et dont on était sans nouvelles depuis le 29 mai 2011. Un peu plus tôt le même jour, l’organisation, en collaboration avec l’International Federation of Journalists (IFJ), avait envoyé une lettre commune au président du Pakistan, Asif Ali Zardari, et au Premier ministre Youssouf Raza Gilani, pour exiger qu’une action immédiate soit entreprise pour retrouver le journaliste.
"Nous sommes choqués de cette découverte, et souhaitons exprimer tout notre soutien à sa famille et ses proches. Syed Saleem Shahzad était un journaliste chevronné qui couvrait des sujets très sensibles et il est fort probable que ses enquêtes aient dérangé des personnes au sein même du gouvernement ou de l’armée. Nous appelons le Président pakistanais et son Premier ministre à condamner fermement cet assassinat et à mettre rapidement tout en œuvre pour identifier et traduire en justice les auteurs de son assassinat," a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire-général de l’organisation.
D’après ses collègues de travail, interrogés par l’organisation, Syed Saleem Shahzad était reporté "disparu" depuis le 29 mai. Il avait été vu la dernière fois aux alentours de dix-huit heures, alors qu’il quittait sa résidence située dans le secteur F-8 d’Islamabad pour se rendre aux locaux de Dunya TV, pour un enregistrement. Son téléphone portable était depuis inactif. Le beau-frère de Saleem Shahzad avait déposé au poste de police de Markaz une demande d’enregistrement de la disparition du journaliste (First Information Report) à 2h du matin le 30 mai 2011.
Le 31 avril, la police a récupéré la voiture de Syed Saleem Shahzad, garée le long du canal supérieur à Jhelum Sarai Alamgir, à plus de 100 kilomètres de la capitale Islamabad, avec un corps sans vie à l’intérieur. La police a également retrouvé la carte de presse du journaliste d’Asia Times, et celle d’un d’autre journaliste du nom de Hamza Mudassar Ameer, du centre des médias d’Alquds.
Syed Saleem Shehzad, qui travaillait pour le journal en ligne Asia Times, enquêtait notamment sur le militantisme islamique et Al-Qaïda. Son dernier article, publié par le journal, portait sur l’attaque menée par des taliban contre la base navale pakistanaise de Karachi, perpétrée le 22 mai et ayant causé la mort de onze soldats et quatre militants. Dans cet article, le journaliste avait révélé qu’Al-Qaïda avait "construit un bon réseau au sein de la Marine pakistanaise et (qu’)il y (avait) des négociations entre un agent d’Al-Qaïda au Waziristan du Nord et certains officiers de la Marine".
Des journalistes à Islamabad soupçonnent l’agence de renseignement du pays (ISI) d’avoir enlevé et exécuté Syed Saleem Shahzad. Son enlèvement par l’ISI avait été confirmé par d’autres organisations, tel qu’Human Right Watch.
Selon certaines sources, proche du journaliste, par le passé, Syed Saleem Shehzad avait fait état de plusieurs avertissements de la part des agences de sécurité, à cause de ses reportages. Ces informations conforteraient la thèse de son enlèvement et de son exécution en raison de son article sur l’attaque de la base navale pakistanaise de Mehran.
Le Pakistan, situé en 151ème position dans le classement de la liberté de la presse en 2010, demeure le théâtre de nombreux cas de violences à l’encontre des professionnels des médias, avec désormais un bilan de seize morts depuis 2010.
Le 5 mai dernier, Reporters sans frontières avait remis en main propre au Premier ministre Youssouf Raza Gilani, de passage à Paris, un rapport sur les violations de la liberté de la presse au Pakistan et avait attiré son attention sur le fait que la sécurité des professionnels des médias devaient devenir une priorité pour son gouvernement.
Reporters sans frontières