L'unité et la réconciliation constituent l'objectif du voyage du pape en Angleterre. Un objectif bien présent dans ses conversations surtout avec celui qui est depuis sept ans le primat de la Communion anglicane.
Rowan Williams n'est pas un personnage très connu hors de l'Angleterre. Originaire du pays de Galles, il est âgé de 60 ans et est considéré comme l'un des hommes les plus cultivés de notre temps. Il connaît et parle huit langues. Docteur en philosophie et théologie, il a passé une grande partie de sa vie à enseigner dans les deux plus importantes universités anglaises, celle de Cambridge et celle d'Oxford. Depuis 1981 il est marié avec Jane Paul, elle aussi théologienne et professeur à l'université, avec qui il a eu deux enfants.
La formation religieuse de l'archevêque a des caractéristiques très particulières. Elle est le résultat d'un amour et d'une connaissance de toutes les formes qui, au fil des siècles, ont marqué la religion chrétienne au moment des divisions. Il provient d'une famille de luthériens jansénistes qui ont posé les jalons de sa foi religieuse. Mais, jeune, il a voulu être élevé dans la tradition anglo-catholique, et, adulte, s'est consacré avec grande passion à l'étude de la tradition russe-orthodoxe. L'œcuménisme est donc un élément connaturel de son esprit.
Mais, caractéristique assez surprenante de ce personnage, Rowan Williams est aussi un des grands poètes de notre temps, classé parmi les auteurs classiques modernes comme par exemple Thomas Stearns Eliot.
Ses œuvres font déjà partie de la littérature anglaise. Sous ce profil, Rowan Williams est assez méconnu en Italie. En effet, on ne trouve qu'un seul recueil de ses poésies, publié récemment par la Maison d'édition Ancora, sous le titre « La douzième nuit ». Un livret dans lequel transparait magnifiquement le grand talent de l'auteur. Les poésies sont précédées d'une érudite introduction du père jésuite Antonio Spadaro, expert du secteur « Littérature » dans la précieuse revue des jésuites, « Civilta Cattolica », la plus ancienne de toutes les revues du paysage culturel italien, qui fête cette années les 140 ans de son existence.
Dans son essai, qui s'intitule « Comment lire la poésie de Rowan Williams », le père Antonio Spadaro souligne qu'il ne s'agit pas d'une « poésie religieuse ou théologienne au sens strict ». « Tout au plus la théologie recueille l'expérience du monde de l'auteur et la compénètre de significations et de résonances profondes ».
Lire les versets de l'archevêque de Canterbury est « une entreprise ardue et difficile », explique le père Spadaro. Mais c'est justement parce que l'auteur est un vrai artiste qu'il utilise un langage riche de symboles et affronte les thèmes les plus dramatiques de l'humanité de notre temps, les revisitant dans l'optique du surnaturel. Le résultat est d'une extraordinaire fascination, qui trouble, impressionne, absorbe.
Un vrai poète donc. Et cet artiste s'est retrouvé face à un autre grand intellectuel, Joseph Ratzinger, qui, déjà à l'époque du Concile Vatican II, alors qu'il avait à peine plus de 35 ans, était considéré un des hommes les plus cultivés d'Europe. Un grand théologien mais un grand humaniste aussi. Passionné de musique classique, fin connaisseur et grand amateur des chefs-d'œuvre symphoniques immortels de compositeurs européens, et lui-même pianiste.
Deux théologiens, qui sont aussi deux artistes, ont discuté de problèmes qui touchent l'homme et Dieu. En dignes théologiens qu'ils sont mais certainement aussi comme de bons artistes, dans un style donc inédit, comme le suggère la devise choisie par Benoît XVI pour cette visite en Grande Bretagne : « Le cœur parle au cœur».
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