« J’ai mis en demeure les puissances occidentales, et en particulier la France, de priver le Hezbollah du prétexte qu’il invoque pour garder ses armes, en contraignant Israël à quitter la portion de territoire libanais qu’il continue d’occuper », a-t-il affirmé en substance.
« Le jour où le Hezbollah remettra ses armes sera jour de fête ; je n’ai jamais dit autre chose, on m’a sciemment compris de travers », a-t-il lancé, lors d’une audience accordée aux journalistes accrédités auprès du siège patriarcal.
Par ailleurs, le patriarche maronite a mis en garde hier contre une catastrophe économique et sociale au Liban « si les choses demeurent en l’état ».
« Nul n’ignore qu’une crise de régime, doublée d’une crise gouvernementale, sévit au Liban, a-t-il dit. En somme, le travail n’a pas encore commencé, alors que les besoins sont immenses. L’immobilisme règne au niveau gouvernemental, paralysé par un conflit entre deux forces politiques antagonistes. Au point que l’on peut reprendre l’image utilisée par le patriarche Sfeir, qui a comparé le Liban à un véhicule que tirent deux forces diamétralement opposées, et qui demeure donc immobile. La seule chose qui a changé, c’est que les forces en présence ont échangé leurs places. Ceux qui tiraient en avant tirent aujourd’hui en arrière, et réciproquement. Mais le résultat est le même : immobilisme. »
Et d’ajouter : « Une mutation profonde affecte en ce moment le monde arabe. Le Liban peut être un agent pacificateur ; il peut remplir un rôle de médiateur et de bons offices. C’est pourquoi il est inacceptable que le Liban stagne politiquement comme c’est le cas et soit incapable d’intervenir. Il est inadmissible aussi qu’il ne puisse prévenir la véritable catastrophe économique et sociale qui lorgne à l’horizon. Si l’on se fie aux médias, la crise est partout, la dette augmente. (…) Ce qui manque, c’est la confiance. Il faut relancer la conférence pour le dialogue national. »
« Bkerké ne fait pas de politique »
Au sujet de la loi électorale, le patriarche a précisé que « le siège patriarcal de Bkerké et la rencontre de Bkerké sont deux choses bien distinctes ».
« Le mérite de la rencontre de Bkerké est d’avoir lancé le débat », a-t-il repris, précisant que le comité de suivi émanant de la rencontre de Bkerké va se réunir cette semaine pour faire le point des convergences apparues lors des assises chrétiennes de Bkerké, notamment sur ce qu’il est convenu d’appeler le « projet orthodoxe »
Au passage, le patriarche a convenu avec le chef de l’État que le projet de loi électorale de 1960 « est désormais caduc ».
Au sujet du TSL, le patriarche Raï a été d’avis que le renouvellement du protocole d’accord sur le tribunal international ne signifie pas remise en question de l’accord sur son existence même.
« Tout comme nous n’acceptons pas la politisation des tribunaux ou, pire, la falsification des jugements au Liban, nous ne l’accepterons pas au niveau international », a-t-il ajouté.