Le 13 septembre 2008, une délégation de Reporters sans frontières, conduite par son secrétaire général Robert Ménard, et le journaliste français Patrick Poivre d’Arvor ont été interdits d’entrée sur le territoire syrien.
Le photographe François Daburon qui les accompagnait a également été privé d’un visa d’entrée. Après avoir rencontré plusieurs journalistes libanais à Beyrouth, les représentants de Reporters sans frontières et Patrick Poivre d’Arvor devaient se rendre en Syrie pour rencontrer des familles de journalistes emprisonnés. Selon les informations recueillies par l’organisation, le ministre syrien de l’Information, Mohsen Bilal, serait à l’origine de cette décision. "Ils n’obtiendront pas de visa. Ni maintenant, ni jamais", aurait déclaré le responsable syrien.
"Nous ne sommes pas étonnés de ce refus. Les autorités syriennes contrôlent méticuleusement les déplacements des journalistes étrangers sur le territoire pour empêcher tout reportage sur les exactions du régime. A l’image d’autres Etats autoritaires, la Syrie reste un pays hermétique où l’information ne circule pas librement. On ne peut que déplorer que le retour du président Bachar el-Assad sur la scène internationale, facilité et accéléré par le président français Nicolas Sarkozy, ne s’accompagne d’aucun progrès dans le domaine des droits de l’homme", a déclaré Reporters sans frontières.
Une délégation de Reporters sans frontières, accompagnée du journaliste Patrick Poivre d’Arvor et du photographe François Daburon, se sont vu notifier un refus de visa au poste frontière de Masnaa, le 13 septembre 2008, à la frontière libano-syrienne. Les autorités de l’immigration n’ont fourni aucune raison à ce refus. L’intervention de l’Union des journalistes et du Centre syrien pour les médias, organisation partenaire de Reporters sans frontières, n’y a rien changé. Les journalistes étrangers qui se présentent aux frontières syriennes doivent obligatoirement recevoir l’aval du ministère de l’Information à Damas.
L’organisation rappelle que quatre journalistes et cinq cyberdissidents sont emprisonnés en Syrie. Parmi eux, l’écrivain et poète Firas Saad purge une peine de quatre ans de prison pour avoir dénoncé, sur un site Internet, le "défaitisme" du régime syrien dans la guerre au Liban de juillet 2006. L’écrivain et journaliste Michel Kilo et l’avocat Anouar Al-Bounni sont emprisonnés depuis mai 2006 pour avoir appelé à un rapprochement entre la Syrie et le Liban. Enfin, les journalistes Fayez Sara, Akram Al-Bounni et Ali Abdallah sont détenus à la prison d’Adra dans l’attente de leur jugement. Leur procès reprendra le 24 septembre 2008. Ils risquent entre trois et quinze ans de prison pour avoir appelé à des réformes démocratiques en Syrie.
Le président français Nicolas Sarkozy s’est rendu à Damas, les 3 et 4 septembre dernier, après avoir reçu en grande pompe son homologue syrien pour l’ouverture du sommet de l’Union pour la Méditerranée, à Paris, en juillet 2008. "Chaque pays a son histoire, ses traditions, ses valeurs. La conviction de la France c’est qu’un respect scrupuleux de la liberté d’opinion constitue un atout et non un handicap dans la lutte contre l’extrémisme. C’est une question qu’avec Bernard Kouchner nous avions évoquée avec le président Bachar el-Assad lors de sa visite à Paris le 13 juillet. Nous avions parlé des principes et des personnes. Je veux dire que j’ai été très heureux de la libération de deux des personnes qui étaient inscrites sur ces listes dans le courant de l’été. Nous avons poursuivi aujourd’hui notre dialogue et j’espère que petit à petit il s’enrichira d’autres initiatives. C’est le vœu que je forme", avait affirmé le président Nicolas Sarkozy, lors de sa conférence de presse conjointe avec le président Bachar el-Assad, le 3 septembre 2008. L’opposant syrien Aref Dalila, incarcéré depuis 2001 pour avoir appelé au pluralisme politique et aux libertés publiques en Syrie, a été libéré le 7 août 2008. L’identité du deuxième détenu politique syrien qui aurait été libéré n’a pas été révélée.
RSF 15.09.2008