Le chef de l'Église maronite a pris position sur ce plan à son retour hier après-midi de Rome, où il a assisté à la cérémonie de béatification du pape Jean-Paul II et rencontré des officiels italiens.
« N'ayons pas peur de former un gouvernement, n'ayons pas peur de nous faire confiance les uns aux autres, n'ayons pas peur de la dignité des hommes et des peuples, n'ayons pas peur d'affronter nos problèmes quotidiens, n'ayons pas peur de nous réconcilier », a-t-il lancé.
« Sans vouloir offenser quiconque et prêter le flanc à ceux qui nous accuserons de nous mêler de politique, disons que s'il est impossible de concilier les intérêts de certains blocs, pourquoi ne pas former un gouvernement neutre de technocrates, ne serait-ce que pour subvenir aux besoins de la population ? » a dit le patriarche maronite, revenant sur une proposition qu'il avait lancée il y a quelques semaines à ce sujet.
L'intérêt général
Évoquant les besoins des jeunes, des travailleurs et des familles, le patriarche Raï a affirmé que « l'intérêt général doit tout primer », insistant sur la nécessité de développer une « culture du don et de l'intérêt général, une culture que l'on peut décrire comme étant à la fois, démocratique, humaine et chrétienne ».
De fait, le patriarche a considéré que la persistance dans le blocage est « antidémocratique », puisque c'est faire payer à la population le prix du désaccord des hommes politiques.
Le patriarche Raï a par ailleurs rendu un nouvel hommage à Ziyad Baroud, qui a pris la décision de s'effacer de la scène ministérielle, si ce geste peut débloquer le processus de formation du gouvernement. « C'est la noblesse même, a-t-il dit, l'attitude de ceux qui dégagent la voie, plutôt que de poser des obstacles. »
« Le Machreq bouillonne », a encore dit le chef de l'Église maronite, qui a souligné la nécessité d'un gouvernement qui aide le Liban à faire face aussi bien aux difficultés de la vie quotidienne des Libanais qu'aux incertitudes régionales.
« Tout ça, bien entendu, si nous voulons d'un État. Car, dans le cas contraire, la question se pose autrement », a-t-il conclu sur ce point.
Sommet interreligieux
Sur un autre plan, le patriarche Raï a affirmé que le sommet interreligieux qui se tiendra le 12 mai prochain à Bkerké se penchera sur « les constantes nationales qui unissent les Libanais dans une même volonté de vivre en commun ». « Nous laisserons aux politiques le soin de nous dire comment le faire et sauvegarder le Liban », a-t-il ajouté en substance.
À ce sujet, des membres du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien ont annoncé hier que le communiqué final du sommet est en cours de rédaction, et que son avant-projet est examiné en ce moment par les représentants des diverses communautés.
Toutes les communautés religieuses ne seront pas représentées par leurs chefs, a-t-on également précisé de même source.
M. Mohammad Sammak, représentant de la communauté sunnite, a précisé que le sommet religieux sera suivi d'un déjeuner.
M. Abbas Halabi, représentent de la communauté druze au sein du Comité national pour le dialogue, a affirmé que les questions controversées des armes du Hezbollah et du Tribunal international ne figureront pas dans le communiqué.