Le projet, longtemps mûri, a été lancé hier par le père Marwan Tabet, secrétaire général régional des écoles catholiques, lors d’une conférence de presse tenue au Centre catholique d’information (CCI), en présence notamment de Mgr Camille Zeidan, président de la commission épiscopale catholique de l’Éducation, de M. Antonio Andari, président du conseil d’administration de la société Pronobis chargée de gérer la carte de fidélité, et de représentants du secrétariat national des écoles catholiques et de la Banque libano-française qui apporte au projet son savoir-faire logistique ainsi qu’une aide matérielle.
Le nombre d’élèves qui seront aidés par le fonds créé s’élèvera à plus de 16 000, ce qui représente environ 15 % de la population scolaire totale des écoles catholiques, estimée à 192 000 élèves.
Le concept est simple mais ingénieux. Il a été mis au point par l’ONG LEAF travaillant sous l’égide du secrétariat général des écoles catholiques au Liban. Il prévoit d’associer les titulaires de la carte « Solidarity » au plus grand nombre de points de vente affichant le logo de la carte. Sur simple présentation de la carte de fidélité, les caisses électroniques des points de vente déduiront un pourcentage du montant de la facture (0,5 à 1 %, selon les points de vente). Ces montants alimenteront le capital de la carte « Fidelity ».
Le succès de l’initiative dépend donc du réflexe de… fidélité des titulaires de la carte, dont la distribution a commencé. Celle-ci ira en priorité aux parents d’élèves scolarisés dans les écoles catholiques, mais aussi à toute personne de bonne volonté qui en fera la demande. La campagne prévoit, dans un premier temps, la distribution gratuite de 100 000 cartes, chiffre qui devrait ensuite doubler. Il suffira pour les détenteurs de carte de prendre l’habitude de la tendre, pour que, petit à petit, le grand réservoir de la solidarité se remplisse.
L’aide assurée par la carte fidélité servira, sélectivement, à aider cinq types d’élèves dans le besoin : les enfants dont le soutien de famille est décédé ; les enfants dont le soutien de famille est en prison ; les familles ayant plus de 3 enfants; les enfants à besoins spéciaux ; les familles vivant sous le seuil de la pauvreté.
Politique erratique
Intervenant au cours de la conférence, Mgr Camille Zeidan a brossé à grands traits l’arrière-plan socio-économique du projet. Il en a souligné l’urgence en mettant en valeur la dégradation simultanée du niveau de vie des familles libanaises et du potentiel des écoles catholiques, affecté par le manque de vocations religieuses, qui a exigé, au fil des années, le recrutement d’un nombre de plus en plus grand de professeurs et de cadres. Un recrutement qui s’est répercuté directement sur le coût de la scolarité.
Mgr Zeidan a également critiqué la politique erratique des salaires de l’État libanais et l’effet rétroactif injustifié accordé parfois aux rajustements et augmentations de salaires, alors même que l’État manque à ses obligations financières vis-à-vis des écoles gratuites. La politique gouvernementale a conduit certaines écoles à la fermeture ou au bord de la faillite, a-t-il affirmé.
Pour sa part, Antonios Andari, président du conseil d’administration de Pronobis, s’est plu à voir, dans la carte de fidélité, le visage contemporain de la « aouné » villageoise au cours de laquelle le village tout entier assiste l’un de ses membres à compléter une tâche particulière. « La carte de fidélité est une cause et non un acte de charité », a-t-il insisté, encourageant tous les commerçants à s’engager résolument dans cette action de solidarité et à exhorter leurs clients à les imiter.
L'orient le jour