« Nous demandons aux responsables de la sécurité et de la justice de protéger tous les Libanais, a déclaré Mgr Raï au cours de son homélie. Il faut aussi que la justice condamne le criminel aux peines les plus lourdes. » Il a qualifié le crime « d’acte d’une extrême sauvagerie contre Dieu et l’humanité ». Le patriarche s’est également adressé aux responsables des monastères et des institutions chrétiennes, les appelant à « ne pas confier leur garde à des étrangers non chrétiens ».
Ce même point a été soulevé par le frère de la victime, Antoine Achkar, qui s’est exprimé au nom de la famille, à la fin de la messe. « Pour qu’un tel crime ne se répète pas, nous revendiquons une réglementation des ouvriers étrangers au Liban, l’organisation de leurs horaires de travail et de leur présence parmi les gens, a-t-il dit. Le meurtre de Myriam n’est pas le premier à être commis par un ressortissant étranger. » Le jeune homme a demandé « à la justice d’accélérer le jugement du cas de Myriam », qu’il a appelée « notre sainte martyre ». Il n’a pas oublié de remercier toutes les autorités, sécuritaires et politiques, qui ont contribué à élucider rapidement le cas. « En tant que famille de Myriam, nous appelons à la retenue et à ne pas céder au sentiment de haine et de vengeance, la justice du ciel ainsi que celle de la terre sera faite », a-t-il conclu.
« Le criminel ne sera pas livré à la Syrie »
Le ministre de l’Intérieur a de son côté répondu à certaines questions sur ce crime à l’issue de la messe. Il a assuré que « justice sera faite ». Il s’est dit étonné « des rumeurs qui ont circulé ces derniers jours selon lesquelles le criminel sera livré à la justice syrienne ». Il a ajouté : « Cela est totalement inacceptable. Ni l’État libanais ni la justice libanaise n’accepterait une telle mesure. Les accords signés entre la Syrie et nous assurent que le criminel est jugé sur le territoire où il a commis son crime. Ces rumeurs sont totalement infondées. Le meurtrier sera jugé au Liban, et le plus rapidement possible. »
À Bkerké également se trouvait hier le député Samy Gemayel, qui a lui aussi abordé le sujet du meurtre de Myriam Achkar. « Nous sommes là pour soutenir la famille de la victime et pour affirmer que seule la justice peut assurer la continuité de la paix et la démocratie au Liban », a-t-il dit. « Le plus important, a-t-il poursuivi, c’est de voir comment la justice compte traiter avec ce criminel. Il est clair que certains se croient au-dessus des lois. Cela est inacceptable. Nous demandons à la justice d’être ferme et rapide. » Interrogé sur la possibilité que le criminel soit extradé vers la Syrie, le député a déclaré « ne pas savoir d’où vient cette rumeur, totalement infondée ». « Le criminel sera jugé au Liban, et par la justice libanaise », a-t-il ajouté.
À signaler que l’avocat Antoine Sfeir, qui était présent hier à la messe, a mis son cabinet et tous ses avocats à la disposition de la famille de Myriam Achkar, pour un suivi du cas auprès de la justice.
Samedi, les députés du Kesrouan avaient publié un communiqué, à l’issue d’une réunion, dénonçant fortement le meurtre de la jeune Myriam Achkar. Le communiqué, signé par Youssef Khalil, Nehmatallah Abi Nasr, Farid Élias el-Khazen et Gilberte Zouein, a estimé que « le criminel a agi au mépris de toutes les valeurs, comme si l’on vivait au temps de la loi de la jungle ». Ils ont demandé que « le châtiment soit à la mesure du crime, afin de servir de leçon à tous les agresseurs ». Ils ont également appelé « à sortir ce crime horrible du cadre des dissensions politiques, étant donné que la justice s’est saisie du dossier ».