Magomed Yevloyev, l’un des créateurs du site ingouche d’informations http://ingushetiya.ru, a été tué, le 31 août 2008, alors qu’il se trouvait entre les mains d’agents du ministère de l’Intérieur.
Le journaliste avait été interpellé, à l’aéroport de Nazran, à la descente d’un avion qui transportait également le président de la République d’Ingouchie, Murat Zyazikov. Une heure plus tard, Magomed Yevloyev, blessé d’une balle à la tête, a été admis à l’hôpital où il est décédé pendant son opération.
"Nous sommes profondément scandalisées par la mort de Magomed Yevloyev, un journaliste qui a, à maintes reprises, démontré son courage et sa détermination à donner des informations indépendantes en Ingouchie malgré les pressions et les menaces qui pesaient sur lui et sa famille. Sa mort ne doit pas restée impunie. Il est indispensable que la communauté internationale, et notamment l’Union européenne, exige de savoir ce qui s’est réellement passé et qui est responsable de la mort du journaliste. Les explications des autorités ingouches ne tiennent pas debout", a déclaré Reporters sans frontières.
Le ministère ingouche de l’Intérieur a affirmé que Magomed Yevloyev avait été tué par "accident" alors qu’il résistait à son arrestation. Mais selon l’opposant Magomed Hazbiev, qui était venu attendre le journaliste à l’aéroport, les agents de l’Etat auraient délibérément tiré sur lui dans leur voiture.
Magomed Yevloyev était sérieusement menacé. En octobre 2007, il avait accusé sur son site Internet le président Murat Zyazikov d’avoir engagé des tueurs à gage pour l’éliminer. Sa famille avait également reçu des menaces de responsables politiques en Ingouchie. Et en août 2008, la rédactrice en chef du site, Rosa Malsagova, avait quitté la Russie, où elle se sentait en danger, pour demander l’asile politique en Europe
Le site Ingushetiya.ru est suspendu en Ingouchie depuis le 26 mai 2008 en raison de la publication d’articles jugés "extrémistes" par la justice russe. Unique portail d’informations en langue ingouche, Ingushetiya.ru a été victime de plusieurs campagnes de diffamation. En mars dernier, les autorités avaient même créé un site Internet dont l’adresse ressemble à celle du site de Magomed Yevloyev afin de contrecarrer les informations qu’il délivre.
RSF 31.08.2008