inde. Depuis le Synode de 1987, les différents Conseils de la Secrétairerie Générale et le Secrétaire Général ont été impliqués collégialement dans le processus qui porte à la publication de l’Exhortation Apostolique post-synodale, le document papal issu du Synode. Il est intéressant de suivre l’histoire et le développement de ces Conseils. Entre la deuxième et la troisième Assemblée Synodale, un Conseil consultatif pour la Secrétairerie Générale a été formé, composé de 12 évêques élus et de 3 personnes nommées par le Pape. Un tel Conseil s’est réuni pour la première fois du 12 au 15 mai 1970 pour faciliter la communication avec les Conférences épiscopales et pour élaborer l’ordre du jour de l’assemblée suivante. Après cette réunion, une consultation générale des évêques du monde entier s’est tenue sur les thèmes proposés pour les futures Assemblées (cette consultation commence maintenant pendant les derniers jours d’une Assemblée Générale Ordinaire). Depuis lors, les Conseils Ordinaires de la Secrétairerie Générale, élus par chaque synode en vue de préparer le prochain, sont devenus une structure permanente de la Secrétairerie Générale: – Deuxième Conseil Ordinaire (6 novembre 1971 – 27 septembre 1974); – Troisième Conseil Ordinaire (26 octobre 1974 – 30 septembre 1977); – Quatrième Conseil Ordinaire (29 octobre 1977 – 26 septembre 1980); – Cinquième Conseil Ordinaire (25 octobre 1980 – 29 septembre 1983); – Sixième Conseil Ordinaire (29 octobre 1983 – 1 octobre 1987); – Septième Conseil Ordinaire (30 octobre 1987 – 30 septembre 1990); – Huitième Conseil Ordinaire (28 octobre 1990 – 2 octobre 1994); – Neuvième Conseil Ordinaire (29 octobre 1994 – 25 septembre 2001); – Dixième Conseil Ordinaire (26 octobre 2001 – 2 octobre 2005). – Onzième Conseil Ordinaire (15 octobre 2005 – 5 octobre 2008). Avec la tenue des assemblées synodales continentales ou régionales, le Saint-Père a décidé de constituer durant les assemblées spéciales des Conseils Post-Synodaux par élection et désignation papale. Par conséquent, outre le Conseil Ordinaire, la Secrétairerie Générale compte les Conseils Post-Synodaux suivants depuis leur date de constitution. Avec la révision du Règlement du Synode des Évêques (2006), ces conseils sont désormais appelés “Conseils spéciaux”:- Conseil Post-Synodal pour les Pays-Bas (31 janvier 1980); – Conseil Post-Synodal pour l’Afrique (8 mai 1994); – Conseil Post-Synodal pour le Liban (14 décembre 1995); – Conseil Post-Synodal pour l’Amérique (12 décembre 1997); – Conseil Post-Synodal pour l’Asie (14 mai 1998); – Conseil Post-Synodal pour l’Océanie (11 décembre 1998); – Conseil Post-Synodal pour l’Europe (22 octobre 1999). De même, dans la préparation d’une Assemblée Spéciale, le Saint-Père nomme un groupe
d’évêques, principalement du continent et de la région pris en considération, pour constituer des Conseils Pré-Synodaux. Ces conseils se déroulent à partir de la date de la nomination jusqu’au premier jour de l’assemblée synodale. Par conséquent, voici la liste des Conseils Pré-Synodaux passés avec leur date de déroulement: – Conseil Pré-Synodal pour l’Afrique (6 janvier 1989 – 10 avril 1994); – Conseil Pré-Synodal pour le Liban (24 janvier 1992 – 26 novembre 1995); – Conseil Pré-Synodal pour l’Amérique (12 juin 1995 – 16 novembre 1997); – Conseil Pré-Synodal pour l’Asie (10 septembre 1995 – 19 avril 1998); – Conseil Pré-Synodal pour l’Océanie (7 juin 1996 – 22 novembre 1998); – Conseil Pré-Synodal pour l’Europe(9 février 1997 – 1 octobre 1999). Comme on peut l’observer, la méthodologie collégiale est mise en oeuvre dès le commencement (pour le choix du thème), durant la préparation (pour l’approfondissement du thème dans les Lineamenta), durant la célébration de l’Assemblée Synodale proprement dite, jusqu’à la publication du document qui est le fruit et le couronnement du Synode lui-même. Ainsi, on peut dire que le Synode agit comme un organisme collégial au moyen duquel, dans une première étape, sont prises en considération les expériences de foi et de vie des communautés chrétiennes, puis durant la session plénière ces éléments sont synthétisés et éclairés à la lumière de la foi, et enfin, dans un esprit de communion, des propositions sont formulées. Celles-ci, sous l’autorité du Saint-Père, qui est source d’unité dans l’Église, retournent aux Églises particulières comme le sang oxygéné qui retourne dans les artères pour vivifier le corps humain. Pour que cette collégialité puisse pleinement réaliser ses potentialités, il est indispensable qu’existe un esprit de collaboration désintéressée de la part de toutes les parties appelées à intervenir dans la préparation de l’Assemblée Synodale et, en particulier, les Églises Orientales Catholiques sui iuris et les Conférences Épiscopales qui réunissent les Pasteurs des Églises locales où la foi du Peuple de Dieu est vécue et expérimentée avec richesse et vigueur. Le principal mode de participation collégiale des organismes épiscopaux se concrétise dans les réponses au questionnaire des Lineamenta. Plus grand est le nombre d’organismes épiscopaux qui répondent, plus grande est la richesse et la variété des éléments qui, reflétant la vie des Églises locales, constituent de valides points de référence pour l’élaboration de l’Instrumentum laboris et pour le débat dans la Salle du Synode au cours de l’Assemblée..