Le rabbin David Rosen, président de l'International Jewish Committee for Interreligious Consultations, a exprimé la solidarité de ce Comité avec les chrétiens victimes de violences en Irak, en Inde, et dans le sud-est asiatique. C'est la deuxième fois que le Comité était reçu par Benoît XVI.
C'est entre autres ce qu'a déclaré le rabbin dans son allocution au Vatican à l'occasion de l'audience pontificale de jeudi matin. Son allocution est publiée intégralement ce vendredi matin dans les colonnes de l'édition quotidienne de L'Osservatore Romano en langue italienne. L'original est en anglais.
« Avant de conclure a déclaré le rabbin Rosen, je désire exprimer la solidarité de la communauté juive représentée par l'IJCIC avec nos frères et sœurs chrétiens qui ont souffert et qui souffrent encore du fait de la violence et de la persécution dans différentes parties du monde, en particulier en Irak, en Inde, et dans le sud-est asiatique. Nous prions pour leur bien et afin que les fruits de notre relation inspire aux autres de dépasser les blessures du passé et de cohabiter dans un esprit de respect mutuel et de coopération ».
Par ailleurs, le rabbin Rosen a cité le discours de Jean-Paul II, en 1990 pour les 25 ans de Nostra Aetate et il a remercié le Saint-Siège pour son engagement contre toute forme d'antisémitisme.
Il a exprimé sa satisfaction pour les éclaircissements reçus à propos de la modification de la prière pour les juifs de la liturgie du Vendredi Saint, de la part du cardinal Kasper et dans une lettre du cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone aux rabbins d'Israël : cette prière eschatologique n'a aucune dimension de prosélytisme.
Il a exprimé sa satisfaction pour la place des Saintes Ecritures juives mais aussi du Peuple juif rappelé par les évêques lors du récent synode et pour le fait que le synode ait donné la parole à un rabbin pour la première fois : « un témoignage remarquable », a-t-il souligné.
Le rabbin a lui aussi mentionné les différentes rencontres du pape avec la communauté juive de France, des Etats-Unis et spécialement les paroles de Benoît XVI à Paris, lorsqu'il a mentionné « l'Alliance éternelle (le rabbin souligne l'adjectif), du Tout puissant avec le Peuple juif », que l'Eglise voit comme « ses frères bien-aimés dans la foi ». Le rabbin espère que cet « accent sur la validité éternelle de l'Alliance du Sinaï stimulera » la recherche indiquée par Jean-Paul II de réfléchir davantage et d'exprimer plus à fond » la signification de la relation de l'Eglise avec le Peuple juif.
Le rabbin a centré la première page de son intervention sur la prochaine et 20e rencontre du Comité de liaison international juif-catholique (ILC, « un fruit de Nostra Aetate », souligne-t-il), à Budapest, et les discussions évoqueront en particulier ces relations en Europe de l'Est.
Il a exprimé sa « profonde reconnaissance » pour tout ce que le Saint-Siège « a dit et fait récemment pour aider à combattre le péché » de l'antisémitisme et toutes formes de « préjugés ».
La rencontre de Budapest, un pays où la communauté juive a été exterminée, commencera, a-t-il indiqué, par une commémoration du 70e anniversaire de la « Nuit de Cristal » (plusieurs dizaines de milliers de juifs furent assassinés dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938) et ce sera, disait-il, l'occasion de réfléchir aux « tragiques » relations du passé. Mais il a en même temps rendu hommage aux chrétiens qui ont « sauvé de nombreux juifs » à cette « époque terrible ».
Il a rappelé la demande d'un accès des experts aux archives du Vatican pour la période du nazisme et du fascisme.
Dans une conférence de presse qui a suivi l'audience, au siège du centre « Russia œcumenica », à Rome, le rabbin Rosen a mentionné, a constaté Zenit sur place, la visite de sa délégation aux Archives du Vatican. Celle-ci a été reçue par Mgr Sergio Pagano, préfet des archives, qui a expliqué « en détail », disait le rabbin, les « défis techniques » pour tout cataloguer avant que les documents puissent être consultés par des chercheurs : il faudra 5 ou 6 ans. Et de toute façon, la décision finale de l'ouverture demeure « entre les mains du pape ». Le rabbin Rosen a dit avoir été « impressionné » par « les explications et la sincérité » de Mgr Pagano, tout en exprimant sa « déception » pour la longueur des délais.
Pour ce qui concerne la béatification de Pie XII, le rabbin Rosen a mentionné le fait qu'avant de rencontrer le pape, la délégation avait été reçue par le cardinal Walter Kasper, président de la Commission pour les Relations religieuses avec le judaïsme, et que celui-ci avait rappelé que ce que le Vatican « aime le moins, ce sont les ‘pressions' ». Le rabbin a conclu : « Toute pression pour ce qui concerne ces affaires internes au Vatican n'aide pas ».
Pour ce qui est des discussions sur la mise en œuvre de l'Accord fondamental entre Israël et le Saint-Siège, le rabbin a précisé qu'Israël n'est pas « opposé » aux termes de l'Accord, mais que les « interprétations » ont divergé entre le Saint-Siège et Israël. Il aurait fallu une politique « adéquate » capable de rapprocher les positions, estime le rabbin.
Il a cependant évoqué le poids de la « bureaucratie » pour les questions concernant les ministères de la Justice et des Finances et il estime qu'il suffirait « d'une minute », si le Premier ministre « disait aux ministères des Finances et de la Justice, ce qui doit être fait ».
Enfin, pour ce qui est du projet de voyage de Benoît XVI en Terre Sainte, le rabbin a souligné que ni les discussions sur Pie XII ni celles sur l'Accord fondamental ne constituent un obstacle. Il a évoqué la délicate situation des chrétiens de Palestine : il voit là des difficultés plus sensibles.
ROME, Vendredi 31 octobre 2008 (ZENIT.org)