Dans le discours qu’il a prononcé pour l’occasion, le patriarche a rendu hommage aux positions du chef de l’État et à son souci de préserver l’unité du Liban et des Libanais. Il a aussi salué l’attention qu’il prête aux souffrances et aux doléances des Libanais.
À son tour, le président Sleiman s’est félicité du projet de recensement du patrimoine historique de Qannoubine, avant de reprendre à son compte les idées que le patriarche Raï avait développées dans son homélie, au lendemain de l’attentat de Roueiss. Mgr Raï, a-t-il rappelé, s’était adressé aux hommes politiques pour leur demander d’« assumer leurs responsabilités et leur faire part du refus des Libanais que le Liban soit sacrifié sur l’autel d’intérêts personnels, sectaires ou extérieurs et que leur vie soit tributaire du sort des conflits politiques en cours ». M. Sleiman a critiqué le discours politique dans le pays, soulignant les contradictions qu’il met en relief et qui « nuisent à la réputation du Liban ». « J’ai appelé tout le monde à laisser les institutions constitutionnelles faire leur travail et à respecter leurs décisions », a-t-il ajouté, avant de réclamer une récupération de tous les territoires qui avaient été arrachés au Liban depuis 100 ans. « Il n’est pas difficile de maintenir ce cap, dans un même esprit et sur base d’une même Constitution », a ajouté le chef de l’État qui a ensuite répondu aux questions de la presse au sujet de la Syrie.
« Ne pas mêler le Liban »
Le président Sleiman a indiqué qu’à l’occasion de la 7e session des Jeux de la francophonie, qui se tiendra à Nice du 7 au 15 septembre, il doit avoir un entretien avec le président français, François Hollande, pour débattre avec lui de la situation dans la région et du dossier syrien. « Nous sommes toujours contre une intervention militaire occidentale en Syrie, mais cela ne veut pas dire que nous ne condamnons pas, le plus fermement possible, l’emploi d’armes chimiques contre des civils », a-t-il dit, en rappelant qu’il appartient à l’ONU de prendre les mesures qui s’imposent contre les responsables de l’attaque chimique en Syrie, une fois les résultats de l’enquête publiés. « Mais si une autre intervention se produit entre-temps, nous appelons toutes les parties, étrangères et locales, à ne pas mêler le Liban de cette affaire et à préserver entièrement sa neutralité. Je place tout le monde devant leurs responsabilités. Ni la terre, ni l’espace aérien, ni le peuple libanais ne doivent se retrouver au cœur d’un acte ou d’une réaction quelconques », a-t-il averti.
En réponse à une autre question, le chef de l’État s’est félicité de l’initiative du président de la Chambre, Nabih Berry, qui « s’inscrit dans le prolongement de l’action de la conférence nationale de dialogue ». Il a rappelé dans ce cadre les sujets principaux à l’ordre du jour de ces assises nationales, notamment la déclaration de Baabda « examinée exhaustivement et en détail par toutes les parties avant qu’elles ne l’approuvent dans sa formule actuelle », et la stratégie nationale de défense qui n’a toujours pas été examinée. Le président s’est dit favorable à l’examen, dans le cadre de la conférence nationale de dialogue, de tout sujet qui n’est pas à son ordre du jour, dont le dossier du gouvernement « si le Premier ministre désigné souhaite le proposer ».
Durant sa visite à Dimane, M. Sleiman a eu un tête-à-tête avec Mgr Raï avec qui il a effectué une tournée dans le jardin des Patriarches.