Le cardinal Erdő a en effet ouvert les travaux du IIIe Forum Européen catholique-orthodoxe, sur le thème « Foi et crise économique », hier, 5 juin 2012, à Lisbonne.
Le cardinal a voulu donner des repères du point de vue de l’Eglise catholique. Ces travaux communs entre catholiques et orthodoxes, a-t-il précisé, « visent à présenter une proposition chrétienne aux personnes et communautés qui vivent en Europe et subissent la crise », en mettant en évidence la « responsabilité » de chacun.
Bonheur et développement
Pour le cardinal, la crise n’est pas seulement « de nature économico-financière », mais elle est aussi « de nature éthique et morale » et avant tout « anthropologique » : pour sortir de la crise il faut donc « repartir de la personne ».
La crise peut ainsi « devenir un appel à la responsabilité de tous envers chaque personne humaine », souligne-t-il, car une société soumise « aux simples intérêts économiques et qui ne met pas la personne au centre », devient inhumaine : au lieu d’apporter le « bonheur et le développement », elle « détruit la personne ».
En ce sens, la personne ne peut pas être réduite à un « numéro » ou à un « moyen pour atteindre une autre fin », mais doit être « vue et traitée comme fin », comme « un être plein de dignité, quelle que soit son origine ou sa condition sociale ».
Une communion fondamentale
Chaque personne humaine, poursuit le cardinal, est un « être communautaire », en relation avec les autres et appelé à l’amour : « entre les personnes humaines existe une communion fondamentale d’origine et de destin ».
Cette réalité est une « indication éthique », explique-t-il : « l’attention aux personnes, et de façon particulière aux pauvres et aux nécessiteux, est une obligation pour la société dans sa totalité ».
« Seul l’amour et la gratuité, insiste-t-il, sont capables de faire naître des relations de confiance et des œuvres solidaires, sans lesquelles l’économie et la société meurent ».
Par ailleurs, affirme-t-il, la société humaine « n’est pas un rassemblement d’individus » mais une « communauté de personnes, qui ne sont pas des objets à utiliser, mais des frères à aimer ».
Or la première cellule de cette communauté, c’est la famille, « où l’on fait la première expérience d’être aimé » et où « l’on apprend à aimer » : elle est donc le lieu « où chacun peut découvrir un sens à sa vie et apprendre à vivre en société ».
La famille est une ressource fondamentale pour sortir de la crise, précise-t-il, dénonçant « la décision de ne pas avoir d’enfant pour jouir des plaisirs de l’instant présent ou par peur de l’avenir », ce qui est le signe d’un « manque d’une joie vraie et durable » et de « l’absence d’une responsabilité vis-à-vis des autres ».
Protagoniste créatif
« Si à la base de la crise il y a une perte du sens de la personne et de la famille, alors la solution doit venir de cette réalité », déclare-t-il : la personne et la famille doivent être placées « au centre des intérêts économiques et de la politique », mais elles doivent aussi être des « protagonistes de toute la vie sociale ».
Pour être « protagoniste », il s’agit de « vivre intensément » : « la personne qui vit intensément réussit à donner vie à une famille », et les familles vivantes sont « les cellules d’un peuple qui à son tour génère des actions, des idées, des propositions potentiellement en mesure de changer la société et de donner l’espérance à notre temps ».
En temps de crise, insiste-t-il, « on ne peut pas rester immobile et attendre que les puissants fassent quelque chose seuls » : « tous sont appelés à collaborer ».
La plaie du chômage
Dans cette perspective, le travail, comme « participation à l’œuvre de Dieu », est « nécessaire pour reconstruire un peuple uni et qui ait un avenir devant lui ». Ainsi, la « plaie » du chômage doit être « objet d’une attention fondamentale ».
« La capacité créative de la personne, ajoute-t-il, quand elle est mue par l’amour, agit pour le bien de tous et devient aussi inspiratrice de réponses originales aux défis de son temps. »
Cependant, constate le cardinal hongrois « la liberté comporte aussi la possibilité de décider contre l’homme et contre Dieu », le péché est « présent » dans le cœur de l’homme comme une « graine d’un amour de soi myope qui créé la division et porte à une société de personnes égoïstes et violentes ».
La miséricorde, remède à la crise
Cette réalité, explique-t-il, montre que la personne a besoin « de miséricorde et de rédemption » pour « développer toutes ses capacités et se relever de sa chute ». Même si « le Seigneur n’a pas enseigné une méthode pour améliorer l’économie », il s’agit d’être « miséricordieux ».
Pour conclure, le cardinal souligne que le « but final du comportement humain et chrétien » se trouve « dans l’au-delà », et non pas « dans les limites de la vie terrestre ».
En effet, la nature de l’homme est d’être « en relation », non seulement avec les autres créatures, mais aussi « avec l’infini » : sans cette « ouverture à la réalité qui la transcende », qui est son origine et son destin, « la nature humaine demeure incompréhensible », fait observer le cardinal.
« Chaque personne, qu’elle en soit consciente ou non, est capable de Dieu et trouve sa pleine réalisation seulement en Dieu » car son cœur « a soif de Dieu » et cela exige « une réponse qui vienne de Dieu-même », une réponse « permanente et enracinée dans la raison et dans le cœur ».
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