Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent la détention de six journalistes depuis le début des manifestations et la répression qui a suivi. Les deux organisations redoutent de nouvelles arrestations de journalistes. Alors que l’envoyé spécial des Nations unies,
Ibrahim Gambari, n’a pas réussi à faire cesser la répression, il est important que la communauté internationale continue à demander la libération des centaines, voire des milliers, de personnes arrêtées depuis mi-août. Parmi eux six journalistes. Nous sommes éc¦urés par les méthodes de la police qui interpellent de nombreuses personnes, notamment de jeunes manifestants, sur la base de photos prises par des policiers présents en civils dans les cortèges", ont affirmé les deux organisations. Selon nos informations, les six journalistes et écrivains détenus sont Maung Yan Paing, écrivain résidant à North Okkalapa, Min Htin Ko Ko Gyi, écrivain et réalisateur audiovisuel, Ye Lwin, poète, écrivain et chanteur du groupe Mizzima Wave Band, Kyaw Zeya Tun, reporter de The Voice Journal, Win Ko Ko Lat, reporter du Weekly Eleven Journal, et Win Saing, photojournaliste détenu depuis le 28 août. Min Htin Ko Ko Gyi a été arrêté le 26 ou le 27 septembre 2007. Il a été blessé à la tête. Il serait détenu à l’hôpital d’Insein, près de Rangoon. Ye Lwin a quant à lui été passé à tabac pendant son arrestation dans la rue Pansodan. Il souffre d’épilepsie. Les deux organisation se félicitent de la libération de Min Zaw, 56 ans, correspondant birman du journal japonais Tokyo Shimbun. Min Zaw a été relâché le 3 octobre 2007, après six jours de détention. Nay Linn Aung, reporter de 7-Days Journal, a été libéré par les autorités. Un troisième qui pourrait être Kyaw Kyaw, un journaliste de la Seik Ku Cho Cho (Sweet Thoughts) Publishing House, aurait également été remis en liberté. Selon un journaliste de Rangoon, les journalistes craignent de se déplacer avec des appareils photo et des caméras vidéo. La radio DVB a affirmé que les autorités ont ordonné aux forces de sécurité d’identifier les manifestants et les journalistes qui ont diffusé vers l’étranger des photographies et des vidéos des mouvements de protestation et de la répression. Le ministère de l’Information, en coordination avec l’agence de presse officielle et les forces de sécurité, aurait été mobilisé pour identifier ces "journalistes citoyens". Internet est restauré, mais il est limité à la consultation des sites birmans et à l’envoi d’emails depuis et vers des adresses nationales en .mm. Par ailleurs, de nombreux magazines privés ne sont toujours pas réapparus dans les kiosques. Certains refusent de publier la propagande, d’autres attendent l’accord de la censure militaire. Selon plusieurs journalistes étrangers récemment revenus de Birmanie, il est de plus en plus difficile de recueillir des témoignages fiables de Birmans. "Ils ont peur et on ne sait plus qui est qui. Ceux qui ont participé aux manifestations ont été arrêtés ou se cachent", a affirmé un correspondant francophone basé en Asie. La presse officielle a publié des articles très critiques à l’encontre des médias étrangers accusés d’être des "menteurs essayant de détruire la Nation". En revanche, le quotidien The New Light of Myanmar n’a pas évoqué les récents raids nocturnes au cours desquels plusieurs dizaines de moines et civils ont été arrêtés. Par ailleurs, le gouvernement japonais s’apprêterait à suspendre son aide suite à l’assassinat du reporter Kenji Nagai, dont le corps a été rapatrié au Japon. Enfin, les deux organisations présentent leurs excuses pour avoir, dans des communiqués précédents, relayé des informations qui n’étaient en fait que des rumeurs. Ainsi, le Traders Hotel n’a pas été perquisitionné par les forces de sécurité et aucun journaliste allemand n’a été blessé à Rangoon.
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