« Nous nous préparons à recevoir au Liban le pape Benoît XVI, a dit le patriarche. Recevons-le avec le sens de l’hospitalité qui est le nôtre. Nous vivons un temps privilégié, où le Liban a un rôle important à jouer. Ce n’est pas un hasard si le pape vient au Liban, et que c’est de cette terre que le message est adressé à l’Orient. Refusons que ce rôle soit compromis par nos divisions et divergences, nos crises économiques et sociales (…). Le pape sera chez nous pour les chrétiens d’Orient, le document qu’il signera chez nous est plus qu’un document, il est ce que dit l’Esprit aux Églises pour ce temps que nous vivons. Il est annonciateur d’un printemps nouveau pour l’Église ; il recèle en lui le principe vital d’un printemps arabe. »
Mise en garde contre un effondrement
En outre, déplorant que la leçon de la guerre du Liban n’ait pas profité à la Syrie, le patriarche maronite a mis en garde contre « des trames secrètes qui continuent d’être tissées contre le Liban, à travers toutes sortes de crises politiques, économiques et sociales ».
Mgr Raï a demandé que « les Libanais au moins retiennent les leçons de leur propre passé ». Mettant en garde contre « un effondrement » dans le pays si les responsables ne réussissent pas à dépasser leurs dissensions et unifier leurs rangs, le patriarche a déclaré : « À plusieurs reprises, nous frôlons les précipices, la vie s’arrête et nous nous retrouvons au bord de l’effondrement. »
Les relations sociales
Par ailleurs, le patriarche a brossé un sombre tableau de l’état des relations sociales et politiques au Liban. Il s’est dit témoin « de la dureté des cœurs » et a fait le constat « du mensonge et de l’hypocrisie qui polluent les relations, de la profondeur des haines que se portent parfois des hommes et des femmes, avec des différends qui éclatent au moindre prétexte, du dégoût qui prend à l’écoute des nouvelles ».
Le patriarche Raï a étendu son constat au monde arabe divisé. Ce monde arabe, a-t-il dit, « a besoin des chrétiens du Liban et du monde arabe », des chrétiens qui, selon lui, « ne sont ni une minorité ni des hôtes de passage (…), des chrétiens qui portent le message de l’Évangile de la paix, qui a pris naissance dans cette partie du monde à laquelle nous avons l’honneur d’appartenir ».
« En ce jour où nous évoquons le souvenir de la décollation de saint Jean-Baptiste, nous demandons que, par son intercession, nous soyons les témoins de l’amour et de la vérité au Liban, et dans toute la région, a-t-il lancé, c’est notre mission dans toutes les circonstances difficiles que nous avons connues, depuis 1975 : que soit frayée une route de justice dans le désert de l’oppression, une route d’amour dans le désert de la haine, une route de vérité dans le désert du mensonge, une route d’humilité dans le désert de l’orgueil. »
En soirée, le patriarche a présidé, à Bkerké, la cérémonie d’ordination épiscopale du P. Nasser Gemayel, nommé premier évêque du diocèse maronite nouvellement créé de France. Parallèlement, Mgr Gemayel sera visiteur apostolique maronite en Europe.
Dans la matinée, le patriarche avait reçu à Dimane une délégation des professeurs contractuels de l’Université libanaise, le directeur de la Fondation Farès, William Mjelli, et l’archevêque maronite de Tripoli, Mgr Georges Aboujaoudé.