Une délégation du Saint-Siège auprès de l’ONU à New-York est intervenue à l'occasion du débat du Conseil de sécurité sur "Les enjeux de la lutte contre le terrorisme en Afrique dans le contexte du maintien de la paix et de la sécurité internationales", hier, 13 mai 2013.
Le Saint-Siège s’inquiète notamment de « la prolifération inacceptable du terrorisme dans toutes les régions du monde et en particulier en Afrique ». Il dénonce le « silence » des leaders politiques, sociaux et religieux et le « désintérêt des médias » sur les actes de terrorisme qui surviennent en Afrique, « par rapport aux autres régions du monde ».
Combattre les causes du terrorisme
En Afrique, la réponse au terrorisme nécessite « une plus grande coopération internationale », estime la délégation, qui invite à « fournir les ressources financières, éducatives et technologiques nécessaires pour s'attaquer aux causes sous-jacentes qui favorisent le terrorisme ».
En effet, explique-t-elle, « dans les zones dépourvues du respect des droits de l'homme, où les gens se sentent abandonnés par la société, les organisations terroristes peuvent alimenter un sentiment de désillusion et se nourrissent de ces injustices pour tenter de justifier leurs actions ».
En outre, ajoute le Saint-Siège, la lutte contre le terrorisme en Afrique doit aussi « promouvoir la coopération entre les parties prenantes, comme les familles, les organisations religieuses, les chefs tribaux et communautaires et d'autres acteurs de la société civile ».
Il s’agit de donner à ces communautés « la possibilité de lutter contre le terrorisme » tout en promouvant « une meilleure compréhension » et « la coopération entre les collectivités locales ».
Non à la manipulation de la religion
Le Saint-Siège condamne fermement le terrorisme, qui « par sa nature même, manifeste un mépris total pour la vie et la dignité humaine », car il utilise « la destruction et le meurtre de personnes innocentes » comme « moyen pour la fin à atteindre ».
En d’autres termes, « les actes de terrorisme atteignent le cœur même de la dignité humaine et constituent une offense à l'humanité tout entière ».
Il condamne « le recours au terrorisme sous toutes ses formes et rejette, en particulier, la manipulation de la religion pour justifier les attaques contre la vie humaine innocente ».
Pour le Saint-Siège, les dirigeants et les communautés religieuses doivent « jouer un rôle important dans la lutte contre les fausses idéologies terroristes », en réaffirmant « avec force que la violence au nom de la religion est l'antithèse de la religion et contribue à sa destruction », mais aussi en « nourrissant la compréhension et le respect entre les personnes et les communautés culturelles, sociales et religieuses ».
Ne pas oublier les victimes
Pour lutter contre ce « fléau », le Saint-Siège appelle donc à la promotion « du dialogue interreligieux » mais également « du développement social, culturel et économique ».
Il invite la communauté internationale à « un engagement et une action visant à protéger la vie et à faire respecter tous les droits fondamentaux ».
Il demande enfin de ne pas oublier « les victimes du terrorisme », qui « se battent pour réhabiliter leurs vies brisées », ou encore ceux qui « vivent aujourd'hui dans la peur » de perdre leur vie. Ces personnes, poursuit-il, sont en droit de « recevoir le soutien nécessaire » dans « leur deuil et leur réhabilitation ».
Réponses locales et internationales
La défense contre le terrorisme exige « des réponses à la fois locales et internationales », souligne le Saint-Siège : au niveau local, l'Etat et les acteurs locaux et internationaux doivent refuser « le recours à l'utilisation ultérieure de la violence dans un cycle sans fin », et chercher plutôt à « identifier les responsables, établir leur responsabilité pénale, et les poursuivre en justice conformément aux droits fondamentaux de l'homme ».
Au niveau international, la communauté des nations a la « responsabilité » de « favoriser les conditions qui empêcheront les groupes terroristes de se développer », notamment par une meilleure coopération policière et judiciaire et par la construction de « ponts entre les peuples de différents pays et de divers milieux ethniques et religieux ».
L'année dernière, le Saint-Siège a ratifié la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme (cf. Zenit du 27 janvier 2012) et la Convention de l’ONU sur la prévention et la répression des crimes contre les personnes qui jouissent d’une protection internationale, y compris les diplomates (cf. Zenit du 27 septembre 2012).