Reporters sans frontières condamne le coup de force de l’armée et la fermeture des trois principales radios du pays. L’organisation appelle le pouvoir civil à se mobiliser pour que ces médias puissent émettre à nouveau normalement.
"Les troupes du gouvernement de transition ont tenté un coup de force contre des médias qui donnent la parole à l’opposition. Cette opération menace dangereusement l’existence des radios visées, qui opèrent déjà dans des conditions difficiles. Le pouvoir civil doit prendre position et prouver que son attachement à la liberté de la presse va au-delà des mots, en exigeant que ces trois radios soient de retour sur les ondes dès que possible", a déclaré Reporters sans frontières.
"Le moment est crucial pour le gouvernement de transition, élu pour ramener l’ordre et la loi, non pour que se perpétuent les dérives observées sous le pouvoir militaire. Nous attendons un signe fort de sa part", a précisé l’organisation.
Selon l’organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie, l’Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ), le 2 mars 2008, les troupes du gouvernement fédéral de transition ont fait irruption dans les locaux des radios Simba, Shabelle et Horn Afrik, alors qu’elles menaient une opération de sécurité dans la capitale, théâtre de violents affrontements entre les insurgés islamistes et les troupes gouvernementales appuyées par l’Ethiopie. Le directeur de Radio Shabelle, Muktar Mohamed Hirabe a été interpellé – il aurait été libéré mais n’a pas encore pu reprendre contact avec ses collègues – alors qu’un journaliste de Radio Simba, Abdiaziz Hussein Hassan, a été battu par les soldats lors du raid. Du matériel a été saisi et les trois radios sont désormais fermées.
En novembre 2007, trois stations, dont Radio Shabelle et Radio Simba, avaient été fermées pendant 24 heures par les autorités.
La Somalie n’a plus connu de gouvernement stable depuis 1991 et le renversement du Président Muhammad Siad Barre. Le pays est le plus meurtrier d’Afrique pour les journalistes.
Reporters sans frontieres- 2/3/2008