Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a notamment condamné hier l’attentat, soulignant, dans son homélie dominicale, que cette attaque constitue une « agression contre la paix et la stabilité du Liban ». Mgr Raï a également affirmé que les armes illégales doivent être sous le seul contrôle des autorités libanaises car, selon lui, « il n’est plus permis que la sécurité du pays soit prise en otage par quiconque, quelles que soient ses raisons ou son idéologie ».
Le 14 Mars accuse Damas et le Hezb
Pour le 14 Mars en revanche, c’est la Syrie qui serait derrière l’attentat dont elle aurait confié l’exécution au Hezbollah pour faire passer « un message à la France ». « Un autre message de Bachar » el-Assad, avait écrit samedi l’ancien Premier ministre et leader du courant du Futur, Saad Hariri, via son compte Twitter, en référence au président syrien qui fait l’objet de pressions internationales et arabes croissantes. En outre, le chef du bloc du Futur, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, s’est attardé sur « la nécessité de rendre aux institutions le pouvoir de décision, sans quoi la stabilité ne pourra jamais être établie ». M. Siniora a estimé dans ce cadre que l’attentat contre la Finul « est le résultat du laxisme de l’État et de la multiplication des îlots sécuritaires et des détenteurs d’armes ». Pour sa part, l’ancien ministre Mohammad Chatah, conseiller de M. Hariri, a estimé que « l’attaque contre la Finul vise la France, l’Europe et les Nations unies », avant de se demander, en s’adressant au Hezbollah : « La volonté populaire n’est-elle pas un motif suffisant pour ne pas défendre le régime syrien ? »
Par ailleurs, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui se trouve actuellement à Doha a réitéré sa condamnation de l’attentat lors d’une rencontre avec le ministre libanais des Affaires étrangères, Adnane Mansour. Il a appelé Beyrouth à « mener une enquête approfondie sur cette attaque dans les plus brefs délais afin d’en juger les auteurs », selon un communiqué de son bureau.
Sur le terrain
Sur le terrain, les enquêtes conduites par l’armée et la Finul se poursuivent, sous la supervision du commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, afin d’élucider les circonstances de l’attentat. Un responsable des services de sécurité à Tyr a affirmé à l’AFP que les enquêteurs étaient à la recherche de deux suspects qui ont été vus à bord d’une Mercedes dans les alentours du lieu de l’attentat, plus d’une heure avant l’attaque.
La bombe dissimulée sur le bas-côté de la route et « chargée de quatre à cinq kg de TNT a été actionnée à distance peu avant l’arrivée de la Jeep de la Finul, provoquant la destruction de l’avant du véhicule », a précisé ce responsable. « Si elle l’avait été au moment même du passage du véhicule, aucun (soldat) n’aurait eu la vie sauve », a-t-il ajouté.
En outre, selon des sources citées par l’agence al-Markaziya, « les efforts déployés dans l’enquête sont importants et visent à empêcher la répétition de pareilles attaques ». Un plan de prévention serait actuellement en cours d’examen, selon ces mêmes sources. Dans ce cadre, celles-ci ont confié que « l’explosion a amené la Finul à adopter des mesures préventives autour de ses postes et à accroître la précision et la prudence lors de la circulation de ses convois près des frontières (…) ». Samedi, quelques convois de la Finul ont effectué des tournées réduites, autour de points fixes à l’entrée de ses postes. Ainsi, selon al-Markaziya, un tank a été aperçu à l’entrée de Ayta el-Chaab, alors qu’ une patrouille du contingent espagnol s’est positionnée à proximité de la Porte de Fatmé. Une autre, appartenant à l’unité indonésienne, s’est arrêtée devant le village de Adayssé. De même, un convoi du contingent irlandais, formé de 20 soldats, a été aperçu en direction du marché populaire de Tebnine.
Samedi soir, une petite altercation avait opposé une patrouille du contingent italien à plusieurs habitants du village frontalier de Ramiya, après que le convoi eut été interdit de passage, selon l’agence al-Markaziya. Les habitants auraient arraché aux soldats de la Finul deux caméras, sous prétexte qu’ils filmaient des endroits interdits. Après l’intervention de l’armée libanaise, les caméras ont été remises au contingent italien, qui a ensuite poursuivi son chemin.
La mission pontificale à Tyr
Par ailleurs, le président de la mission pontificale dans le monde Mgr John Kozar a entamé une tournée dans le village de Yaroun aux frontières sud, accompagné de l’évêque grec-catholique de Tyr Mgr Georges Bacouni. « La mission pontificale est honorée d’œuvrer avec vous (…) pour la préservation de la présence chrétienne dans cette région (…) », a déclaré Mgr Kozar.