Rimsha Masih, une fillette chrétienne pakistanaise handicapée mentale qui avait été arrêtée le 16 août 2012 pour profanation du Coran (cf. Zenit du 21 août 2012) a été libérée sous caution par le juge Muhammad Azam Khan, dans un tribunal de Rawalpindi. Cette libération était attendue, depuis que, le 1erseptembre 2012, un imam avait été inculpé pour avoir fabriqué de fausses pièces à conviction contre Rimsha (Cf. Zenit du 3 septembre 2012).
La libération de la fillette « ne présage cependant pas d’une éventuelle refonte des très controversées lois sur le blasphème », déplore EDA.
Si le juge a accédé à la demande des avocats de Rimsha, il a précisé que « l’affaire n’était pas jugée sur le fond », fait observer l’agence. En outre, la caution pour la remise en liberté de Rimsha a été fixée à un million de roupies (8.300 euro), somme qui doit être d’abord rassemblée, avant d’assurer la sécurité physique de la fillette.
Pour Peter Jacob, secrétaire de la Commission ‘Justice et Paix’ de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan, « fixer la caution à un niveau si élevé n’est pas très correct », si l’on considère « combien la famille de Rimsha est pauvre », rapporte EDA.
Selon la même source, la libération de Rimsha a « été immédiatement saluée par les différents acteurs pakistanais qui s’étaient mobilisés » en faveur d’elle. Pour l’un de ses avocats, Tahir Naveed Chaudhry, « c’est un grand pas en avant et cette décision de justice peut redonner confiance aux Pakistanais en leur système judiciaire ».
Paul Bhatti, ministre de l’Harmonie nationale, y voit « un message clair à l’attention de l’étranger que nous (Pakistanais) savons être justes, peu importe qu’il s’agisse du cas d’un musulman ou d’un chrétien ».
Mais au sein de la communauté chrétienne, « l’optimisme était moins éclatant », note EDA : certains font part de craintes car Rimsha Masih, une fois libérée, restera une cible privilégiée pour les extrémistes musulmans.
Et des observateurs font valoir que la mobilisation du Conseil des oulémas du Pakistan en faveur de la fillette est « loin d’être désintéressée », souligne EDA : il s’agit en effet d’empêcher toute remise en cause des lois anti-blasphèmes. Si le système judiciaire est capable d’innocenter les personnes faussement mises en cause pour blasphème, c’est donc que l’Etat de droit fonctionne et qu’il n’est nullement nécessaire de réviser ces lois.
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