Le congrès était organisé du 15 au 17 novembre 2012, sur le thème: "L’hôpital, lieu d’évangélisation : mission humaine et spirituelle", (cf. Zenit du 13 novembre 2012). Parallèlement, avait lieu le XXVe Congrès de l’Association des médecins catholiques italiens et de la fédération européens des associations médicales catholiques, dont les membres étaient aussi présents à l’audience de Benoît XVI (cf. Zenit du 14 novembre 2012).
Experts de la «science chrétienne de la souffrance»
Si la vocation du professionnel de la santé est une « vocation particulière », qui nécessite « des études, de la sensibilité et de l’expérience », cependant le chrétien qui choisit de travailler « en vivant son activité comme une « mission humaine et spirituelle » doit avoir une « compétence supplémentaire, qui va au-delà des titres académiques », a déclaré le pape.
Cette compétence, a-t-il poursuivi, c’est la « science chrétienne de la souffrance », considérée par le Concile Vatican II comme « la seule vérité capable de répondre au mystère de la souffrance » et de donner à celui qui est dans la maladie « un réconfort sans illusions ».
Voici ce que dit le Concile à ce sujet : « Il n’est pas en notre pouvoir de vous donner la santé physique, ni la diminution de vos douleurs… mais nous avons quelque chose de plus précieux et de plus profond à vous donner… le Christ n’a pas supprimé la souffrance; il n’a pas voulu non plus en dévoiler entièrement le mystère : il l’a prise sur lui, et ceci suffit pour que nous en comprenions toute la valeur » (Message aux pauvres, aux malades et aux souffrants, 8 décembre 1965)
Le pape a rappelé aux professionnels de la santé chrétiens qu’ils sont des « experts qualifiés » de cette « science chrétienne de la souffrance » : en ce sens, être catholique donne une « grande responsabilité dans la société et l’Eglise », a-t-il insisté, citant l’exemple de vie du professeur français Jérôme Lejeune, découvreur de l’origine génétique de la trisomie 21.
Le « lexique universel » des professionnels de la santé
Le pape a constaté qu’aujourd’hui, bien que les progrès techniques et scientifiques augmentent « la capacité de guérir celui qui est malade », cependant « la capacité de « prendre soin » de la personne souffrante, dans son intégralité et unicité », s’affaiblit.
Dans ce contexte, Benoît XVI a souhaité que le langage de la « science chrétienne de la souffrance » devienne « le lexique universel de ceux qui oeuvrent dans le domaine de l’assistance médicale ». Ce langage est celui du bon samaritain, a-t-il précisé, c’est-à-dire « la compassion, la solidarité, le partage, l’abnégation, la gratuité, le don de soi ».
Le pape a fait par ailleurs une série de mises en garde, d'abord contre la science médicale qui « risque d’oublier que sa vocation est de servir l’homme et tout l’homme, dans les diverses phases de son existence ».
Il a également invité les structures médicales à « repenser leur rôle pour éviter que la santé, au lieu d’un bien universel à assurer et à défendre », ne devienne « une simple « marchandise » soumise aux lois du marché, donc un bien réservé à peu », à cause de la crise économique.
Il a en outre rappelé la nécessité du "principe de subsidiarité et de solidarité" dans le domaine des politiques de santé.
Pour Benoît XVI, les hôpitaux ne peuvent être des « lieux privilégiés d’évangélisation » que si « le centre de l’activité médicale est le bien-être de l’homme dans sa condition la plus fragile et sans défense, de l’homme à la recherche de sens devant le mystère insondable de la douleur ».
L’Eglise peut alors s’y faire « véhicule de la présence de Dieu », et tous ceux qui travaillent dans la pastorale de la santé peuvent aller « plus loin » que l’approche clinique en « ouvrant à la dimension de la transcendance », à travers « leur cœur généreux et leurs bras ouverts à tous », a ajouté le pape.
Benoît XVI a réservé ses dernières paroles aux personnes malades : « votre témoignage silencieux est un signe efficace et instrument d’évangélisation pour les personnes qui vous soignent et pour vos familles », leur a-t-il dit, les encourageant à avoir la certitude « qu’aucune larme, ni de celui qui souffre, ni de celui qui lui est proche, n’est perdue devant Dieu ».
zenit