L'Eglise n'est ni de droite ni de gauche, rappelle un responsable du Vatican après les propos de Benoît XVI sur la diversité. La prise de position de Mgr Agostino Marchetto a été déformée : l'agence I. Media publie la traduction en français
de l'intervention du secrétaire – numéro deux – du Conseil pontifical pour les migrants. Une dépêche d'Antoine-Marie Izoar.
Après l'Angélus du 22 août 2010 au cours duquel Benoît XVI avait lancé un appel, en français, pour l'accueil des « légitimes diversités humaines », et les nombreuses réactions dans l'hexagone sur fond de renvois de Roms dans leurs pays, le secrétaire du Conseil pontifical pour les migrants et les personnes en déplacement a tenu à rappeler que l'Eglise n'était ni de droite ni de gauche. Interrogé par I.MEDIA le 26 août, Mgr Agostino Marchetto a expliqué que l'Eglise n'entendait pas « entrer dans les discussions politiques » tout en déplorant les nouvelles expulsions de Roms par la France.
« Lorsque l'on prend la défense des droits de l'homme, lorsque l'on parle du respect de la dignité des personnes, en particulier des femmes et des enfants, on ne fait pas de la politique mais de la pastorale », a ainsi soutenu Mgr Agostino Marchetto. « L'Eglise est l'Eglise, a-t-il martelé, elle n'est pas à droite, elle n'est pas à gauche, elle n'est pas au centre. Elle présente respectueusement son point de vue sur tout ce qui concerne la loi morale, la doctrine sociale de l'Eglise ».
« La morale, ce ne sont pas seulement les questions de sexualité, d'avortement ou de mariage entre personnes du même sexe, la morale englobe l'homme tout entier », a renchéri le prélat. Et d'expliquer : « nous ne voulons pas entrer dans les discussions politiques, mais nous sommes pour la cause de l'homme, et en particulier de ceux qui, à un moment donné, souffrent davantage et doivent être aidés à vaincre leurs difficultés ».
Pas d'expulsions collectives
Interpellé sur le récent durcissement de la politique du gouvernement français à l'égard des Roms et le renvoi de centaines d'entre eux dans leurs pays, Mgr Agostino Marchetto a soutenu que ces expulsions ne pouvaient pas être « collectives ». « Il faut être attentif aux différents cas et l'on ne peut pas culpabiliser toute une population pour les manquements à la loi de certains », a affirmé le prélat italien.
« Lorsqu'il y a des expulsions, il y a des souffrances, a encore soutenu Mgr Marchetto, et je ne peux donc pas me réjouir des souffrances de ces personnes, en particulier quant il s'agit de personnes faibles et pauvres qui ont été persécutées, qui ont été victimes elles aussi d'un ‘holocauste' et demeurent pourchassées ».
Mgr Marchetto a également répondu au vice-président du Front national (extrême droite) Bruno Gollnisch qui, le 25 août, a suggéré que les Roms puissent « s'installer place Saint-Pierre », en réponse à l'appel du pape. « Au final, on entend toujours cela, a expliqué ce responsable du Vatican, mais c'est parce que certains ne comprennent pas que le pape est aussi présent à travers tous ceux qui, dans le monde, s'occupent des plus pauvres ». « Il faut en finir, a souhaité Mgr Marchetto, avec cette identification entre la papauté et le territoire de l'Etat du Vatican qui est le minimum indispensable pour soutenir le ministère du pape. Il faut respecter le plus petit Etat du monde qui permet au pape d'être libre vis-à-vis du monde entier et de se prononcer avec beaucoup de respect lorsque des hommes souffrent ».
Enfin, en réponse aux propos de l'économiste Alain Minc qui, pour sa part, avait jugé que Benoît XVI, « allemand » et « héritier » de l'Histoire de l'Allemagne, n'avait pas le droit de critiquer implicitement la politique française, Mgr Marchetto a rappelé que le pape était « le pasteur de l'Eglise universelle, de ceux qui sont les plus faibles ». « Il faut arrêter de mettre une étiquette sur le pape à chaque fois qu'il dit quelque chose », a encore demandé le prélat italien, notant que, « dans toute cette affaire, il existe beaucoup de préjugés, d'idéologies, et d'intérêts».
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