A la veille d’une réunion des Comités olympiques européens, le 20 février 2008 à Lausanne, Reporters sans frontières et Article 19 ont adressé des courriers à tous
les présidents des Comités olympiques nationaux d’Europe et à Patrick Joseph Hickey, président des Comités olympiques européens.
"Ne sommes-nous pas en droit d’attendre de vos comités qu’ils s’engagent collectivement à n’inclure aucune restriction à la liberté de parole des athlètes européens qui se rendront à Pékin ? La Charte olympique est suffisamment précise en la matière pour que les Comités olympiques nationaux n’ajoutent pas de nouveaux interdits. La tentative par la British Olympic Association de limiter le droit des athlètes à s’exprimer sur "tout sujet politique sensible" lors des JO de Pékin était une initiative regrettable. Nous nous réjouissons d’ailleurs que le comité britannique ait, depuis, fait machine arrière. Nous saluons les initiatives de plusieurs comités olympiques européens, notamment ceux de Suède et de Norvège, qui ont sensibilisé leurs athlètes à la situation des droits de l’homme en Chine", ont écrit les deux organisations.Dans leurs lettres, Reporters sans frontières et Article 19 ont souhaité que les comités affirment sans ambigüité que la liberté de parole n’est pas restreinte par l’article 51 (3) de la Charte olympique qui interdit la propagande raciale, religieuse ou politique dans les sites olympiques. Les comités nationaux et tout autre membre du mouvement olympique ne doivent pas essayer de limiter la liberté d’expression des athlètes."Les athlètes ne doivent pas être privés du droit de répondre aux questions de la presse ou de faire des commentaires sur la situation des droits de l’homme en Chine ou dans tout autre pays, de peur que cela affecte leur carrière sportive. En effet, l’article 51 (3) n’interdit pas aux athlètes de prendre position sur la question des droits de l’homme".Reporters sans frontières et Article 19 ont demandé que "les Comités olympiques européens prennent à bras le corps la question des droits de l’homme en Chine populaire". "Comme vous le savez, les autorités chinoises ont promis, à Moscou, en 2001, des améliorations dans le domaine des droits de l’homme et une "liberté de la presse totale". Or, notre inquiétude est grande de voir le mouvement olympique incapable d’obtenir du gouvernement chinois qu’il respecte ses engagements"."Sept ans plus tard, en effet, une centaine de journalistes, cyberdissidents et défenseurs de la liberté d’expression sont emprisonnés. Le dissident Hu Jia a été arrêté il y a quelques semaines seulement, pour s’être exprimé sur la situation des droits de l’homme avant les Jeux olympiques. Vous savez comme nous qu’il n’est pas acceptable que des citoyens Chinois qui s’engagent pour plus de libertés soient condamnés à observer la plus grande fête du sport depuis leur cellule".
"Le Comité international olympique reste dramatiquement silencieux sur ces questions. Les Comités olympiques européens doivent se comporter autrement et se faire les garants des valeurs humanistes contenues dans la Charte olympique. Vos comités doivent ouvrir ce débat et prendre position avant août prochain. Si rien n’est fait, les JO seront gâchés et entachés par la situation déplorable des libertés en Chine", ont ajouté les organisations à l’adresse des Comités olympiques européens."Empêcher les athlètes de parler des violations des droits de l’homme est contraire à leur liberté d’expression, et viole les principes de la Charte olympique. Cela est aussi en contradiction avec l’esprit des Jeux olympiques et revient à soutenir les violations des droits de l’homme, notamment en Chine", a ajouté Article 19."Vous le savez, le gouvernement et le Parti communiste chinois attachent la plus grande importance à la réussite des Jeux olympiques. Aussi, Mesdames et Messieurs les présidents, il n’est pas trop tard pour obtenir des organisateurs de Pékin 2008 des libérations de prisonniers d’opinion et la levée de la censure", ont conclu Reporters sans frontières et Article 19.
Reporters sans frontières 19/2/2008