Le Rapport annuel 2013 du Centre Astalli, géré par la Compagnie de Jésus, a été présenté le 9 avril dernier à Rome. Parmi les grandes lignes de ce rapport : les demandes d’asile diminuent, mais la distribution de repas reste sensiblement la même.
Coup de téléphone du pape
Alors que l’Italie peine à répondre aux besoins des réfugiés sur le sol national, et que ces derniers font les frais de la crise économique actuelle, le pape François a annoncé sa visite prochaine au Centre Astalli de Rome, à deux pas de la place Venezia, dans les bâtiments du ‘Gesù'.
C’est le P. Giovanni La Manna, président du Centre, qui a annoncé cette visite sur son compte twitter @PLamannag le 7 avril 2013 : « J’ai écrit au pape pour l’inviter à la cantine Astalli, hier un appel sur le portable, c’était le pape François qui me disait qu’il viendra, superbe ».
A une journaliste qui s’étonne, le P. La Manna twitte à nouveau : « si, c’était le pape car il a fait référence à la lettre d’invitation, dont très peu de proches avaient connaissance ».
Depuis, c’est la réjouissance : « Les réfugiés sentent la proximité du pape François, son salut leur a été transmis, ils apprécient sa prière, son humanité et sa proximité » (10 avril).
« Le pape est un homme extraordinaire qui privilégie les relations humaines et directes, surtout avec les plus faibles », écrit-il le 8 avril avant d’émettre des souhaits le lendemain : « que le pape François, avec sa grande sensibilité, porte son attention sur tant de réfugiés qui souffrent » et « qu’il nous aide à rester fidèles à notre vocation : pauvres au service des derniers ».
Un système d’accueil insuffisant
Les demandes d’asile en Italie diminuent (15.700 en 2012), mais la distribution de repas (plus de 115.000) ne diminue pas : c'est le constat sans appel du rapport du Centre Astalli. L’année dernière, 21.000 personnes ont été accueillies par le Centre de Rome, et 34.000 dans les autres centres du territoire.
Pour les responsables, ce sont « des données préoccupantes, qui illustrent l'incapacité du système d’accueil italien à répondre aux besoins, même les plus immédiats ». Au final, c'est l'échec de l'intégration des réfugiés, souvent « abandonnés à eux-mêmes, » « en marge de la société, dans des conditions de dégradation absolue », ajoute le rapport.
Même si les réfugiés ont un emploi, trouver un logement reste « le plus difficile », face au coût du loyer, précise le texte, qui déplore aussi les mauvaises conditions de travail.
La situation des familles de réfugiés est encore plus compliquée, ajoute le Centre Astalli, qui invoque des exigences spécifiques souvent « urgentes ». Pour le P. Giovanni La Manna, ces personnes sont victimes d’un « manque de volonté de gouverner ce phénomène » : le système actuel est « gangréné car la priorité est l’argent et non les personnes », s’attriste-t-il au micro de Radio Vatican.
Le texte s’arrête également sur les victimes de torture (267 avérées en 2012 soit 60% de plus que l’année précédente), qui ne sont pas accueillies de manière adéquate : 22% des 439 personnes suivies par le Centre déclarent vivre dans la rue. Nombre sont affectés de « problèmes psychiques graves », qui nécessitent des « soins spécialisés ».
Lutter contre la pauvreté culturelle
Les rédacteurs du rapport appellent également à un autre point d’attention : la lutte contre la « pauvreté culturelle », qui est « aussi dangereuse que la pauvreté économique ».
Pour cela, le Centre organise des activités de formation et de sensibilisation, tel le projet « My Life as a Refugee » qui a permis à 5 réfugiés de suivre des cours de photographie et de monter une exposition inaugurée au Parlement européen en novembre 2012.
Le texte précise que les réfugiés viennent principalement de Côte d’Ivoire, d’Afghanistan, du Pakistan et pour la première fois, du Mali, théâtre d’une grave crise nationale.
Le Centre Astalli, fondé en en 1980 par le P. Pedro Arrupe, œuvre dans 8 villes italiennes – Rome, Palerme, Catane, Trente, Vicence, Naples, Milan, Padoue – en offrant un service de première nécessité à ceux qui fuient les guerres et les persécutions. En 2012, 465 volontaires ont participé aux actions de ces centres.
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