Avec force, il a souhaité mettre en garde contre une « logique destructrice », une « régression sans précédent d’une civilisation qui a mis plusieurs millénaires à se construire ».
« La révision des lois sur la bioéthique est en plein débat. Elle se déroule dans une surprenante discrétion, malgré les enjeux considérables qui lui sont liés », affirme Mgr Bagnard. Après avoir été voté en première lecture à l’Assemblée Nationale, puis « revisité » par le Sénat, le Projet vient d’être déposé sur le Bureau des Députés qui doivent l’examiner en seconde lecture.
Il évoque notamment une question « étrangement irrésolu », celle de « l’identité de l’embryon » : « de la réponse que l’on donne à cette question centrale dépend toute la suite des choix et des décisions ».
A ses yeux, « répondre avec clarté à cette question met évidemment dans une position délicate. Car reconnaître que l’embryon est un être humain en ses commencements conduit à remettre en cause toute une législation, en vigueur depuis des décennies, en particulier celle concernant l’avortement ». Mais « refuser à l’embryon le statut d’être humain c’est se placer dans une situation insoutenable, car il faut alors répondre à la question subsidiaire qui n’est pas la moindre : s’il n’y a pas trace d’humanité au point de départ, quand pourra-t-on la détecter par la suite ? ».
C’est donc dans « ce contexte de flou entretenu que s’instaure à nouveau le débat sur l’expérimentation sur les cellules embryonnaires ».
« On assiste à un jeu de cache-cache qui permet d’avancer dissimulé en endormant les consciences », affirme-t-il. « A cet assoupissement savamment guidé, s’ajoutent évidemment les effets d’une guerre d’usure dont le principal moteur est le profit. Ce qui fait dire à l’archevêque de Paris : ‘Je m’adresse à des consciences humaines et non à des portefeuilles’ ».
« Rien d’étonnant, une fois engagé sur cette pente, de continuer à la dévaler », poursuit Mgr Bagnard qui déplore les conséquences que cela a sur la jeunesse, invitée ainsi à « marcher sans boussole ». C’est ainsi que l’on enregistre « une recrudescence des avortements chez les jeunes filles mineures ».
« Le regard, purement sociologique, porté sur ces situations appelle comme seule réponse la mise en œuvre de simples moyens administratifs et techniques ». « Rien n’est dit sur l’éducation à la maîtrise de soi, sur le respect de son corps et du corps de l’autre, sur le sens de la responsabilité personnelle, sur le sens des liens dans l’amour partagé, sur l’engagement et la prise en compte des actes que l’on pose, sur leur gravité avec les séquelles médicales et psychologiques qui découlent de l’élimination de l’enfant, l’avortement devenant quasi officiellement la plus sûre des méthodes contraceptives », déplore-t-il.
« Ainsi assiste-t-on sans bruit, à une régression sans précédent d’une civilisation qui a mis plusieurs millénaires à se construire. Comment ne pas alerter les esprits sur la gravité de cette logique destructrice mise en marche déjà depuis plusieurs décennies, et qui va s’intensifiant ! ».
« Si nous voulons éviter de sombrer – conclut-il – il nous faut suivre la règle des règles que Soljenitsyne s’était donné à lui-même comme ligne de conduite absolue, et qui résume tous les préceptes de la dissidence : « NE PAS MENTIR » !
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