Reporters sans frontières demande la libération immédiate de six blogueurs chinois, arrêtés au cours de la dernière semaine de juin 2009 par les autorités de la province du Fujian (Sud-Est) pour "diffamation" et "haute trahison".
Selon les informations recueillies par l’organisation auprès d’avocats, ces blogueurs résidants dans la région avaient publié des articles sur une jeune femme, Yan Xiaoling, qui serait morte, le 11 février 2008, suite à un viol collectif. "L’incarcération de ces blogueurs pour avoir révélé le viol et le décès d’une femme est injustifiable. La police accuse les blogueurs de ’diffamation’, sans même préciser qui sont les personnes diffamées, et de ’haute trahison’, sans aucune preuve tangible. Il s’agit d’une tentative des autorités du Fujian d’étouffer cette affaire tragique pour protéger des personnes influentes. Le fait que les avocats librement choisis ne puissent rencontrer leurs clients renforce l’idée qu’il s’agit d’une punition politique à l’encontre de blogueurs gênants", a affirmé l’organisation. Les blogueurs arrêtés (You Jingyou, Fan Yanqiong, Wu Huaying, Guo Baofeng, Qun Huanhui et son épouse) ont repris les premières déclarations des infirmiers qui avaient traité la victime. Selon ces derniers, elle serait décédée d’une hémorragie de l’utérus, après le viol "par au moins cinq ou six personnes." Ces résultats avaient été contestés par les autorités locales déclarant qu’"aucune violence n’avait été infligée à Yan Xiaoling".
Selon le blog de Liu Xiaoyuan (http://blog.sina.com.cn/s/blog_49da…), l’avocat de renom représentant le blogueur You Jingyou, des infirmiers de l’hôpital du district de Minqing dans la province du Fujian, avaient donné ces informations à Liu Xiuying, le père de la victime. Malgré la gravité de l’affaire, les autorités locales s’étaient montrées peu disposées à mener une enquête. La mère avait dû payer 5 000 RMB (500 euros) pour une autopsie. Selon les autorités locales, le rapport final n’incriminait personne, précisant que la victime avait "succombé à une grossesse extra-utérine". Après l’annonce des résultats de l’autopsie, Liu Xiuying s’était adressé sans succès à diverses juridictions. L’affaire avait été finalement révélée par plusieurs blogueurs. Personne n’a été inquiété pour ce viol collectif et ce meurtre. Pourtant, des soupçons, relayés par des blogueurs, se portent sur le gérant d’un karaoké, également proxénète et dealer. Le nombre exact de journalistes citoyens arrêtés pour avoir couvert l’affaire reste incertain. Selon Liu Xiaoyuan, ils seraient six. Le site de ce dernier mentionne la jeune blogueuse Fan Yanqiong, représentée par Lin Zhong, avocat résidant dans le Fujian ; Wu Huaying représentée Lin Hongnan, également basé dans le Fujian ; enfin le quadragénaire You Jingyou qui aurait demandé à Liu Xiaoyuan, basé à Pékin, de venir le défendre. Le blog de Liu Xiaoyuan mentionne enfin le nom de Guo Bofeng, jeune auteur du blog amoiist.com ; et le blogueur Qun Huanhui et son épouse. Liu Xiaoyan a déploré sur son blog, le 15 juillet, la décision de la police du district de Ma Wei, de refuser une visite des avocats à leurs clients. Les autorités ont invoqué l’article 96 de la deuxième section du code pénal, qui permet d’interdire une rencontre entre l’avocat et son client, dans les affaires touchant au secret d’Etat.
RSF:2072009