Dans son homélie dominicale d’hier, le patriarche maronite a justement appelé le gouvernement Mikati à « protéger » les Libanais du Nord, et plus précisément ceux qui vivent près de la frontière avec la Syrie, notamment à Wadi Khaled et dans le Akkar.
Mikati-Annan
Quant au président du mouvement du Changement, membre de l’Alliance du 14 Mars, Élie Mahfoud, il a estimé que le désintérêt total de l’État pour les frontières est et nord du pays « va immanquablement mener à une crise sûrement incontrôlable ».
Signalons que le Premier ministre Nagib Mikati a reçu hier un appel téléphonique de l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Kofi Annan, qui l’a informé des dessous de la réunion de Genève ainsi que de son arrivée aujourd’hui en Syrie.
En attendant, le conflit syrien a nettement débordé sur le Liban samedi, une adolescente et une fillette ayant été tuées par des obus tirés à partir de la Syrie dans l’incident le plus meurtrier depuis le déclenchement de la révolte.
Samedi : plusieurs versions
Cet incident a donné lieu à plusieurs versions, autant dans le déroulé de l’attaque que dans le nombre de victimes.
« Nadia al-Owaichi, 19 ans, a été tuée à l’aube par un obus alors qu’elle se trouvait chez elle à Wadi Khaled », avait déclaré un responsable local des services de sécurité, notant que « le tir provenait du territoire syrien ». En outre, « quatre personnes ont été blessées par la chute d’obus et les échanges de tirs », a ajouté la même source. Parmi eux, selon l’Agence nationale d’information (ANI), figurent trois enfants. « Quelques heures plus tard, une Bédouine de huit ans, réfugiée récemment avec ses parents de Syrie, a trouvé la mort. Cinq personnes ont été blessées, dont le père et sa mère qui sont dans un état grave, par une explosion dans le camp de tentes où elle résidait », a précisé une source hospitalière à Halba. Le responsable de la sécurité, qui s’était chargé d’évacuer les victimes, avait cru que la mère était morte et avait donc fait état au début de deux décès.
« Un expert militaire, qui s’est rendu sur place, a indiqué qu’il s’agissait soit d’une mine enfouie dans le secteur, soit d’un explosif que des réfugiés étaient en train de manipuler », a affirmé la source sécuritaire. Dans un premier temps, elle avait fait état de la chute d’un obus. D’autres sources avaient indiqué qu’une fusillade avait éclaté à l’aube entre des hommes armés se trouvant du côté libanais et les forces syriennes. L’ANI a fait état du tir d’une vingtaine d’obus qui ont endommagé plusieurs maisons.
Mais selon l’agence Reuters, des habitants de Wadi Khaled ont rapporté que des obus de mortier ont commencé à s’abattre vers 02h00 du matin sur des fermes situées à une distance comprise entre entre 5 et 20 kilomètres de la frontière. De nouvelles explosions étaient signalées à la mi-journée. Dans le village d’al-Mahatta, une maison a été détruite, provoquant la mort d’une adolescente de seize ans, ont confié des membres de sa famille. Une femme de vingt-cinq ans et un homme ont également trouvé la mort dans des villages voisins. Deux Bédouins ont été tués dans le village de Hishe, traversé par une rivière délimitant la frontière, lorsque deux roquettes tirées depuis la Syrie ont touché leur tente, selon des habitants de la région. L’armée libanaise a confirmé l’un des décès et a dit que plusieurs obus syriens étaient tombés sur le territoire libanais, sans donner plus de détails.
Sleiman « désolé »
Pour sa part, la télévision officielle syrienne a évoqué « une tentative d’infiltration de bandes terroristes à partir du Liban vers Qoussair, dans la province de Homs. Les forces syriennes ont tué et blessé des dizaines de terroristes », a accusé la chaîne.
Le chef de l’État, Michel Sleiman, s’était peu après déclaré « désolé », déplorant ces décès. Il a multiplié les contacts avec les services de sécurité concernés pour s’enquérir des résultats de l’enquête et exigé que les mesures adéquates soient prises pour éviter que des civils ne meurent ou ne soient blessés « sous aucun prétexte ».