dans la Chapelle Redemptoris Mater, au Vatican. Il a invité à se réjouir à la perspective de la vie éternelle.
Le prédicateur de la Maison pontificale a choisi de développer le « deuxième écueil auquel se heurte l'évangélisation dans le monde moderne occidental : la sécularisation ». Dans sa première prédication (cf. vendredi 3 décembre, et dimanche 5 décembre), il avait évoqué le scientisme.
« La sécularisation est un phénomène complexe et ambivalent, a-t-il expliqué. Elle peut indiquer l'autonomie des réalités terrestres et la séparation entre le règne de Dieu et le règne de César et, dans ce sens, loin d'être contraire à l'Evangile, elle trouve en celui-ci une de ses racines profondes ; mais elle peut désigner aussi tout un ensemble d'attitudes contraires à la religion et à la foi et, dans ce cas, le terme de sécularisme est préférable ».
Le P. Cantalamessa a souligné que « sécularisme », qui vient du mot « saeculum » signifie « temps présent », « en opposition à l'éternité ». C'est « la réduction du réel à la seule dimension terrestre ».
« Nous avons besoin d'une foi renouvelée dans l'éternité, non seulement pour l'évangélisation, c'est-à-dire pour l'annonce à faire aux autres, a affirmé le prédicateur capucin, mais avant tout pour donner un nouvel élan à notre cheminement vers la sainteté ».
« L'effritement de l'idée d'éternité agit aussi sur les croyants en diminuant leur capacité d'affronter avec courage la souffrance et les épreuves de la vie », a-t-il souligné. « Avec la disparition de l'horizon de l'éternité, la souffrance humaine apparait doublement et irrémédiablement absurde ».
Le P. Cantalamessa a expliqué que quand on ne croit plus à l'éternité, on perd « la mesure de tout », car l'éternité est « la mesure de tout ». Tout nous semble alors « trop lourd, excessif ».
Le prédicateur de la Maison pontificale a précisé que « la réponse chrétienne au sécularisme » est basée « sur un fait » : l'incarnation de Dieu. « En Jésus Christ, l'éternel est entré dans le temps ».
Le P. Cantalamessa a expliquer que la différence qui existe entre la vie de foi sur la terre et la vie éternelle, est semblable à celle qui existe entre la vie de l'embryon dans le sein maternel et celle de l'enfant à sa naissance. Il a raconté une histoire imaginaire de deux jumeaux, garçon et fille, qui parlent entre eux avant la naissance.
« La petite fille demandait à son frère, raconte le prédicateur : « D'après toi, y a-t-il une vie après la naissance ? ». Il répondait : « Ne sois pas ridicule. Qu'est-ce qui te fait penser qu'il y a quelque chose en dehors de cet espace exigu et obscur où nous nous trouvons ? La petite fille, s'armant de courage, insistait : « Qui sait, peut-être existe-t-il une mère, bref quelqu'un qui nous a mis ici et qui prendra soin de nous ». Et lui : « Vois-tu une mère quelque part ? Ce que tu vois est tout ce qu'il y a ». Elle, à nouveau : « Ne sens-tu pas parfois, toi aussi, comme une pression sur la poitrine qui augmente de jour en jour et nous pousse en avant ? ». « A bien y réfléchir, répondait-il, c'est vrai ; je la sens tout le temps ». « Tu vois, concluait, triomphante, la petite soeur, cette douleur ne peut pas être pour rien. Je pense qu'elle nous prépare à quelque chose de plus grand que ce petit espace » ».
Le prédicateur de la Maison pontificale a conclu en citant saint Augustin qui encourageait les croyants à courir vers « la maison du Seigneur », à suivre en se hâtant les apôtres qui « ont vu la patrie avant nous ».
Gisèle Plantec
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