A Faisalabad, des centaines de manifestants musulmans ont envahis les rues en réclamant la peine de mort pour deux frères chrétiens qui se seraient rendus coupables de blasphème, annonce « Eglises d'Asie » (EDA),
l'agence d'information des Missions étrangères de Paris, dans la dépêche que nous reproduisons ci-dessous.
C'est l'organisation oecuménique Minorities Concern of Pakistan (MCP) qui, semble-t-il, a informé sur la première des violentes manifestations qui se sont produites le 10 et 11 juillet derniers à Faisalabad, dans la province du Pendjab. Réclamant la mise à mort de deux frères chrétiens, le pasteur Rashid Emmanuel, 32 ans et Sajid Emmanuel, étudiant en marketing à Daud Nagar, une foule de musulmans en colère a investi le quartier chrétien de Waris Pura, se livrant à des actes de violence.
Les deux chrétiens, qui clament leur innocence, ont été arrêtés le 2 juillet et inculpés sous l'accusation de blasphème, en raison d'une brochure qu'ils auraient écrite et dont le contenu aurait été insultant envers le Prophète Mahomet.
Selon des sources ecclésiastiques, à la suite d'appels à la violence lancés lors de la prière du vendredi dans les mosquées locales, des centaines de musulmans ont déferlé dans le quartier de Waris Pura, l'une des plus importantes banlieues de Faisalabad, où vivent plus de 100 000 chrétiens. « Ils voulaient attaquer et brûler le quartier (…) Les manifestants scandaient des slogans, brandissaient des armes et criaient qu'ils allaient donner une leçon aux chrétiens. Ils menaçaient de faire justice eux-mêmes si les deux frères n'étaient pas condamnés à mort, et disaient qu'ils se vengeraient non seulement sur eux mais sur toute la communauté chrétienne », a déclaré au MCP, Atif Jamil Pagaan, un travailleur social chrétien qui a assisté à l'émeute.
La foule a ensuite jeté des pierres sur l'église du Saint-Rosaire, seule église catholique de Waris Pura, avant de se heurter à la police arrivée sur les lieux. Selon des témoins, les forces de l'ordre n'auraient pas réussi à disperser la foule ni à l'arrêter, mais les actes de violence auraient diminué d'intensité.
« Nous avons demandé la protection des autorités (…) Nous sommes inquiets et la communauté chrétienne vit sous tension », a rapporté à l'agence Fides, le P. Pascal Paulus, curé de l'église du Saint-Rosaire caillassée par les manifestants.
Le 16 juillet, malgré de nouvelles manifestations de protestation dans le quartier de Waris Pura et le placardage sur les maisons et les lieux de culte, d'affiches contenant des menaces envers les chrétiens, la situation semble « maîtrisée » selon le curé de la paroisse du Saint-Rosaire, qui souligne le rôle des forces de l'ordre, massivement présentes sur les lieux. Un redressement de situation qui doit certainement beaucoup à l'intervention rapide et efficace de Mgr Joseph Coutts, évêque de Faisalabad (1). Dès le début des émeutes, le prélat a en effet mis en place un comité civil et religieux afin de prendre les mesures nécessaires pour stopper la violence. A sa demande, les autorités locales et les leaders musulmans sont intervenus pour calmer les esprits.
« Il semble que la foule se soit mobilisée après que quelques leaders religieux musulmans aient incité à la haine et à la protestation (…). L'épisode fait partie d'une longue liste du même genre, due à la loi injuste sur le blasphème, qui frappe particulièrement les minorités religieuses, et c'est l'un de nos principaux problèmes », a déclaré le P. Khalid Rashid Asi, Vicaire général du diocèse de Faisalabad et président de la Commission diocésaine pour l'oecuménisme et le dialogue (2).
Une grande partie de la communauté chrétienne de Waris Pura, terrorisée, s'est réfugiée chez des proches dans les villes et les villages voisins. En 2009, des attaques de villages et de quartiers chrétiens par des musulmans, également au nom de la loi anti-blasphème, avaient fait, toujours au Pendjab, de nombreux morts (3).
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