« La Croix parle d'espérance, elle parle d'amour, elle parle de la victoire de la non-violence sur l'oppression », a déclaré Benoît XVI ce samedi soir, en l'église de la Sainte-Croix de Nicosie, en présence de représentants de la communauté catholique de Chypre
Pour Benoît XVI, la croix, c'est l'antidote à « l'inhumanité ». Elle seule met « fin » à la violence.
Le pape a célébré la messe de l'Exaltation de la Sainte Croix, avec les lectures et les prières, ainsi que les ornements liturgiques, rouges, de la fête du 14 septembre.
Benoît XVI a ainsi évoqué indirectement les souffrances de l'île de Chypre, divisée et occupée, et des chrétiens du Moyen Orient. Mais alors que l'archevêque orthodoxe Chysostomos II a évoqué, vendredi, lors de la rencontre œcuménique, « la barbarie des Turcs » qui occupent le tiers nord de l'île depuis 1974, le P. Federico Lombardi a fait observer que le pape a gardé une attitude de prudence. « Le rôle de Benoît XVI est d'apporter un message de paix aux Chypriotes, et non pas un message politique », a expliqué le porte-parole du Saint-Siège.
La Croix, a insisté le pape dans son homélie, dit que Dieu relève celui qui est humble, qu'il fortifie le faible, qu'il triomphe des divisions et surmonte la haine par l'amour ».
Le pape souligne que la croix, c'est l'antidote à l'inhumanité : « Un monde sans la Croix serait un monde sans espérance, un monde dans lequel la torture et la brutalité seraient sans contrôle, où la faiblesse serait exploitée et l'avidité aurait le dernier mot. L'inhumanité de l'homme pour l'homme se manifesterait de façon toujours plus horrible, et il n'y aurait aucune fin au cercle vicieux de la violence ».
Pour Benoît XVI en effet la Croix « seule » met « fin » à la violence : « Alors qu'aucun pouvoir terrestre ne peut nous sauver des conséquences de nos péchés, et qu'aucun pouvoir terrestre ne peut vaincre l'injustice à sa source, l'intervention salvatrice de notre Dieu d'amour a pourtant transformé la réalité du péché et de la mort en leur contraire. C'est ce que nous célébrons quand nous nous glorifions dans la Croix de notre Rédempteur ».
Et c'est justement un auteur crétois qui est cité dans le bréviaire le jour de la fête de la Croix glorieuse, saint André de Crête, dont le pape cite ce passage : « C'est ce que fait, à juste titre, saint André de Crête en décrivant la croix comme « le meilleur et le plus magnifique de tous les biens ; car c'est en lui, par lui et pour lui que tout l'essentiel de notre salut consiste et a été restauré pour nous » (Oratio X ; PG 97, 1018-1019 ; trad. Liturgie des Heures, Office des lectures, 14 septembre) ».
Plus encore le pape voit dans la croix un mystère « confié » aux chrétiens et qu'ils ont la mission de « transmettre » : « Chers frères prêtres, chers religieux, chers catéchistes, le message de la Croix nous a été confié, afin que nous puissions offrir l'espérance au monde. Quand nous proclamons le Christ crucifié, c'est Lui que nous annonçons et non nous-mêmes . Nous n'offrons pas notre sagesse au monde, ni ne revendiquons un mérite quelconque de notre part, mais nous agissons comme des canaux de sa sagesse, de son amour et de ses mérites salvateurs. Nous savons que nous sommes simplement des vases d'argile, cependant, étonnamment, nous avons été choisis pour être les hérauts de la vérité qui sauve et que le monde a besoin d'entendre ».
Le pape a aussi averti que les fautes des chrétiens affaiblissent leur témoignage : « Efforçons-nous de devenir moins indignes de notre noble appel, de peur que par nos fautes et nos manquements nous n'affaiblissions la crédibilité de notre témoignage ».
ZENIT