Le 3 octobre 2008, Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, Ilya Politkovskiy, fils de la journaliste Anna Politkovskaïa assassinée à Moscou le 7 octobre 2006, et Roza Malsagova,
rédactrice en chef du site d’informations ingushetiya.ru, ont donné une conférence de presse dans les locaux de Reporters sans frontières à Paris. Les développements dans l’enquête sur le meurtre de la journaliste, les récents événements dans le Caucase russe ont éclairé la situation de la liberté de la presse en Russie.
“L’arrivée au pouvoir de Dmitri Medvedev n’a apporté aucune amélioration à la situation de la liberté de la presse en Russie. La presse audiovisuelle est sous contrôle du Kremlin et les violences contre les journalistes n’ont pas diminué”, a déclaré Jean-François Julliard en ouverture de la conférence.
A quelques jours du second anniversaire de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa, le 7 octobre 2006, son fils Ilya a annoncé que, le 2 octobre 2008, l’affaire a été renvoyée devant un tribunal militaire, car l’un des accusés est un ancien membre du FSB (ex KGB). “Notre crainte est désormais que le procès ne se déroule à huis clos”, a déclaré Ilya Politkovskiy.
Le fils de la journaliste a par ailleurs précisé qu’on ne pouvait “pas considérer l’enquête close car, sur les bancs des accusés, ne se trouveront ni le tireur ni les commanditaires de l’assassinat de ma mère”. Il a demandé aux journalistes de “ne pas oublier [sa] mère” et craint qu’après le procès, on ne dise que l’affaire est close, et que les véritables coupables ne soient pas inquiétés. “Il est important que l’attention des médias ne fléchisse pas.” Il a ajouté que la famille avait porté plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’homme pour “violation du droit à la vie” (article 2 de la Convention).
Roza Malsagova, rédactrice en chef du portail d’informations ingushetiya.ru, est revenue quant à elle sur l’assassinat, le 31 août dernier, du propriétaire du site, Magomed Yevloev. Ce dernier avait été arrêté à la descente de l’avion qui le ramenait de France et avait été retrouvé mort quelques heures plus tard. L’enquête a conclu à une “mort par imprudence”. “Magomed était le propriétaire du seul site parlant des enlèvements et des meurtres de jeunes hommes perpétrés par les services spéciaux et la police ingouches. Je prends la responsabilité d’affirmer que la mort de Magomed est une vengeance de hauts responsables russes et ingouches”, a déclaré Roza Malsagova devant la presse.
RSF 03.10.2008