Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a affirmé hier qu’il redoute les armes du Hezbollah, si elles ne sont pas subordonnées à une stratégie de défense, tout en affirmant respecter le contenu de la déclaration ministérielle dans laquelle figure la triade « armée-peuple-résistance ».
Le chef de l’Église maronite est rentré dans la nuit d’hier au Liban, à l’issue d’une tournée pastorale qui l’a conduit en Jordanie et au Qatar.
Le chef de l’Église maronite a clôturé sa visite dans l’émirat en assistant à un déjeuner offert en son honneur par l’ambassadeur du Liban, Hassan Saad.
Prenant la parole au cours de ce déjeuner diplomatique, le patriarche Raï a rendu hommage au respect de la liberté religieuse dont fait preuve le Qatar.
Le patriarche a vu dans cette ouverture « un accueil de la modernité et de l’incontournable mondialisation ». Il n’a pas manqué de comparer cet accueil à ce qui marque le Liban et fait sa spécificité : « La rencontre entre les cultures et les religions. »
« L’essence du Liban, a-t-il dit, c’est que des chrétiens et des musulmans ont bâti ensemble un État démocratique respectueux de toutes les libertés et des droits de l’homme. Tous les États arabes qui se retrouvent dans ces principes devraient se donner la main et coopérer (…) pour former une seule famille arabe. »
Plut tôt dans la journée, le patriarche devait recevoir les représentants de plusieurs groupes politiques, dont Abdallah Nassar, représentant les Kataëb, et Raymond Gébara, représentant le Courant patriotique libre.
Le patriarche a ensuite rendu visite à l’école libanaise à Qatar, développée par l’ambassade du Liban, et qui abrite 1 700 élèves allant du jardin d’enfants aux classes terminales .
Le patriarche a signé un drapeau libanais qui lui a été présenté et a félicité le corps enseignant de l’établissement.
Déclaration à al-Jazira
En marge de sa visite avant-hier à Qatar, le patriarche a pris position contre la violence en Syrie, et a exprimé, non sans ambigüité, son hostilité à l’armement du Hezbollah, « pour peu qu’il ne s’inscrive pas dans le cadre d’une stratégie de défense ».
Le patriarche a condamné la violence en Syrie, « de quelque côté qu’elle vienne, du régime, du peuple ou des éléments armés ».
Au sujet des armes du Hezbollah, le patriarche a affirmé : « Oui, je redoute les armes du Hezbollah, en dehors d’une stratégie de défense. C’est pourquoi nous dialoguons avec ses dirigeants, que nous respectons. »
Le patriarche a rappelé que la communauté internationale réclame l’application des résolutions internationales, afin de régler la question des armes du Hezbollah .
Parallèlement, il a affirmé respecter les décisions du gouvernement actuel et la triade armée-peuple-résistance « figurant dans la déclaration ministérielle ».
Dîner
Par ailleurs, au cours d’un dîner offert en son honneur par la communauté libanaise à Qatar, le patriarche s’est félicité du dynamisme dont les Libanais font preuve, à tous les niveaux, y compris au niveau de la pratique religieuse, en harmonie avec la politique d’ouverture du Qatar.
Le patriarche a redit en outre sa gêne de voir les Libanais si profondément divisés. « Nous ne pouvons rester ainsi, a-t-il lancé. Nous ne pouvons pas continuer à entraîner les institutions dans nos divisions : empêchant l’élection d’un président, fermant le Parlement ou paralysant l’Exécutif (.. .) Il faut que tout le monde comprenne que personne ne saurait éliminer l’autre, et que nous sommes interdépendants les uns des autres. »
L'orient le jour