« La rectitude morale et le respect impartial des autres et de leur bien-être sont indispensables au bien de toute société », a rappelé Benoît XVI dans ce discours au président de la république de Chypre, M.
Demetris Christofias, et au Corps diplomatique en poste à Chypre, ce samedi matin. Le pape a insisté sur l'importance du « bien commun » dans la gestion des affaires publiques.
En ce second jour de son voyage apostolique dans l'île, le premier rendez-vous de Benoît XVI ce samedi matin, à Chypre, l'a en effet conduit au palais présidentiel de Nicosie. Le pape a déposé une gerbe de fleurs au mémorial de l'archevêque Makários III, premier président de la République de Chypre.
Le pape lui a rendu hommage aussi dans son discours. Plus tard dans la matinée, il a visité le mémorial qui lui est dédié près de l'église orthodoxe et de la résidence de l'archevêque Chrysostomos et s'est recueilli en prière.
« Chacun de vous s'est engagé comme lui, dans sa vie publique, à servir le bien d'autrui dans la société, que ce soit sur le plan local, national ou international », a déclaré le pape avant de citer Platon, Aristote et les stoïciens, mais aussi « les grands philosophes musulmans et chrétiens qui les ont suivis ».
Pour eux, a souligné le pape, « la pratique de la vertu consistait à agir conformément à la juste raison, dans la recherche de tout ce qui est vrai, bon et beau ».
A propos du bien commun, le pape a ajouté cette analyse pour le bien des peuples : « Les anciens philosophes grecs nous enseignent aussi que le bien commun est précisément servi par l'influence de personnes dotées d'une profonde perspicacité morale et de courage. C'est ainsi que les politiques sont purifiées des intérêts égoïstes et des pressions partisanes et qu'elles reposent sur des bases plus solides. Plus encore, les aspirations légitimes de ceux que nous représentons se trouvent protégées et favorisées ».
« La rectitude morale et le respect impartial des autres et de leur bien-être sont indispensables au bien de toute société tandis qu'ils établissent un climat de confiance dans lequel les échanges humains, qu'ils soient religieux, économiques, sociaux et culturels, civils et politiques, acquiert de la vigueur et de la richesse ».
Le pape a rappelé aussi la vision religieuse dans laquelle « l'humanité constitue « une unique famille humaine, créée par Dieu » et est appelée à « promouvoir l'unité et à construire un monde plus juste et plus fraternel fondé sur des valeurs durables ».
Benoît XVI a également cité Jean-Paul II : « L'obligation morale ne devrait pas être vue comme une loi s'imposant elle-même de l'extérieur et requérant l'obéissance, mais plutôt comme une expression de la sagesse de Dieu à laquelle la liberté humaine se soumet volontiers » (cf. Veritatis Splendor, n. 41).
Le pape insiste sur le fait que la « Réalité Absolue » a son « reflet » dans la « conscience » comme une « invitation pressante à servir la vérité, la justice et l'amour ».
Le pape a exhorté les diplomates à cette attitude de service : « Sur le plan personnel, en tant que fonctionnaires, vous savez l'importance de la vérité, de l'intégrité et du respect dans vos relations avec les autres. Les relations personnelles constituent souvent les premiers pas vers la construction de la confiance et – le temps venu – de solides liens d'amitié entre les personnes, entre les peuples et entre les nations. C'est là une part essentielle de votre rôle, d'hommes politiques comme de diplomates ».
Des paroles qui font allusion à la situation d'occupation de l'île : « Dans les pays qui connaissent des situations politiques délicates, de telles relations personnelles, honnêtes et ouvertes, peuvent être le prélude d'un plus grand bien pour des sociétés et des peuples entiers. Laissez-moi vous encourager, vous tous qui êtes présents aujourd'hui, à saisir les opportunités qui s'offrent à vous, à titre personnel et institutionnel, pour construire ce type de relations et, ce faisant, à favoriser le bien plus grand du concert des nations et le bien véritable de ceux que vous représentez ».
Et d'expliquer que « promouvoir la vérité morale signifie agir de façon responsable sur la base de connaissances factuelles ».
« Une deuxième voie pour promouvoir la vérité morale consiste à déconstruire les idéologies politiques qui voudraient supplanter la vérité », a ajouté le pape mentionnant les « expériences tragiques du vingtième siècle » qui « ont mis à nu l'inhumanité qui s'ensuit lorsque la vérité et la dignité humaine sont niées ».
Rappelant son discours aux Nations Unies, le pape a ajouté : « J'ai attiré l'attention sur des tentatives conduites en certains lieux pour réinterpréter la Déclaration universelle des Droits de l'Homme dans le but de donner satisfaction à des intérêts particuliers qui compromettraient la cohérence interne de la Déclaration et l'éloignerait de son objectif originel » (cf. Discours à l'Assemblée Générale des Nations Unies, 18 avril 2008).
« Troisièmement, a fait observer le pape, promouvoir la vérité morale dans la vie publique appelle à un effort constant pour fonder les lois positives sur les principes éthiques de la loi naturelle ».
« Quand les politiques que nous soutenons sont appliquées en harmonie avec la loi naturelle qui est commune à notre humanité, nos actions deviennent alors plus saines et contribuent à un environnement de compréhension, de justice et de paix », a conclu le pape.
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