L'attaque d'une église presbytérienne par des islamistes fait un mort et 28 blessés au Pakistan, rapporte « Eglises d'Asie » (EDA), l'agence des Missions étrangères de Paris (MEP).
A l'appel de leur pasteur, le Rév. Patras Masih, de l'Eglise presbytérienne unie, les chrétiens de Sangowali, dans le nord-est du Pakistan (district de Gujranwala, au Pendjab), ont prié et jeûné du 11 au 13 mars dernier, après l'attaque de leur communauté qui avait fait un mort et près d'une trentaine de blessés. Dans ce village qui compte 200 familles, 45 foyers sont chrétiens, une proportion nettement supérieure à la moyenne nationale d'un pays qui compte 96 % de musulmans.
Le 2 mars dernier, une vingtaine d'islamistes ont ouvert le feu sur l'église et les fidèles rassemblés pour le culte. Ils se sont ensuite attaqués aux familles de chrétiens habitant aux alentours, pénétrant dans les maisons et les torturant sauvagement (1). L'une des victimes, Shakeela Manzoor, 35 ans, est décédée des suites de ses blessures.
Le lendemain, mardi 3 mars, l'Alliance des minorités du Pakistan (APMA, All Pakistan Minority Alliance) organisait, avec d'autres pasteurs du village, n'appartenant pas à l'Eglise presbytérienne unie, une manifestation de plus d'un millier de personnes scandant : « Arrêtez d'attaquer les églises, arrêtez de persécuter les chrétiens ! »
Le Rév. Masih a décrit les circonstances du drame à l'agence Ucanews (2) : « Manzoor, qui était mère de trois enfants, n'a pas être sauvée parce que les assaillants ont empêché les chrétiens blessés d'être emmenés à l'hôpital à temps. » Selon des sources ecclésiales protestantes, c'est la police qui a évacué, tardivement, les blessés à l'hôpital.
Les dégâts matériels sont également importants : tous les vitraux ont été détruits, ainsi que la croix du clocher de l'église, les bibles profanées et le mobilier liturgique saccagé. Les agresseurs ont menacé l'ensemble de la communauté de représailles s'ils ne quittaient pas les lieux. « Nous avons peur, nous craignons de nouvelles attaques », reconnaît le pasteur presbytérien.
Shahbaz Bhatti, président de l'APMA et ministre fédéral pour les Minorités, parle d'une nouvelle tentative de déstabilisation religieuse : « Je condamne formellement ces événements tragiques qui se sont produits durant le Carême. J'ai demandé à la police de prendre des mesures contre les responsables. » Selon le pasteur Patras Masih, une autre attaque contre les chrétiens a eu lieu le 28 février dernier à Kothi Sahvo, un village situé dans le même district de Gujranwala. « Les policiers n'ont fait aucun rapport, ni pris aucune mesure contre les coupables », constate-t-il, amer.
Arif Khokar, coordinateur pour la jeunesse de l'APMA et frère de Manzoor, pense quant à lui que l'attaque avait pour but de terroriser la minorité chrétienne après qu'un jeune adolescent chrétien soit allé dire à la police en février dernier qu'il avait subi une tentative de viol de la part d'un groupe de jeunes musulmans.
Il s'agirait de la quatrième attaque d'église au Pakistan depuis le début de l'année. Dans un pays où la très grande majorité de la population est musulmane et où certaines régions sont soumises à la charia (loi islamique), les chrétiens sont de plus en plus fréquemment les cibles d'attaques et de menaces de la part des groupes islamistes.
(1) Pakistan Christian Post, 5 mars 2009.
(2) Ucanews, 13 mars 2009.
ROME, Mardi 17 mars 2009 (ZENIT.org)