Chaque mois le pape Benoît XVI confie aux catholiques deux intentions de prière, deux défis qu’il discerne pour notre monde et la mission de l’Eglise, à savoir pour novembre 2012 :
– une intention de prière « universelle » pour les « ministres de l'Evangile » :
Pour que les évêques, les prêtres et tous les ministres de l'Evangile rendent un témoignage
courageux de fidélité au Seigneur crucifié et ressuscité.
– une intention de prière « missionnaire » pour « l'Eglise pèlerine »
Pour que l'Eglise, pèlerine sur la terre, resplendisse comme lumière des nations.
Peuple de Dieu, lève-toi et marche !
Le défi de ce mois-ci n’est pas simple. D’abord parce qu’il s’agit de prier pour l’Eglise, qui traîne beaucoup d’images et apparaît souvent discréditée. Ensuite parce qu’il faut lire au moins deux fois cette intention de prière pour comprendre de quoi il s’agit. Or il s’agit de nous ! Nous tous, disciples du Christ qui formons l’Eglise universelle. Notre défi pour ce mois ? Que l’Eglise, nous-mêmes, puissions laisser resplendir la lumière du Christ.
L’Eglise ? Qu’est-ce que c’est ? – L'Eglise est souvent perçue comme une institution d'un autre âge n'ayant pas su évoluer avec son temps. Ce qu’elle dit, tout particulièrement dans le domaine de la morale, est généralement disqualifié. Son langage n'est pas toujours simple et accessible, et peut demander des clefs de décryptage. Sa tradition théologique et spirituelle souvent méconnue est discréditée. De plus notre mémoire est marquée par des dysfonctionnements institutionnels de l’Eglise, au cours de l'histoire, qui ont voilé et fait obstacle à l'Evangile. Que de blessures et de malentendus ! On peut comprendre cette distance, même chez des catholiques, vis-à-vis de l’Eglise, souvent réduite à son aspect institutionnel. Même dans une paroisse on me disait que je ne devais pas trop parler des textes du magistère ou du Pape… Aujourd’hui il est essentiel de redécouvrir le mystère de l’Eglise pour l’aimer.
L’Eglise avant d’être une institution est un événement. L'Eglise est née à Pâques de la mort et résurrection de Jésus-Christ, un événement inimaginable. « Elle est cet événement, elle en est la forme historique, visible » (1). Ce n’est pas seulement un événement qui aurait eu lieu il y a deux mille ans. L'Eglise naît sans cesse du Christ, le Vivant, lui qui aujourd'hui comme hier la conduit par l'Esprit-Saint. Elle est communion d'amour avec Jésus, de tous ceux qui sont nés de l'Esprit par le baptême. Malgré son péché, elle porte dans des vases d'argile une expérience spirituelle millénaire, une tradition vivante qui la dépasse elle-même.Celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre peut reconnaître l'Esprit à l'œuvre dans l'Eglise, elle à qui Jésus-Christ a confié la « mission d'entraîner toute l'humanité vers la communion universelle de l'amour ».
Son but n’est pas elle-même, mais l’annonce de cette Bonne Nouvelle. C’est le « Christ, la lumière des nations » (1 Lumen Gentium). Il est vrai que l’Eglise, c’est-à-dire nous tous qui portons le nom de chrétiens, pouvons voiler cette lumière, parfois jusqu’à l’obscurcir… C’est ce que reconnaît le Message final du Synode des évêques pour la nouvelle évangélisation :
« Nous sentons sincèrement le devoir de nous convertir avant tout nous-mêmes à la puissance du Christ, qui seul est capable de renouveler toute chose, surtout nos pauvres existences. Avec humilité, nous devons reconnaître que les pauvretés et les faiblesses des disciples de Jésus, en particulier de ses ministres, pèsent sur la crédibilité de la mission. Nous sommes, certes, conscients, nous évêques en premier lieu, de ne jamais pouvoir être à la hauteur de l’appel du Seigneur et de la garde qu’il nous a confiée de son Évangile pour l’annoncer aux nations. Nous avons conscience du devoir de reconnaître humblement notre vulnérabilité aux blessures de l’histoire et nous n’hésitons pas à reconnaître nos propres péchés. Cependant, nous sommes aussi convaincus que la force de l’Esprit du Seigneur peut renouveler son Église et la revêtir de beauté, si nous nous laissons modeler par lui » (n°5).
Quand est-ce que l’Eglise reflète la lumière du Christ ? Lorsqu’elle consent, docile à l’Esprit, à son « allure pèlerine » (2). L’Eglise, comme « Peuple de Dieu » (Lumen Gentium, chap II) est en marche vers un monde nouveau, le « Royaume de Dieu ». Aujourd’hui comme hier, l’Esprit est à l’œuvre en elle et la reconduit au lieu du commencement. Jésus nous parle de cette « allure pèlerine » qui a saveur d’Evangile :
« Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
N’emportez pas de bourse, pas de sac, pas de sandales,
et n’échangez de salutations avec personne en chemin.
Dans quelque maison que vous entriez dites d’abord : ‘Paix à cette maison’ »
– Evangile selon saint Luc, chp. 10, v. 3-5
Prions pour que l’Eglise, tous les baptisés, dont les ministres de l’Evangile, nous puissions refléter la lumière du Christ, à travers un style de vie qui doive plus « à l’hospitalité de l’amitié, au génie inventif de la sainteté et aux espiègleries de l’Esprit qu’à la perfection aseptisée des discours et des structures » (1)
Père Frédéric Fornos, jésuite
(1) P. Robert Scholtus, Petit christianisme d’insolence, Ed. Bayard 2004, p. 105 / p. 59
(2) D’après le livre la Cité de Dieu de St Augustin « Civitas dei », « peregrinando ecclésia » est l’Eglise en marche sur une terre étrangère, l’Eglise en exil vers la Cité de Dieu. On a souvent traduit ce mot par « Eglise pèlerine ».
L’Apostolat de la prière est le service officiel des intentions de prière du Pape :
www.apostolat-priere.org
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