Le 26 août 2008, les domiciles de plusieurs journalistes de l’hebdomadaire indépendant Tchernovik ont été perquisitionnés dans le cadre d’une enquête criminelle entamée par la justice du Daghestan (république russe du Caucase Nord).
Nadira Isaeva, rédactrice en chef du journal, est poursuivie pour “incitation à la haine” et “atteinte à la dignité humaine” après avoir cité le leader des boïévikis (combattants indépendantistes) dans un article.
“Nous dénonçons les poursuites engagées contre Tchernovik, hebdomadaire indépendant du Daghestan. Les faits invoqués pour justifier ces poursuites ne sont que des prétextes pour empêcher des journalistes indépendants de s’exprimer librement”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 26 août, des fonctionnaires du parquet et de la police du Daghestan ont perquisitionné les domiciles de Khadjimourat Kamalov, fondateur de l’hebdomadaire Tchernovik, d’Artur Mammaev, journaliste politique, et de Nadira Isaeva, rédactrice en chef.
Le 31 juillet dernier, deux affaires criminelles ont été ouvertes contre le journal et sa rédactrice en chef pour “incitation publique, par voie de média, à l’extrémisme” et “incitation à la haine et atteinte à la dignité humaine”. Ces poursuites sont liées à la publication par le journal, le 4 juillet 2008, d’un article intitulé “Les terroristes numéro un” reprenant des déclarations de Rappan Khalilov, le chef des boïévikis. Le procureur du Daghestan, Igor Tkachev, a déclaré que “la publication dans le journal de déclarations du chef des boïévikis, Khalilov, donnent à cette société criminelle agissant sur le territoire du Daghestan, le statut d’une force politique organisée”.
Le fondateur du journal, Khadjimourat Kamalov, a déclaré à la presse : “Cette perquisition est une réponse préparée par le ministre de l’intérieur du Daghestan. J’ai rencontré le 25 août le président du Daghestan en présence du procureur de la République, du directeur de l’administration du FSB et du ministre de l’Intérieur. J’ai publiquement reproché à ce dernier d’être responsable de la corruption dans notre République.”
La rédactrice en chef de Tchernovik, Nadira Isaeva, a expliqué que les perquisitions des domiciles de ses collègues étaient illégales, puisqu’ils ne sont entendus dans cette affaire qu’en qualité de témoins.
RSF 27.08.2008