Reporters sans frontières exprime son inquiétude après l’enlèvement par un groupe armé, le 23 août 2008 près de Mogadiscio, de la journaliste canadienne Amanda Lindhout, collaboratrice de la chaîne France 24, du photographe indépendant australien Nigel Brennan, du photographe somalien Abdifatah Mohammed Elmi et de leur chauffeur, prénommé Mahad, alors que rien ne permet encore d’établir les motivations des ravisseurs.
“Nous formons évidemment le voeu que les trois collègues et leur chauffeur seront rapidement libérés sains et saufs. La situation en Somalie, où les milices obéissent à des motivations souvent très diverses et où les rapts de journalistes ou de personnels humanitaires sont fréquents, incite à la plus grande prudence. Nous espérons que l’effort diplomatique le plus large, notamment la mobilisation des chefs de clan de Mogadiscio, aboutira à un dénouement heureux dans les plus brefs délais”, a déclaré Reporters sans frontières.
Amanda Lindhout, basée à Bagdad, et Nigel Brennan étaient arrivés en Somalie le 20 août. Accompagnés de leur collègue somalien Abdifatah Mohammed Elmi, qui leur sert d’interprète, et de leur chauffeur, les journalistes ont quitté leur hôtel de Mogadiscio dans la matinée du 23 août pour se rendre au camp de réfugiés d’Afgoye, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de la capitale somalienne. D’après les informations de l’Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ), l’organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie, l’équipe de reportage est tombée dans une embuscade à son retour à Mogadiscio, au kilomètre 13. Le personnel de l’hôtel a donné l’alerte, ne voyant pas revenir les journalistes comme prévu.
On ignore si cet enlèvement obéit à des motivations d’ordre politique ou crapuleux, alors qu’aucune rançon n’a été réclamée et aucune revendication exprimée. Toujours selon la NUSOJ, les quatre personnes enlevées au cours d’un rapt qui aurait été prémédité pourraient être détenues dans le quartier de Suqa Holaha, au nord-est de Mogadiscio par une milice non
encore identifiée.
Par ailleurs, cet enlèvement a suivi de quelques heures la détention par la police du gouvernement fédéral de transition d’Ahmed Jeylani, de la station Radio Voice of Holy Kuran, dans la nuit du 22 au 23 août, toujours à Mogadiscio. Le journaliste a été retenu au poste de police sans la moindre charge et les autorités ont refusé de donner la moindre explication après l’avoir relâché.
RSF 25.08.2008