«L’islam historique en Turquie est un islam de confréries, ce qui lui donne un visage particulier». Dans un tout autre contexte, l’archevêque d’Addis-Abeba (Éthiopie), Mgr Souraphiel, se soucie de ses fidèles qui émigrent au Moyen-Orient : «Pour obtenir leur visa, ils transforment leur nom chrétien en nom musulman et s’habillent comme les musulmans. Ainsi, ils sont indirectement forcés à renier leurs racines chrétiennes.»
Depuis l’ouverture de ce Synode consacré aux chrétiens du Proche-Orient lundi 11 octobre, chacun comprend que, selon qu’il exerce son ministère en Afrique du Nord, dans le monde persan, arabe ou turc, les conditions du dialogue avec l’islam sont différentes.
«Nous avons le devoir fondamental de travailler ensemble»
Beaucoup évoquent donc « des » islams, au pluriel. Par ailleurs, selon un diplomate du Saint-Siège, le dialogue prend un tour nouveau lorsque, en Arabie saoudite, pays considéré de fait comme une mosquée, un quart de la population serait aujourd’hui chrétienne du fait de l’immigration asiatique.
Du simple témoignage au débat parfois musclé, les limites se dessinent diversement. Selon un observateur interne, une tendance se dégage tout de même : « La volonté de dialoguer, la prudence, ne doivent pas occulter les vrais problèmes. »
Deux dénominateurs communs ressortent des débats : la liberté de conscience et de conversion revendiquée par tous au titre des droits de l’homme, et la volonté de dissocier islam et islamisme. Mgr Bechara Rai, évêque de Jbeil des Maronites (Liban), a également voulu rappeler que la guerre entre sunnites et chiites est à l’origine de tensions fortes dans la région.
C’est dans ce contexte que Muhammad Al Sammak, conseiller politique du mufti de la République au Liban, a évoqué jeudi après-midi la perte que représenterait pour le Moyen-Orient une absence des chrétiens. « Nous avons la même culture, le même langage, les mêmes valeurs. Nous avons le devoir fondamental de travailler ensemble », a-t-il déclaré mercredi soir devant la communauté Sant’Egidio dont il est proche.
Frédéric MOUNIER, à Rome
la-croix.com