Vendredi 9 juillet 2010, des centaines de catholiques et de nombreux hindous tamouls se sont rassemblés à Navali, près de Jaffna, dans le nord du pays, une région qui porte encore les stigmates de la guerre civile , afin de commémorer le 15ème anniversaire
du raid aérien meurtrier resté dans les mémoires sous le nom de Black Sunday, annonce « Eglises d'Asie » (EDA), l'agence d'information des Missions étrangères de Paris.
Quelque 200 catholiques ont assisté à la messe de requiem et allumé des cierges en souvenir des victimes des bombardements de la Sri Lankan Air Force qui, le 9 juillet 1995, avaient visé l'église catholique Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Navali et son école attenante, faisant 147 morts et 356 blessés, dont un grand nombre de femmes et d'enfants.
Depuis, « beaucoup de villageois ont abandonné leurs cultures pour fuir la péninsule de Jaffna », constate le P. Johnpillai Bastian Jothinathan, curé de l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Selon lui, le nombre de paroissiens a diminué de près des deux tiers. « Le traumatisme est toujours là. Les gens se demandent pourquoi Dieu les a frappés alors qu'ils s'étaient réfugiés auprès de lui pour qu'Il les protège. »
Le 9 juillet 1995, l'attaque avait commencé à 5 heures du matin. Peu auparavant, les autorités sri-lankaises avaient envoyé des tracts dans la zone de Navali, où ils demandaient aux civils de se rassembler dans les lieux de culte, afin d'être à l'abri des tirs, en cas d'attaque de l'armée contre les hommes du LTTE (Tigres de libération de l'Eelam tamoul). Les forces aériennes de l'armée sri-lankaise s'étaient mises alors à bombarder sans distinction les bureaux administratifs, les quartiers d'habitations de Navali et les villages des environs.
Alors que les bombardements s'intensifiaient, les habitants avaient fui leurs maisons comme ils pouvaient, à pied ou en bicyclette, aucun véhicule motorisé n'étant utilisable en raison de l'embargo économique qui sévissait alors dans le Nord du Sri Lanka (ce qui empêchera également l'évacuation des blessés vers les hôpitaux). Les témoins racontent que des milliers de personnes s'étaient mises à affluer des environs de Navali, afin de se réfugier dans l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul où ils pensaient être en sécurité.
Vers 18 h, les avions de l'armée sri-lankaise larguaient plusieurs bombes sur l'église, ainsi que sur l'école qui en dépendait – et selon certaines sources – sur un temple hindou tout proche, tuant 147 personnes dont un grand nombre d'enfants et blessant près de 400 personnes. Les survivants piégés dans les décombres furent nombreux à être blessés dans l'effondrement des bâtiments.
A l'époque, la Croix-Rouge, présente sur les lieux, avait officiellement protesté contre ce qu'elle avait qualifié de « massacre de civils » volontaire. « Viser délibérément des civils est une violation flagrante du droit humanitaire », avait déclaré lors d'une conférence de presse le coordinateur du CICR pour le Sri Lanka, Dominique Henry, qui avait rappelé également le nombre élevé de bébés retrouvés morts dans les décombres de l'église. De son côté, l'évêque de Jaffna, Mgr Savundaranayagam, avait réagi dès le lendemain du drame, le 10 juillet, et avait appelé officiellement le président Chandrika Kumaratunga à cesser les attaques systématiques des lieux de culte et des écoles.
Après avoir démenti pendant de longs mois avoir bombardé l'église, l'armée sri-lankaise avait ensuite affirmé que les Tigres tamouls avaient eux-mêmes fait sauter le bâtiment, n'hésitant pas à sacrifier les civils à leur propagande contre le gouvernement.
Pour les Tamouls du Sri-Lanka, le Black Sunday représente l'un des plus graves crimes de guerre de l'armée du gouvernement, crimes dont ils demandent aujourd'hui la reconnaissance par la communauté internationale.
Pour l'obtenir, ils étaient des milliers le 23 juillet dernier à manifester à Londres, en souvenir du Black July Pogrom, autre anniversaire sombre de l'histoire de la guerre civile au Sri Lanka, considéré comme ayant été l'élément déclencheur du conflit armé. En représailles à une embuscade du LTTE qui avait coûté la vie à treize soldats sri-lankais, le 23 juillet 1983, des groupes de civils cinghalais avaient attaqué à Colombo la communauté tamoule, se livrant à des violences qui avaient duré plusieurs jours et s'étaient étendues aux principales villes de l'île. Le bilan des émeutes qui, selon les Tamouls, avaient été attisées par les autorités, fut de 3 000 morts. Des milliers de maisons et de commerces avaient été détruits et plus de 100 000 Tamouls poussés à l'exode, en Inde ou en Occident.
Alors que la communauté catholique au Sri Lanka ainsi que des ONG locales et internationales ont commémoré, le 23 juillet dernier, le 27ème anniversaire de ces pogroms, le P. Sarath Iddamalgoda, très engagé dans les mouvements en faveur des droits de l'homme, regrette que le pays soit encore si profondément divisé. « Le Black July a été l'une des plus graves fautes commises par les fanatiques cinghalais, explique-t-il à l'agence AsiaNews. Et encore maintenant, alors que la guerre est finie, les responsables cinghalais ne semblent toujours pas vouloir partager le pouvoir [avec les Tamouls]. Ce qu'ils veulent, c'est le contrôle des territoires tamouls. Mais la véritable réconciliation ne pourra commencer que lorsque sera trouvée une solution politique au partage du pouvoir ».
zenit
Quelque 200 catholiques ont assisté à la messe de requiem et allumé des cierges en souvenir des victimes des bombardements de la Sri Lankan Air Force qui, le 9 juillet 1995, avaient visé l'église catholique Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Navali et son école attenante, faisant 147 morts et 356 blessés, dont un grand nombre de femmes et d'enfants.
Depuis, « beaucoup de villageois ont abandonné leurs cultures pour fuir la péninsule de Jaffna », constate le P. Johnpillai Bastian Jothinathan, curé de l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Selon lui, le nombre de paroissiens a diminué de près des deux tiers. « Le traumatisme est toujours là. Les gens se demandent pourquoi Dieu les a frappés alors qu'ils s'étaient réfugiés auprès de lui pour qu'Il les protège. »
Le 9 juillet 1995, l'attaque avait commencé à 5 heures du matin. Peu auparavant, les autorités sri-lankaises avaient envoyé des tracts dans la zone de Navali, où ils demandaient aux civils de se rassembler dans les lieux de culte, afin d'être à l'abri des tirs, en cas d'attaque de l'armée contre les hommes du LTTE (Tigres de libération de l'Eelam tamoul). Les forces aériennes de l'armée sri-lankaise s'étaient mises alors à bombarder sans distinction les bureaux administratifs, les quartiers d'habitations de Navali et les villages des environs.
Alors que les bombardements s'intensifiaient, les habitants avaient fui leurs maisons comme ils pouvaient, à pied ou en bicyclette, aucun véhicule motorisé n'étant utilisable en raison de l'embargo économique qui sévissait alors dans le Nord du Sri Lanka (ce qui empêchera également l'évacuation des blessés vers les hôpitaux). Les témoins racontent que des milliers de personnes s'étaient mises à affluer des environs de Navali, afin de se réfugier dans l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul où ils pensaient être en sécurité.
Vers 18 h, les avions de l'armée sri-lankaise larguaient plusieurs bombes sur l'église, ainsi que sur l'école qui en dépendait – et selon certaines sources – sur un temple hindou tout proche, tuant 147 personnes dont un grand nombre d'enfants et blessant près de 400 personnes. Les survivants piégés dans les décombres furent nombreux à être blessés dans l'effondrement des bâtiments.
A l'époque, la Croix-Rouge, présente sur les lieux, avait officiellement protesté contre ce qu'elle avait qualifié de « massacre de civils » volontaire. « Viser délibérément des civils est une violation flagrante du droit humanitaire », avait déclaré lors d'une conférence de presse le coordinateur du CICR pour le Sri Lanka, Dominique Henry, qui avait rappelé également le nombre élevé de bébés retrouvés morts dans les décombres de l'église. De son côté, l'évêque de Jaffna, Mgr Savundaranayagam, avait réagi dès le lendemain du drame, le 10 juillet, et avait appelé officiellement le président Chandrika Kumaratunga à cesser les attaques systématiques des lieux de culte et des écoles.
Après avoir démenti pendant de longs mois avoir bombardé l'église, l'armée sri-lankaise avait ensuite affirmé que les Tigres tamouls avaient eux-mêmes fait sauter le bâtiment, n'hésitant pas à sacrifier les civils à leur propagande contre le gouvernement.
Pour les Tamouls du Sri-Lanka, le Black Sunday représente l'un des plus graves crimes de guerre de l'armée du gouvernement, crimes dont ils demandent aujourd'hui la reconnaissance par la communauté internationale.
Pour l'obtenir, ils étaient des milliers le 23 juillet dernier à manifester à Londres, en souvenir du Black July Pogrom, autre anniversaire sombre de l'histoire de la guerre civile au Sri Lanka, considéré comme ayant été l'élément déclencheur du conflit armé. En représailles à une embuscade du LTTE qui avait coûté la vie à treize soldats sri-lankais, le 23 juillet 1983, des groupes de civils cinghalais avaient attaqué à Colombo la communauté tamoule, se livrant à des violences qui avaient duré plusieurs jours et s'étaient étendues aux principales villes de l'île. Le bilan des émeutes qui, selon les Tamouls, avaient été attisées par les autorités, fut de 3 000 morts. Des milliers de maisons et de commerces avaient été détruits et plus de 100 000 Tamouls poussés à l'exode, en Inde ou en Occident.
Alors que la communauté catholique au Sri Lanka ainsi que des ONG locales et internationales ont commémoré, le 23 juillet dernier, le 27ème anniversaire de ces pogroms, le P. Sarath Iddamalgoda, très engagé dans les mouvements en faveur des droits de l'homme, regrette que le pays soit encore si profondément divisé. « Le Black July a été l'une des plus graves fautes commises par les fanatiques cinghalais, explique-t-il à l'agence AsiaNews. Et encore maintenant, alors que la guerre est finie, les responsables cinghalais ne semblent toujours pas vouloir partager le pouvoir [avec les Tamouls]. Ce qu'ils veulent, c'est le contrôle des territoires tamouls. Mais la véritable réconciliation ne pourra commencer que lorsque sera trouvée une solution politique au partage du pouvoir ».
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