Pendant son enfance, le futur cardinal a en effet suivi le parcours de formation canonique de l’Action catholique pour les jeunes garçons, articulé en trois étapes appelées « flamme blanche », « flamme verte » et enfin « flamme rouge ». « Comme vous pouvez le voir, la flamme rouge ne m’a plus quitté » a plaisanté le cardinal, en montrant aux journalistes la barrette pourpre qu’il venait de recevoir.
« C’est dans cette semence jetée par l’Action catholique, a poursuivi l’archevêque de Florence, qu’est née ma vocation sacerdotale. Un cheminement qui connaît aujourd’hui une nouvelle étape, celle que Benoît XVI a voulu me réserver aujourd’hui ».
Pour le cardinal Betori, la journée de prière et de préparation du Consistoire, qui s’est déroulée vendredi, 17 février, a été « un moment de partage très franc et très beau », dont l’objet était les « expériences respectives des églises locales » des nouveaux cardinaux.
Il a défini ce moment de partage comme un passage « consolant » parce qu’il a permis de faire émerger une Eglise « beaucoup plus ouverte et remplie d’espérance et de joie que ce qui pourrait sembler », aux yeux de l’opinion publique et des médias. Une Eglise « variée et structurée, avec de nombreuses branches », qui rétablit la justice par rapport à certains « clichés un peu trop obtus » qui se bornent à voir un seul profil de l’Eglise alors que celle-ci a des milliards de profils, aussi nombreux que le nombre de ses fidèles, ou, si vous préférez, des milliers, aussi nombreux que les diocèses répartis dans le monde ».
Une Eglise, donc, enracinée dans un territoire et en même temps universelle, dans laquelle « les élans de générosité ont toujours côtoyé les péchés des hommes » et qui reflète l’Esprit de Dieu, malgré les mesquineries des hommes et les malheurs des temps que nous traversons ».
Le « titre » attribué par le pape au cardinal Betori est celui de l’église romaine de San Marcello al Corso – non loin de la place de Venise – un des plus anciens, apparu en 304, et donc parmi les titres qui « font l’histoire du cardinalat ». C’est une Eglise qui n’est pas liée par hasard à l’histoire de Florence, puisqu’elle appartient aux Servites de Marie, un ordre qui marque « une des pages les plus significatives du moyen-âge florentin », a commenté l’archevêque.
Le nouveau cardinal a exprimé ensuite sa gratitude à l’égard des fidèles florentins venus nombreux à Rome (environ 1200 en tout) pour le consistoire. Betori a cité les personnalités institutionnelles, du maire au préfet et jusqu’au président de la Région, « qui, ces trois dernières années ont toujours su être à mes côtés ».
Le prélat a aussi dit combien il a apprécié l’affection des Florentins pour leur évêque « que ce soit pour sa personne ou pour sa fonction institutionnelle ». Une affection ressentie « tout particulièrement » à l’occasion de l’attentat du 4 novembre dernier qui laissa l’archevêque indemne, mais blessa son secrétaire.
Le cardinal a fait l’éloge de l’ouverture et de la participation dont les Florentins ont fait preuve dans d’autres circonstances dramatiques ou difficiles, comme lors de l’assassinat de cinq Sénégalais ou pour l’accueil réservé par la Caritas et par des paroisses à des réfugiés africains venus de Lampedusa. Répondant à une question de Zenit sur le rôle des évêques dans la société moderne et en particulier dans la nouvelle évangélisation, il a souhaité que les successeurs des apôtres assument un « plus grand élan missionnaire ».
« Si, dans le passé, a expliqué l’archevêque de Florence, l’évêque pouvait penser pouvoir prendre soin des âmes grâce à sa gestion de l’organisation pastorale et croire que son rôle s’arrêtait là, la diversité des situations aujourd’hui ne nous permet plus de nous limiter à vérifier ce qui « existe ».
« Lorsque mon prédécesseur, le serviteur de Dieu Mgr Elia Dalla Costa, effectuait ses visites pastorales, il se concentrait surtout sur le contrôle du catéchisme pour les enfants, ce qui est encore nécessaire aujourd’hui mais cela n’épuise pas la tâche d’un évêque ».
Aujourd’hui, a poursuivi le nouveau cardinal, il ne suffit plus de « vérifier les contenus de la foi », parce que « ce qui, autrefois, était l’horizon du chrétien » est devenu aujourd’hui, dans la plupart des diocèses d’Occident, un horizon « beaucoup plus fragmenté ».
Il a aussi expliqué que sa nomination cardinalice « ne modifie pas la nature ontologique de mon service, qui est donnée par ma nomination épiscopale ». Pour un évêque, toutefois, devenir cardinal signifie « renforcer le lien avec le Siège de Pierre, c’est-à-dire avec Rome ». En effet, aucun diocèse ne peut survivre « sans le lien avec le successeur de Pierre et avec son magistère. Par ailleurs, les liens entre Rome et Florence à travers les siècles ont toujours été intenses, même s’ils sont passés par des hauts et des bas ». Le cardinal Betori voit dans le serviteur de Dieu Giorgio La Pira, illustre maire du chef-lieu toscan, un homme emblématique de ce lien.
« La grandeur de Florence a toujours été de se percevoir comme une ville universelle, a ajouté l’archevêque. Dante lui-même, lorsqu’il écrivait au sujet de Florence, s’adressait au monde entier. Michel-Ange aussi sculptait et peignait dans cette optique universelle ».
Luca Marcolivio
Traduction d’Hélène Ginabat
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