Les « messes de midi » permettent aux catholiques de la cité-Etat de Singapour de « rester en contact avec Dieu », explique « Eglises d'Asie », l'agence des Missiosn étrangères de Paris (EDA).
A Singapour, pendant l'heure de leur pause-déjeuner, bon nombre d'employés se dépêchent de trouver une place dans l'un des restaurants du centre-ville ou encore de faire du shopping, mais certains d'entre eux s'asseyent au calme, sans prendre le temps de boire ou manger. Dans une salle de réunion du gigantesque centre commercial de Suntec City Mall, des rangées de chaises font face à une table recouverte d'une nappe blanche. Les haut-parleurs qui porteront la voix du prêtre sont installés sur de petites tables de chaque côté de l'autel de fortune. Un petit groupe de chanteurs, accompagnés d'un guitariste, se tient un peu à l'écart.
Les mardis, mercredis, vendredis et lors des fêtes d'obligation, les catholiques de la mégapole disposent de six lieux similaires pour assister à la messe pendant leur heure de déjeuner. The Catholic Prayer Society (CPS), un groupe de laïcs de l'archidiocèse de Singapour (1), organise ces célébrations dans des locaux proches du lieu de travail des très nombreux employés du quartier des affaires. Les messes ont également lieu au Grand Hyatt Hotel, au Singapore Conference Hall, à l'International Business Park, à l'Hôpital général de Singapour et au Théâtre Victoria.
A Suntec, environ 200 personnes assistent aux deux messes du mardi, celle de 12 h15 ou de 13 h15, selon les horaires dont elles disposent pour leur repas. « Je ne trouve pas du tout cette situation étrange, parce que je suis habituée à aller à la messe ailleurs que dans une église, explique Wendy Wee, trader, qui assiste aux « messes de midi » depuis plus de dix ans. Je vais à cette messe à l'heure du déjeuner parce que je ne peux pas être à temps aux messes de semaine de ma paroisse qui sont célébrées à 6 h du matin. A cette heure-là, je dois me dépêcher d'emmener mes enfants à l'école. Il ne m'est pas possible non plus d'aller à la messe du soir parce que je dois retourner préparer le dîner à la maison après le travail. » Elle ne peut que se permettre un rapide déjeuner après la messe avant de retourner au bureau. Pour Goh Wanjing, qui exerce la profession d'avocat, « la messe de midi », si elle diffère par le cadre d'une messe dans une église, « permet de rester en contact avec Dieu par l'Eucharistie ».
La messe à l'heure du déjeuner est organisée dans ce centre commercial depuis neuf ans par un groupe de bénévoles qui compte aujourd'hui à peu près 25 personnes, dont ceux qui distribuent la communion, les lecteurs et les membres de la chorale. « Bon nombre d'entre nous apporte leur aide depuis des années, précise Olivia Tay, l'une des personnes qui s'occupent de la préparation des messes. C'est difficile de trouver de nouveaux bénévoles au sein de la communauté parce que les gens ne veulent pas s'engager à aider régulièrement, même si nous leur demandons personnellement de donner un coup de main. »
Le P. David Garcia célèbre les « messes de midi » depuis cinq ans. « Je suis impressionné. J'ai travaillé dans des pays comme la Chine ou la Thaïlande, où il est impensable que les gens viennent ‘perdre' le temps de leur pause-déjeuner à la messe. Je suis agréablement surpris par l'intérêt et l'engagement de tous ceux qui assistent à la « messe de midi » chaque semaine. »
Les « messes de midi » peuvent également se tenir dans d'autres lieux, comme à la cathédrale du Bon Pasteur, au centre de la ville, où, depuis plus de 25 ans, une messe est dite à 13 h 15 en semaine (2). Environ 200 personnes en moyenne assistent à cet office, mais il arrive souvent que la cathédrale (1 000 places) soit pleine. Deux autres églises paroissiales proposent aussi des messes à l'heure du déjeuner ainsi que le Science Hub, un incubateur d'entreprises de haute technologie de la cité-Etat.
(1) La CPS a pour but de d'aider les personnes dans le monde du travail à vivre leur spiritualité. On compte 15 % de chrétiens à Singapour (4,6 millions d'habitants), soit 5 % de catholiques et 10 % de protestants.
(2)La « messe de midi » a commencé à la cathédrale en 1981 sous la forme d'un exercice de Carême, et a continué ensuite à la demande des fidèles.
ROME, Lundi 29 septembre 2008 (ZENIT.org)