Un tribunal ecclésiastique cherchera à prouver sa sainteté à travers le martyre pour avoir défendu la vertu de chasteté, a rapporté à ZENIT le postulateur diocésain de la cause, Saturnino López. Ce dernier a évoqué le courage cette étudiante en 5eannée de journalisme qui, au moment de sa mort, a défendu les valeurs et les vertus chrétiennes en ne cédant pas face à son agresseur.
« La sainteté s’acquiert par les vertus ou par le martyre », a-t-il expliqué. « Et l’on est martyr si l’on a défendu la foi sous deux aspects : par haine de la foi ou en en défendant une vertu, comme dans le cas de sainte Maria Goretti ».
Beaucoup de personnes se confient à Marta Obregón en lui demandant des faveurs de toutes sortes. Parmi les témoignages recueillis sur Internet, son amie Rosi écrit : « Ton martyre n’est pas quelque chose d’absurde, mais c’est un cri de Dieu au monde qui ne valorise plus la grandeur de la sainte Pureté ».
En lançant sa cause en 2007, l’archevêché de Burgos a déclaré : « En soumettant les événements à l’appréciation de notre sainte Mère l’Eglise, tout nous suggère que la jeune étudiante en journalisme, Marta Obregón, nous a laissé un bel exemple, tant dans sa vie reconnaissante de l’amour et de la miséricorde de Dieu que dans sa mort courageuse ».
Marta Obregón est née à La Coruña le 1er mars 1969. Elle était la seconde de quatre filles nées dans une famille chrétienne. En raison du travail de son père, la famille vécut une année à Barcelone avant de s’établir définitivement à Burgos en décembre 1970.
Jeune fille spontanée, ouverte et belle, Marta étudia brillamment au Collège de Jesús María. Durant son enfance, elle fréquenta avec sa sœur le Club Arlanza de Burgos, de la prélature de l’Opus Dei.
Faiblesse et conversion
En 1988, elle débuta une première relation avec un garçon, « face auquel elle expérimenta la faiblesse devant la passion, jusqu'à ce qu'un jour le danger se présente à l'endroit même ou un autre après-midi, elle préférera offrir sa vie plutôt que d'offenser Dieu et de permettre que sa dignité soit entachée ».
Saturnino López l’explique dans une brève biographie publiée dans le bulletin de l’archevêché de Burgos en 2007.
Marta commença des études universitaires à Madrid, espérant devenir une journaliste connue. Elle modifia ses aspirations par la suite, et confessa ouvertement qu’elle ne pensait qu’à Dieu et à lui faire plaisir.
Pendant les vacances d’été de l’année 1990, elle participa à un voyage à Taizé organisé par un groupe néocatéchuménal.
A Taizé, Marta eut une prodigieuse conversion, si bien qu’elle décida, à son retour, de se confesser. Elle se sentait encore « sale » de ce qui s’était passé deux ans plus tôt.
Pour des raisons inconnues, le confesseur ne lui donna pas l’absolution, ce qui provoqua chez elle une grande souffrance et une lutte entre la volonté de se donner à Dieu et un sentiment d’abandon de Sa part.
Peu après, une rencontre fortuite avec un prêtre du Chemin néocatéchuménal qui l’écouta lui permit d’expérimenter le pardon et la miséricorde de Dieu.
Dès lors, elle commença à défendre les valeurs chrétiennes avec courage, en privé et en public, avec ses amis, à l’université et dans les médias.
Elle fit la connaissance d’un autre jeune catholique, avec qui elle entretint une belle relation et avec qui elle voulait être missionnaire itinérante, mais il rompit peu après cette relation sans lui donner d’explications.
« Fiat »
Pour le postulateur, le fait que Marta ait souvent répété « Fiat, Seigneur » est très important. « C’était sa recherche de vocation, elle le répétait avec beaucoup d’émotion », explique-t-il.
Durant sa dernière année de vie, elle allait travailler chaque après-midi au centre de l’Opus Dei qu’elle avait abandonné quelques années auparavant. Elle terminait toujours la journée par une demi-heure de prière à genoux devant le Saint-Sacrement.
Le jour de son sacrifice, elle demanda qu’on laisse ses livres sur sa table de travail. Elle voulait revenir le lendemain pour suivre la messe, communier et continuer la préparation de ses examens de février.
Elle ne revint jamais. Vers 22h, une de ses voisines entendit un cri déchirant, mais comme il ne se répéta pas, elle ne sortit pas voir ce qui s’était passé.
Cinq jours plus tard, le cadavre de la Servante de Dieu Marta Obregón fut retrouvé recouvert de neige à environ 5 kilomètres de Burgos. Elle avait 22 ans.
Le rapport juridique indique que Marta est morte dans les premières heures du 22 janvier, fête du martyre de sainte Agnès, en cherchant à se dérober à la violence.
Son corps présentait de nombreux coups et 14 blessures à l’arme blanche de type bistouri, dont un lui toucha le cœur.
Celui qui a été condamné pour ce crime, encore en prison, a fait comprendre que si elle avait cédé à cette agression, comme d’autres de ses victimes auparavant, il ne l’aurait pas tuée.
Sérénité et pardon
De très nombreuses personnes, profondément émues, participèrent au dernier au-revoir de Marta. La douleur se mêlait à la joie et à la paix.
Certains témoins qui virent le visage de la jeune femme ont affirmé avoir été touchés par son air serein et doux, comme si elle n’avait pas subi la peur des coups et les contusions qui apparaissaient sur son corps.
Beaucoup d’autres furent profondément touchés par la sérénité de la famille de Marta et par les paroles de pardon de sa mère.
« C’est la force de l’esprit », souligne le postulateur. « Qui n’a jamais souffert humainement de la mort d’une personne chère et s’est en même temps senti plus proche de cette personne qu’auparavant ? ». Pour Saturnino López, il faut « continuer à prier pour l’agresseur parce que c’est lui qui en a le plus besoin ».
Quant aux proches de Marta, ils témoignent que la jeune fille « leur a été arrachée pour un temps déterminé, mais qu’ils ont la certitude, grâce à la foi, qu’elle est déjà passée par le mystère pascal ».
« Si elle est morte pour être fidèle au Christ et défendre une vertu », affirme-t-il, « cela donne de la force à ses parents ».
Patricia Navas
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