Né en 1924, le cardinal Korec est une figure de l’Eglise du silence. Entré dans la Compagnie de Jésus en 1939, il avait été ordonné prêtre clandestinement le 1er octobre 1951, tout en travaillant comme ouvrier dans un laboratoire chimique.
La présence des jésuites est interdite en Tchécoslovaquie : la répression frappe évêques – en prison ou résidence surveillée -, prêtres, consacrés.
Sous le prétexte d’un examen médical l’évêque de Roznava, Mgr Robert Pobozny, réussit à consacrer évêque le prêtre jésuite Pavel Hnilica, le 2 janvier 1951.
Du fait de son zèle apostolique, Mgr Hnilica attire l’attention de la police. Il est urgent qu’il ordonne un autre évêque : ce sera Jan Chryzostom Korec, qui a 27 ans. Il est ordonné évêque le 24 août 1951, clandestinement.
Le régime se méfie de lui, comme « ancien jésuite », et il devient gardien de nuit dans une usine chimique.
En même temps, il se dévoue pour ses séminaristes : il organise leurs études de théologie et les prépare au sacerdoce et à un travail pastoral clandestin. Il en ordonne plusieurs.
Lorsque son identité est découverte en 1959, il est arrêté, jugé et condamné, en avril 1960, à 12 ans de travaux forcés pour trahison et pour avoir ordonné des prêtres. Il contracte la tuberculose en prison où il continue cependant d’exercer son ministère.
A l’occasion du « printemps de Prague », en 1968, il est libéré et partiellement réhabilité. Mais il ne peut exercer son ministère. Et bientôt il doit être hospitalisé. Il se retrouve, au terme de son séjour, balayeur de rue.
En 1969, il se rend à Rome où il est reçu par Paul VI qui l’embrasse et lui donne sa croix pectorale. A son retour en Tchécoslovaquie, Mgr Korec, très surveillé, travaille comme magasinier.
En 1974, sa réhabilitation est annulée et il retourne en prison pendant 4 ans. Puis il est officiellement mis « à la retraite ».
Après la chute du régime communiste, Mgr Korec reçoit enfin la charge d’un diocèse, comme évêque de Nitra, le 6 février 1990. Fait cardinal l'année suivante, il exercera sa charge pastorale jusqu’à l’âge de 81 ans : Benoît XVI a accepté sa démission en juin 2005.