Le pape prend ses distances du cardinal-archevêque de Naples, Crescienzo Sepe, après une affaire de corruption. Après le grand ménage décidé par le pape face aux scandales de pédophilie,
le Vatican affiche son intention de mettre de l'ordre dans ses finances et la gestion de son patrimoine, comme l'illustre, selon les vaticanistes, son attitude face aux soupçons contre un cardinal.
Le cardinal-archevêque de Naples, Crescienzo Sepe, fait l'objet d'une enquête du parquet de Pérouse pour corruption aggravée entre 2001 et 2006 lorsqu'il dirigeait la Congrégation pour l'évangélisation des peuples (ancienne Propaganda Fide, PF). Elle gère les missions étrangères, surtout en Afrique et Asie, et les revenus générés par l'immense patrimoine immobilier du Vatican, estimé à 9 milliards d'euros.
Officiellement, le Saint-Siège lui a exprimé dimanche son « estime » et sa « solidarité », et a rappelé que la justice devait respecter le concordat (1929) excluant « toute ingérence de l'État italien dans le fonctionnement d'organes centraux de l'Église ». Mais pour Sandro Magister, vaticaniste de l'hebdomadaire Espresso, « il y a clairement une volonté du pape Benoît XVI de faire le ménage », et au-delà des formules convenues, le Vatican « a montré une grande froideur à l'égard du cardinal Sepe ».
Un autre signal est venu, selon lui, de déclarations anonymes dans la presse provenant des hautes sphères vaticanes selon lesquelles « pour les cas d'illégalité, la responsabilité est personnelle et n'implique pas l'institution ».
M. Magister a aussi rappelé la nomination en septembre 2009 d'un économiste respecté, Ettore Gotti Tedeschi, à la tête de la Banque du Vatican, la IOR, mêlée par le passé à des scandales (affaire Marcinkus). Autre indice et contrairement à ce qu'a affirmé Mgr Sepe lundi à Naples, « c'est bien le pape Benoît XVI qui l'a éloigné de Rome » en 2006 et l'a remplacé par un cardinal indien « à des années-lumière de toute mentalité affairiste », souligne-t-il.
La prise de distance du Vatican pourrait devenir plus nette dans les prochains jours puisque, selon la presse, le parquet de Pérouse prépare une commission rogatoire pour lui demander la documentation sur les achats-reventes d'immeubles et les contrats de location de Propaganda Fide pendant le mandat de Mgr Sepe. Les magistrats soupçonnent le cardinal d'avoir vendu un immeuble de PF à un tarif très inférieur au marché en 2004 au ministre Pietro Lunardi, alors chargé des infrastructures d'un gouvernement Berlusconi. En échange, M. Lunardi aurait octroyé des aides de 2,5 millions d'euros à PF pour des travaux jamais vraiment réalisés.
Pour le vaticaniste Bruno Bartoloni, « le scandale de pédophilie a laissé des traces, il y a une volonté du pape de laisser tomber l'hypocrisie, et d'avoir une attitude plus claire et nette dans tous les domaines ».
Mais « le Saint-Siège a rarement répondu aux commissions rogatoires italiennes », note-t-il. Selon lui, l'affaire va « traîner jusqu'à ce qu'elle soit oubliée » et le pape « se heurtera à des résistances internes de la curie romaine » car « les papes passent, les administrations restent ».
En outre, le cardinal Sepe, très aimé à Naples, se défendra avec vigueur. Lundi, il a renvoyé la balle dans le camp du Vatican en soulignant que tous ses bilans étaient approuvés par la secrétairerie d'État. Il s'est dit victime d'un complot venant « de l'intérieur et de l'extérieur de l'Église », dans une allusion, selon M. Magister, à l'actuel secrétaire d'État Tarcisio Bertone, bras droit de Benoît XVI. Et il a reçu hier le soutien remarqué du journaliste-écrivain Roberto Saviano (Gomorra), qui a souligné son action contre la mafia napolitaine, et du cardinal-archevêque de Cracovie (Pologne), Mgr Stanislaw Dziwisz, ex-secrétaire particulier du pape Jean-Paul II.
L'orient le jour
Le cardinal-archevêque de Naples, Crescienzo Sepe, fait l'objet d'une enquête du parquet de Pérouse pour corruption aggravée entre 2001 et 2006 lorsqu'il dirigeait la Congrégation pour l'évangélisation des peuples (ancienne Propaganda Fide, PF). Elle gère les missions étrangères, surtout en Afrique et Asie, et les revenus générés par l'immense patrimoine immobilier du Vatican, estimé à 9 milliards d'euros.
Officiellement, le Saint-Siège lui a exprimé dimanche son « estime » et sa « solidarité », et a rappelé que la justice devait respecter le concordat (1929) excluant « toute ingérence de l'État italien dans le fonctionnement d'organes centraux de l'Église ». Mais pour Sandro Magister, vaticaniste de l'hebdomadaire Espresso, « il y a clairement une volonté du pape Benoît XVI de faire le ménage », et au-delà des formules convenues, le Vatican « a montré une grande froideur à l'égard du cardinal Sepe ».
Un autre signal est venu, selon lui, de déclarations anonymes dans la presse provenant des hautes sphères vaticanes selon lesquelles « pour les cas d'illégalité, la responsabilité est personnelle et n'implique pas l'institution ».
M. Magister a aussi rappelé la nomination en septembre 2009 d'un économiste respecté, Ettore Gotti Tedeschi, à la tête de la Banque du Vatican, la IOR, mêlée par le passé à des scandales (affaire Marcinkus). Autre indice et contrairement à ce qu'a affirmé Mgr Sepe lundi à Naples, « c'est bien le pape Benoît XVI qui l'a éloigné de Rome » en 2006 et l'a remplacé par un cardinal indien « à des années-lumière de toute mentalité affairiste », souligne-t-il.
La prise de distance du Vatican pourrait devenir plus nette dans les prochains jours puisque, selon la presse, le parquet de Pérouse prépare une commission rogatoire pour lui demander la documentation sur les achats-reventes d'immeubles et les contrats de location de Propaganda Fide pendant le mandat de Mgr Sepe. Les magistrats soupçonnent le cardinal d'avoir vendu un immeuble de PF à un tarif très inférieur au marché en 2004 au ministre Pietro Lunardi, alors chargé des infrastructures d'un gouvernement Berlusconi. En échange, M. Lunardi aurait octroyé des aides de 2,5 millions d'euros à PF pour des travaux jamais vraiment réalisés.
Pour le vaticaniste Bruno Bartoloni, « le scandale de pédophilie a laissé des traces, il y a une volonté du pape de laisser tomber l'hypocrisie, et d'avoir une attitude plus claire et nette dans tous les domaines ».
Mais « le Saint-Siège a rarement répondu aux commissions rogatoires italiennes », note-t-il. Selon lui, l'affaire va « traîner jusqu'à ce qu'elle soit oubliée » et le pape « se heurtera à des résistances internes de la curie romaine » car « les papes passent, les administrations restent ».
En outre, le cardinal Sepe, très aimé à Naples, se défendra avec vigueur. Lundi, il a renvoyé la balle dans le camp du Vatican en soulignant que tous ses bilans étaient approuvés par la secrétairerie d'État. Il s'est dit victime d'un complot venant « de l'intérieur et de l'extérieur de l'Église », dans une allusion, selon M. Magister, à l'actuel secrétaire d'État Tarcisio Bertone, bras droit de Benoît XVI. Et il a reçu hier le soutien remarqué du journaliste-écrivain Roberto Saviano (Gomorra), qui a souligné son action contre la mafia napolitaine, et du cardinal-archevêque de Cracovie (Pologne), Mgr Stanislaw Dziwisz, ex-secrétaire particulier du pape Jean-Paul II.
L'orient le jour