"Le gouvernement doit nous dire qui a tué notre père. Et ses assassins doivent être arrêtés", a déclaré Kamran Hayat, le fils de 8 ans orphelin du journaliste Hayatullah Khan. Il y a quatre ans, le 16 juin 2006, le corps de Hayatullah Khan avait été retrouvé près de Mir Ali dans la zone tribale du Nord-Waziristan.
Il était menotté, paraissait très maigre, laissant penser qu’il avait été détenu pendant six mois dans des conditions très difficiles.
Dans un témoignage vidéo, les orphelins de ce correspondant au Nord-Waziristan de l’European Press Photo Agency (EPA) et des quotidiens pakistanais Nation et Ausaf, expriment leur colère et leur déception face à l’absence de volonté du gouvernement.
A l’occasion du quatrième anniversaire de la mort du journaliste, Reporters sans frontières appelle le Premier ministre Yousaf Raza Gilani à ordonner que les résultats des différentes enquêtes sur cette affaire soient rendus publics.
Interrogé récemment par un représentant de Reporters sans frontières, le ministre fédéral de l’Information Qamaruzaman Kaira a refusé de promettre de rendre public le rapport du juge Mohammad Raza Khan. Le 18 août 2006, le juge Mohammad Raza Khan de Peshawar a transmis son rapport d’enquête indépendant, mais les autorités ont bloqué sa publication : http://fr.rsf.org/pakistan-un-an-ap…
"Nous continuons de penser que Hayatullah Khan a été tué pour avoir enquêté sur les circonstances de la mort d’un chef arabe d’Al-Qaïda, Hamza Rabia. L’armée pakistanaise avait affirmé que le djihadiste avait été tué dans une explosion accidentelle. Hayatullah Khan avait contredit l’armée en démontrant que Hamza Rabia avait été tué par un missile américain. Il appuyait ses affirmations par des photographies prises sur les lieux de l’incident. Alors que les frappes de drones américains dans les zones tribales pakistanaises sont devenues pratiquement quotidiennes, il est inacceptable que le gouvernement d’Islamabad maintienne un tel silence suspect sur cette affaire", a déclaré l’organisation.
Reporters sans frontières se joint à l’Union des journalistes tribaux (TUJ) pour condamner cette "négligence criminelle". Son président Ibrahim Shinwari a déclaré : "Nous demandons la publication immédiate du rapport d’enquête."
De son côté, la fille du journaliste, Saira Hayat, a expliqué que le "gouvernement n’a ni arrêté les assassins ni rendu publique l’enquête sur sa mort. Nous continuons à demander justice. Mon père me manque énormément." Après l’assassinat de leur mère (http://fr.rsf.org/pakistan-la-veuve…), les orphelins ont été installés à Peshawar.