Au cours de la conférence de presse qu'il a donnée dans l'avion qui le conduisait vers l'Australie pour présider les Journées mondiales de la jeunesse, le pape Benoît XVI a rappelé que l'Eglise s'engageait à prévenir et condamner les abus sexuels de la part du clergé.
Le pape a également déclaré aux 43 journalistes qui l'accompagnaient qu'il avait l'intention de sensibiliser les jeunes à une plus grande responsabilité à l'égard de la création.
La conférence de presse a duré une vingtaine de minutes. Le pape a répondu à cinq questions. Dans sa première réponse, il a confié ce qu'il attendait des JMJ, rappelant le thème du rassemblement : « Vous recevrez la force de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Alors vous serez mes témoins ».
L'Esprit Saint, a-t-il expliqué, transforme les fidèles en témoins du Seigneur. Le pape a ainsi formé le vœu que cette rencontre puisse encourager les jeunes à vivre leur foi de manière adulte et responsable, à l'égard de la création, de la société et de la vie sous toutes ses formes.
Le pape a souligné que la formule des JMJ, une initiative de Jean-Paul II, continue d'être valide aujourd'hui.Sécularisation
La deuxième question, posée par un journaliste du quotidien « The Australian », portait sur l'avenir de l'Eglise en Australie, l'une des sociétés les plus sécularisées au monde.
« Je suis optimiste, a répondu le pape. En ce moment historique, nous commençons à comprendre que nous avons besoin de Dieu ».
« Dans sa configuration historique, l'Australie fait partie du monde occidental », a rappelé Benoît XVI. « Au cours des cinquante dernières années, l'occident a connu de grands succès, des résultats économiques et technologiques. Mais la religion a été reléguée à l'arrière-plan ».
Cette crise se reflète souvent dans la pensée des personnes selon lesquelles « nous n'avons pas besoin de Dieu pour être heureux, nous n'avons pas besoin de Dieu pour construire un monde meilleur. Dieu n'est pas nécessaire ».
Cependant, cette vision est une vision passagère car « Dieu est présent dans le cœur des êtres humains et ne peut jamais disparaître ».
Les gens comprennent donc qu'ils ne peuvent pas trouver la justice et le bonheur en abandonnant Dieu, a expliqué le pape, selon une transcription du journal « The Australian ».
Par conséquent, a souligné Benoît XVI, il faut trouver le moyen de réveiller la foi, de la faire comprendre aux hommes d'aujourd'hui, même dans une société sécularisée comme la société australienne.Abus sexuels
La troisième question, posée par un journaliste australien, portait sur les abus sexuels par des membres du clergé catholique.
Le pape a répondu que l'Eglise condamne ces abus de la manière la plus absolue. Comme moyens de prévention de ces actes criminels, Benoît XVI a cité l'engagement de l'Eglise pour une meilleure formation des prêtres, et le magistère de l'Eglise.
« Nous devons aider les prêtres à rester vraiment proches du Christ, à apprendre du Christ », a-t-il dit. « Nous ferons tout notre possible pour clarifier l'enseignement de l'Eglise ».
En particulier, a-t-il assuré, l'Eglise sera plus scrupuleuse dans la préparation des séminaristes au sacerdoce et dans la « formation permanente » des prêtres.
« Nous ferons tout notre possible pour guérir et chercher la réconciliation avec les victimes », a-t-il ajouté. « Il est essentiel pour l'Eglise de réconcilier, prévenir, aider », a-t-il déclaré. « Je dirai essentiellement ce que j'ai déjà dit aux Etats-Unis », a précisé Benoît XVI.Changements climatiques
Répondant à la quatrième question sur les changements climatiques, le pape a dit qu'il parlerait aux jeunes du nécessaire « réveil des consciences » sur l'importance de la sauvegarde de la création.
Benoît XVI a précisé qu'il n'avait pas « la prétention d'intervenir sur des questions techniques et politiques », mais que « nous avons une responsabilité vis-à-vis de la création », et que « l'Eglise doit donner les impulsions essentielles pour que la politique soit capable de répondre à ce grand défi ».
« Nous devons redécouvrir notre responsabilité, a-t-il ajouté, trouver la capacité éthique d'adopter un style de vie nécessaire si nous voulons changer et trouver des solutions positives ».
« Nous devons réveiller les consciences, considérer le contexte dans son ensemble, a-t-il dit, mais c'est la politique et les experts qui doivent trouver les réponses ».La Communion anglicane
La cinquième et dernière question portait sur la Communion anglicane et la prochaine conférence de Lambeth, qui se déroule tous les dix ans et qui aura lieu du 16 juillet au 4 août prochains.
Benoît XVI est intervenu en particulier sur la question de l'ordination épiscopale des femmes. Le synode général de l'Eglise d'Angleterre, qui a eu lieu du 4 au 8 juillet à York, s'est prononcé en faveur de cette ordination.
Le Saint-Père a dit qu'il était « proche » des évêques anglicans par la prière et il a formé le vœu que de « nouvelles fractures » et schismes soient évités, après le refus de cette décision de la part de certaines communautés plus traditionnelles.
« Ma contribution, a dit le pape, ne peut être que la prière, et ma prière sera très proche des évêques anglicans qui se réunissent ».
« Nous ne pouvons pas et ne devons pas intervenir immédiatement dans leurs discussions, nous respectons leur responsabilité », a-t-il ajouté.
« Mon désir est que l'on puisse éviter de nouvelles fractures et que l'on trouve la solution dans une attitude responsable face à notre temps et à l'Evangile. Les deux choses doivent aller de pair », a-t-il expliqué.
« Le christianisme contemporain doit rendre présent tout le message du Christ et apporter sa propre contribution en étant fidèle à ce message », a-t-il poursuivi.
« Espérons qu'ils trouvent ensemble le chemin pour rendre l'Evangile présent dans notre temps. Ceci est mon souhait pour la communion anglicane », a conclu Benoît XVI.
ROME, Lundi 14 juillet 2008 (ZENIT.org)