L'anneau du pêcheur
Le diocèse de Fréjus-Toulon sera en effet consacré à l’intercession de saint Joseph le 17 mars prochain et s’y préparera par une neuvaine que l’on peut trouver sur le site du diocèse : une démarche qui s’insère dans la tradition locale – le pèlerinage à Cotignac – et la perspective de l’année de la foi, qui commence le 11 octobre, pour le 50e anniversaire de l’ouverture de Vatican II.
Saint Joseph a joui d'une place particulière dans la préparation du concile puisqu’en 1962 Jean XXIII l’a choisi comme protecteur du concile œcuménique, par sa lettre apostolique du 19 mars 1961 intitulée en italien « Le voci ». Le bienheureux Jean XXIII y rappelle « les voix » et les documents de ses prédécesseurs, de Pie IX à Pie XII, sur saint Joseph. Il y annonce que l’autel de saint Joseph de la basilique Saint-Pierre devra revêtir désormais une splendeur et une solennité nouvelles.
Jean XXIII a accompli un autre geste pour l’ouverture du concile de façon à mieux sceller cette alliance « conciliaire » avec Joseph : en octobre 1962, le bienheureux pape a offert son anneau papal à saint Joseph, et il l’a remis au sanctuaire polonais de Kalisz, où l’on vénère un tableau de saint Joseph réputé « miraculeux ».
C’est aussi le bienheureux Jean XXIII qui a fait insérer la mention de saint Joseph dans le Canon de la messe, comme il l’a annoncé dans son discours de clôture de la première session du Concile, le 8 décembre 1962. Joseph l’avait accompagné depuis son enfance : ne s’appelait-il pas Angelo Giuseppe (Joseph) Roncalli ?
Le sanctuaire de Knock
Le geste de Jean XXIII inspiré celui de Jean-Paul II, qui le cite lorsqu’il fait passer son « anneau du pêcheur » à la main de saint Joseph, aimé dès son enfance : ne s’appelait-il pas, comme son père, Karol Jozef Wojtyla ? L’anneau a été placé par le cardinal Franciszek Macharski, archevêque de Cracovie, en l’église des Carmes, sanctuaire dédié à saint Joseph, le 19 mars 2004.
Il s'est rendu à un autre sanctuaire où est attestée une apparition – muette – de saint Joseph, en Irlande, à Knock, à quelque 220 km au nord ouest de Dublin, au début de son pontificat, le 30 septembre 1979. C'était l'année du centenaire de l'apparition du 21 août 1979. La Vierge Marie, saint Joseph, saint Jean l'Evangéliste et l'Agneau pascal, et des anges sont apparus à plus de 15 personnes – de 6 à 75 ans, hommes, femmes, et enfants – sur le pignon sud de l'église de Knock.
Le pape polonais a rappelé l’importance de saint Joseph pour la vie de l’Eglise dans son l’exhortation apostolique Redemptoris custos (15 août 1989), un siècle après l’encyclique du pape Léon XIII Quamquam pluries, sur la dévotion à saint Joseph (15 août 1889). Le bienheureux pape souligne aussi l’importance du geste du pape Pie IX, en 1870: « En ces temps difficiles pour l’Eglise, voulant la confier à la protection spéciale du saint patriarche Joseph, il le déclara Patron de l’Eglise catholique ».
Pour cela, Pie IX avait choisi également une date mariale : le 8 décembre. Mais déjà, dès le début de son pontificat, le 10 décembre 1847, il avait établi la fête et l’office du patronage de saint Joseph, qu’il fixa au troisième dimanche après Pâques, et, le 8 décembre 1870, il déclara saint Joseph « Patron de l’Eglise universelle ».
La foi et l'action de Joseph
Pour sa part, Benoît XVI – Joseph Ratzinger – vient de promulguer une Année de la foi, en concomitance avec le 50e anniversaire de Vatican II. Et, à plusieurs reprises, il a invité les catholiques à se mettre à l’école de saint Joseph, à avoir avec lui un « dialogue spirituel », en lien avec un renouveau de la foi. Avant l’angélus du 18 décembre 2005 il disait par exemple: « Il est plus que jamais opportun d’établir une sorte de dialogue spirituel avec saint Joseph, afin qu’il nous aide à vivre en plénitude ce grand mystère de la foi ».
Le 18 mars 2009, à Yaoundé, le pape a consacré son homélie à son saint patron. Il concluait, en s’adressant à toutes les composantes du peuple de Dieu, qu’en Joseph, il n’y a pas de « séparation entre la foi et l’action »: « Notre méditation sur le parcours humain et spirituel de saint Joseph, nous invite à prendre la mesure de toute la richesse de sa vocation et du modèle qu’il demeure pour tous ceux et toutes celles qui ont voulu vouer leur existence au Christ, dans le sacerdoce comme dans la vie consacrée ou dans divers engagements du laïcat. Joseph a en effet vécu dans le rayonnement du mystère de l’Incarnation. Non seulement dans une proximité physique, mais aussi dans l’attention du cœur. Joseph nous livre le secret d’une humanité qui vit en présence du mystère, ouverte à lui à travers les détails les plus concrets de l’existence. Chez lui, il n’y a pas de séparation entre la foi et l’action. Sa foi oriente de façon décisive ses actions. Paradoxalement, c’est en agissant, en prenant donc ses responsabilités, qu’il s’efface le mieux pour laisser à Dieu la liberté de réaliser son œuvre, sans y faire obstacle. Joseph est un « homme juste » (Mt 1, 19) parce que son existence est ajustée à la Parole de Dieu ».
L'Année sacerdotale
Le 19 décembre 2010, quatrième dimanche de l’Avent, le pape a médité sur l’Annonce à Joseph avant l’angélus, et il a confié les prêtres du monde entier à sa protection en faisant observer le rôle du « père légal » de Jésus dans le dessein de salut de Dieu: « Saint Joseph annonce les prodiges du Seigneur, témoignant de la virginité de Marie, de l'action gratuite de Dieu, et protégeant la vie terrestre du Messie. Nous vénérons donc le père légal de Jésus (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique,532), parce qu'en lui se profile l'homme nouveau, qui regarde avec confiance et courage vers l'avenir, ne suit pas son propre projet, mais se confie totalement à l'infinie miséricorde de Celui qui accomplit les prophéties et ouvre le temps du salut ».
« Chers amis, a annoncé le pape, je désire confier à saint Joseph, patron universel de l'Eglise, tous les pasteurs, les exhortant à offrir «aux fidèles chrétiens et au monde entier l'offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ» (Lettre d'indiction de l'Année sacerdotale) ».
Et d’évoquer en français, après l’angélus, à l’occasion de la préparation à Noël, « l’hospitalité » donnée par l’homme à Dieu lui-même: « Comme Joseph et Marie, son épouse, puissions-nous offrir l'hospitalité à Dieu qui vient chez nous sous la figure d'un enfant humble et fragile, plein d'amour et de tendresse pour tous les hommes ! »
Frère André et Cotignac
Le dimanche 17 octobre 2010, à Rome, il a canonisé le religieux canadien apôtre de saint Joseph, frère André Bessette, qui « fit construire l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal dont il demeura le gardien fidèle jusqu'à sa mort en 1937 ». Le pape soulignait justement sa foi : « Très peu instruit, il a pourtant compris où se situait l'essentiel de sa foi. Pour lui, croire signifie se soumettre librement et par amour à la volonté divine. Tout habité par le mystère de Jésus, il a vécu la béatitude des cœurs purs, celle de la rectitude personnelle. C'est grâce à cette simplicité qu'il a permis à beaucoup de voir Dieu. »
Le diocèse de Fréjus-Toulon a sur son territoire le sanctuaire de Cotignac, confié aux Frères de Saint-Jean, lieu d’une manifestation de saint Joseph à Gaspard Ricard, un berger provençal de 22 ans, le 7 juin 1660: lui indiquant un gros rocher, il dit simplement, pour le désaltérer : « Je suis Joseph, enlève-le et tu boiras. »
La France a été consacrée à saint Joseph l’année suivante, par Louis XIV, le 19 mars 1661, dix jours seulement après son accession au trône : le roi était venu en pèlerinage à Cotignac.
Anita Bourdin
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