Reporters sans frontières prend acte de l’annonce, le 4 août 2009, de l’arrestation de trois individus ayant reconnu être responsables de l’enlèvement et de l’assassinat odieux d’Atwar Bahjat,
présentatrice de la chaîne de télévision arabe satellitaire Al-Arabiya, de Khaled Mahmoud Al-Falahi, cameraman, et d’Adnane Khaïrallah, preneur de son, le 22 février 2006 à Samarra (nord de Bagdad).
« Nous tenons à souligner et à saluer l’important travail d’investigation des autorités irakiennes depuis 2006. Ces arrestations constituent une avancée, mais il reste à faire toute la lumière sur cette affaire, en précisant le rôle de des trois assassins présumés, et en identifiant les commanditaires. Nous espérons maintenant la tenue d’un procès juste et équitable, en application de la loi irakienne. La réouverture de ce dossier permet de rappeler la situation extrêmement dangereuse dans laquelle travaillent les journalistes en Irak. Leur protection doit être une priorité, quels que soient leur nationalité, leur religion ou le média pour lequel ils travaillent », a déclaré l’organisation.
Le 4 août 2009, lors d’une conférence de presse organisée à Bagdad, le ministère de la Défense irakien, a annoncé que trois frères, Yasser, Mahmoud et Ghazouane Al-Takhi, membres du gang « Jaish Mohammed » avaient été arrêtés dans le cadre de l’enlèvement et du meurtre de la journaliste et de ses deux collaborateurs. Les trois hommes sont passés aux aveux, décrivant de manière précise, dans un enregistrement filmé, le déroulement des événements de la nuit du 22 au 23 février 2006, sans pour autant revenir sur les motivations qui étaient les leurs. Le gang « Jaish Mohammed » est responsable de l’attentat perpétré contre le siège des Nations unies à Bagdad en 2003, qui avait coûté la vie au représentant des Nations unies en Irak, Sergio De Mello.
Qassim Atta, porte-parole de l’armée irakienne, a révélé les circonstances qui ont conduit à cette arrestation au domicile d’un des meurtriers dans la ville de Dora, près de Bagdad. Il a évoqué le travail minutieux des services de renseignement.
Contacté par Reporters sans frontières, le porte-parole de la chaîne Al-Arabiya, Nasser Al-Sirami, s’est déclaré « satisfait du travail des autorités irakiennes, qui ont poursuivi l’enquête, alors qu’un premier procès avait déjà eu lieu suite à cet assassinat ».
Atwar Bahjat, Khaled Mahmoud Al-Falahi et Adnane Khaïrallah s’étaient rendus à Samarra le 22 février 2006 pour couvrir, pour la chaîne Al-Arabiya, la destruction partielle d’un mausolée chiite au cours d’un attentat. La présentatrice avait réalisé deux directs dans cette ville, avant d’en repartir tard dans l’après-midi. Selon la police, les trois journalistes ont été enlevés peu après, pour des motifs encore inconnus. Une quatrième personne qui les accompagnait avait pu prendre la fuite. Les corps des journalistes ont été retrouvés le lendemain matin, à quelques kilomètres de Samarra. Le 11 octobre 2006, un meurtrier présumé avait été condamné à la peine capitale par les tribunaux irakiens.
En hommage au travail et à la personnalité de la journaliste, la chaîne Al-Arabiya a lancé, le 30 avril 2007, le « prix Atwar Bahjat », afin de récompenser chaque année une journaliste, pour ses reportages dans les zones de guerre.
Al-Arabiya est le média étranger qui a payé le plus lourd tribut depuis le début de la guerre en Irak en 2003, avec huit journalistes et techniciens tués.
Reporters sans frontieres 4/8/2009